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Actualités - CHRONOLOGIE

L'état s'efforce de contenir la grogne sociale et politique - Allègement des taxes douanières sur les voitures - Achat de la production de pommes de Jezzine - Equilibrage des aides accordées aux déplacés

— AllÈgement des TAXES DOUANIÈRES SUR LES VOITURES — ACHAT DE LA PRODUCTION DE POMMES DE JEZZINE — «ÉQUILIBRAGE» DES AIDES ACCORDÉES AUX DÉPLACÉS
Les préoccupations socio-économiques ont été, une nouvelle fois, au centre du Conseil des ministres ordinaire qui s’est tenu hier soir au palais gouvernemental sous la présidence du premier ministre Rafic Hariri. L’Exécutif nage sur ce plan entre deux eaux: il adopte certaines mesures susceptibles d’apaiser quelque peu la grogne sociale; mais dans le même temps, il tente d’accroître les recettes du Trésor afin de réduire le grave déficit budgétaire et de financer le retour des déplacés ainsi que l’exécution de certains projets de développement dans les régions dites défavorisées.
Lors de sa séance d’hier, le Cabinet a ainsi donné son aval à la décision de la Régie d’augmenter de dix pour cent le prix des cigarettes et du tabac étrangers. Cette mesure devrait assurer des recettes accrues à l’Etat, mais elle a été jugée insuffisante par plusieurs ministres qui ont prôné une augmentation plus substantielle sur ce plan.
Autre décision qui aura des conséquences directes et immédiates sur le consommateur: l’allégement des taxes douanières sur les voitures moyennes et petites. Le gouvernement a ainsi modifié la très forte tarification douanière qui avait été approuvée le 10 juin dernier par le Conseil des ministres. Conformément à la résolution adoptée hier, les taxes sur les voitures seront désormais perçues comme suit: 20% pour les véhicules dont le prix ne dépasse pas 20 millions de LL; 50% sur la tranche comprise entre 20 et 60 millions de LL; et 100% pour la tranche comprise entre 60 et 100 millions de LL.
Le 10 juin dernier, le gouvernement avait fixé comme suit cette tarification douanière: 20 % pour les voitures dont la valeur ne dépasse pas les 15 millions de LL (ce plafond a été porté hier à 20 millions de LL); 50 % pour la tranche allant de 15 millions à 50 millions de LL (ce dernier plafond a été porté à 60 millions de LL); 100 % pour la tranche allant de 50 à 100 millions de LL; et 200 % sur la tranche dépassant les 100 millions de LL (cette dernière tranche a été annulée).
Le Conseil des ministres a ainsi modifié les tranches imposables en augmentant les plafonds des tranches faiblement imposées, de sorte que les taxes sur les voitures moyennes et petites ont été allégées. Cette mesure devrait satisfaire dans une certaine mesure les agents importateurs de voitures neuves qui avaient mené une vaste campagne afin d’amener le gouvernement à revenir sur les lourdes taxes décidées le 10 juin.
Autre décision importante adoptée hier: l’achat par le gouvernement de la production de pommes de la région de Jezzine. Dans la pratique, ce sont près de 70.000 caisses de pommes qui seront achetées par l’Etat (à raison de 13.000 livres libanaises la caisse). Cette production sera utilisée pour les besoins de la consommation de l’armée libanaise. C’est à la suite de démarches pressantes effectuées par le ministre de l’Industrie (et député de Jezzine), M. Nadim Salem, que le gouvernement a pris cette décision dont le but évident est de soutenir la population de Jezzine et de lui permettre de faire face aux conditions de vie difficiles auxquelles elle est confrontée du fait de la conjoncture présente au Liban-Sud. L’achat par le gouvernement de la production de pommes de Jezzine avait été réclamée hier matin par le «Rassemblement de Mar Roukoz» (dont M. Salem fait partie et qui regroupe les principaux notables et leaders de Jezzine).
Michel TOUMA
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L’argent des
déplacés

Le Conseil des ministres a pris connaissance, en outre, d’un rapport de la Caisse des déplacés sur l’utilisation des montants versés par cet organisme depuis sa création (en 1992) et jusqu’au 2 septembre dernier. Des milieux de l’opposition chrétienne ont fait état à ce sujet d’une partialité flagrante dans le versement des indemnités aux déplacés, les chrétiens n’obtenant qu’une part congrue du montant global des indemnités effectivement déboursées.
Le rapport de la Caisse des déplacés soumis hier au Conseil des ministres a ainsi été commandité par le premier ministre et a été élaboré afin de démentir ces indications et prouver la «répartition équitable» des sommes versées aux déplacés. Le hasard, sur ce plan, fait bien les choses: il ressort de ce rapport que 50% exactement (presque à la piastre près!) des sommes déboursées par la Caisse des déplacés ont été payées aux chrétiens. Cette proportion est de 26% pour les chiites, 16% pour les druzes et 8% pour les sunnites. Il est, certes, difficile de vérifier la véracité de tels chiffres... Et à supposer qu’ils soient exacts, ils ne reflètent pas la répartition réelle des indemnités, proportionnellement aux nombres des déplacés entre les différentes communautés.
Le rapport susmentionné précise que le montant global assumé par la Caisse des déplacés s’est élevé (jusqu’au 2 septembre) à 689 milliards de livres libanaises (soit près de 500 millions de dollars), cette somme couvrant les indemnités payées pour déloger les déplacés ainsi que les aides octroyées pour la reconstruction des habitations détruites durant la guerre. Les montants déboursés se répartissent comme suit: pour l’évacuation des propriétés occupées par les déplacés, 109 milliards de LL aux chrétiens, 181 milliards de LL aux chiites, 111 milliards de LL aux druzes et 9 milliards de LL aux sunnites (soit un total de 410 milliards de LL); pour l’aide à la reconstruction, 232 milliards de LL aux chrétiens et 46 milliards de LL aux sunnites, les chiites et les druzes n’ayant obtenu aucune aide pour la reconstruction...
Les proportions susmentionnées, souligne le rapport de la Caisse des déplacés, ne tiennent pas compte des 319 milliards de LL versés aux squatters chiites du centre-ville (ce montant a été assumé par «Solidere», par le biais de la Caisse des déplacés). Si l’on comptabilise ainsi ces 319 milliards de livres libanaises, la proportion de «50%» octroyée aux déplacés chrétiens se réduit à près de 33% (si l’on s’en tient aux chiffres fournis par la Caisse des déplacés).

Le projet Murr

En tout état de cause, le gouvernement se propose de déverser à nouveau 250 millions de dollars pour accélérer le retour des déplacés. On sait que M. Hariri désire imposer une série de nouvelles taxes (notamment sur le prix de l’essence) afin de financer le retour des déplacés ainsi que l’exécution de divers projets de développement dans les régions déshéritées. Le chef du gouvernement a soumis à cette fin au Conseil des ministres un plan d’un milliard de dollars.
Lors de la séance d’hier, le vice-premier ministre Michel Murr a proposé un projet en sept points visant à couvrir le financement de ce plan sans faire assumer de trop lourdes charges aux classes moyennes et défavorisées. M. Murr préconise, entre autres, de surtaxer les plaques d’immatriculation à trois ou quatre chiffres. Il a suggéré, en outre, de vendre les biens-fonds maritimes de l’Etat dont la superficie, entre Tyr et Tripoli, s’élève à 2 millions de mètres carrés. Selon les calculs de M. Murr, le mètre carré de ces biens-fonds maritimes pourrait se vendre, en moyenne, à 200 dollars, ce qui rapporterait à l’Etat près de 400 millions de dollars. Le projet de M. Murr devrait être examiné en Conseil des ministres dès le retour du président Elias Hraoui du Brésil.

Les informations
officielles

La réunion du cabinet, hier, s’est tenue, note-t-on, en l’absence des ministres Farès Boueiz, Bahige Tabbarah, Hagop Demerdjian, Mohsen Dalloul, Chawki Fakhoury, Jean Obeid, Akram Chehayeb, Walid Joumblatt, Elias Hanna et Talal Arslane. A l’issue de la réunion, le ministre de l’Information Bassem el-Sabeh a donné lecture des informations officielles suivantes:
«Le Conseil des ministres a commencé par étudier un certain nombre de points non inscrits à son ordre du jour.
Il a décidé le rachat des pommes produites cette saison à Jezzine pour les besoins de l’armée.
Il a nommé M. Mounir Tarabay président du conseil d’administration de l’hôpital de Tannourine avec comme membres de ce conseil MM. Walid Harb et Camille Saba.
Le Conseil des ministres a débattu du problème des constructions irrégulières dans les régions de Baalbeck et du Hermel et a confirmé les délais et modalités de régularisation déjà retenus et communiqués par le ministère de l’Intérieur.
Passant à son ordre du jour, le Conseil des ministres a remis à une séance ultérieure le débat sur le plan directeur et les plans annexes conçus pour l’aménagement des régions de Tripoli et de Mina afin de permettre aux ministres de préparer les remarques qu’ils jugeront utiles.
Le Conseil a approuvé le plan directeur et les plans annexes établis pour la zone industrielle à Bablié.
Le problème des déplacés a été abordé à la lumière des déclarations faites par les différentes parties ces derniers temps. Prenant la parole, le président du Conseil a souligné qu’à la lumière de la campagne menée autour de prétendues quotas et de mauvaises répartitions des indemnités qui auraient profité à une partie au détriment de l’autre, il a trouvé nécessaire de mettre fin à cette situation et a demandé à la Caisse des déplacés un relevé détaillé de toutes les sommes distribuées dans toutes les mohafazats jusqu’à ce jour afin de le soumettre au Conseil des ministres. Le premier ministre regrette que le relevé qui lui a été remis s’accompagne de listes par confessions bien que le rôle de cette Caisse ainsi que celui du ministère soit national, comme le prouvent les chiffres figurant dans le relevé établi par la Caisse des déplacés.
Après quoi, le Conseil des ministres a approuvé les modifications des taxes sur les voitures qui deviennent comme suit:
— 20% pour les voitures dont le prix va jusqu’à 20 millions de L.L.
— 50% pour la tranche allant de 20 à 60 millions de L.L.
— 100% pour la tranche dépassant les 60 millions de L.L.
Le Conseil des ministres a pris acte de l’augmentation de 10% du prix du tabac et des cigarettes importés».
En réponse aux questions des journalistes, M. Sabeh a rappelé que le Conseil des ministres avait accordé (le 11 août dernier) un délai de deux mois aux propriétaires des constructions illicites dans la Békaa afin qu’ils régularisent leur situation. Certains membres du gouvernement, dont notamment le ministre des Travaux publics Ali Harajli, avaient suggéré que ces constructions illicites soient «légalisées» par l’Etat, moyennant une somme symbolique. Le Conseil des ministres a toutefois décidé hier de surseoir à l’examen de cette question jusqu’à l’expiration du délai de deux mois.

M.T.
— AllÈgement des TAXES DOUANIÈRES SUR LES VOITURES — ACHAT DE LA PRODUCTION DE POMMES DE JEZZINE — «ÉQUILIBRAGE» DES AIDES ACCORDÉES AUX DÉPLACÉSLes préoccupations socio-économiques ont été, une nouvelle fois, au centre du Conseil des ministres ordinaire qui s’est tenu hier soir au palais gouvernemental sous la présidence du premier ministre Rafic Hariri....