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Actualités - ANALYSE

Gouvernement : du remaniement dans l'air à moyen terme

Le gouvernement actuel pourra-t-il tenir jusqu’à la fin du mandat du président Hraoui, comme l’affirme le président Hariri... Difficile à dire, mais aussi difficile tout court, car on reparle de plus en plus d’un changement ministériel ou à tout le moins d’un remaniement consistant d’ici la rentrée d’octobre. Et d’ailleurs à en croire le président Nabih Berry, qui dit s’y être opposé, c’est le chef du gouvernement lui-même qui serait le plus désireux de modifier son équipe!
Des sources informées croient ainsi savoir qu’après la déconvenue de l’essence la semaine dernière, M. Hariri, qui a été tout de suite se plaindre à Damas, y aurait insisté pour «disposer» des collègues qui l’encombrent. Comme cette sollicitation venait après la démarche du président Hraoui, auquel on avait cependant conseillé d’oublier le dossier pour le moment, les décideurs auraient fini par céder, donnant leur feu vert à M. Hariri à la condition expresse, cependant, que le remaniement soit le résultat d’un consensus entre les trois présidents et ne provoque pas un nouveau conflit entre eux. D’autant qu’autour de la question ministérielle, si fortement politisée, tout différend risque de tourner à la crise de pouvoir ce qu’évidemment les délicates circonstances régionales ne permettent pas.
Toujours selon les mêmes sources, les décideurs «ont finement réagi en conseillant à M. Hariri de ne rien faire sans l’accord de ses deux autres partenaires de la troïka car c’est le meilleur moyen de faire traîner les choses en longueur, donc de reporter d’éventuelles secousses politiques sur la scène intérieure. En effet, les trois présidents n’ont pas du tout les mêmes vues concernant le changement de personnel ministériel, les substitutions ou les permutations de portefeuilles. Comme toujours chacun d’eux veut à une telle occasion tirer toute la couverture à lui ou du moins élargir sa part du gâteau et ils ne sont pas près de s’entendre...» Pourtant «ils pourraient y être tactiquement condamnés, poursuit la personnalité citée, car à la rentrée d’octobre la seule fuite en avant, face à l’éruption sociale qui s’annonce, serait de remplacer le gouvernement actuel. Le prochain Cabinet bénéficierait ainsi automatiquement d’un répit, pour qu’il ait le temps de se mettre en place et d’étudier les dossiers, et les remous de la rentrée s’apaiseraient d’eux-mêmes une fois l’escarcelle des gens complètement vidée par les frais des scolarités et autres lourdes dépenses grevées par la cherté galopante qu’attisent le mauvais état des finances publiques, le déficit budgétaire et les ponctions fiscales iniques qui frappent les classes les moins favorisées, à travers les surcharges des impôts comme des taxes indirectes».

Traitement

«De plus, sur le fond même, ajoute cette personnalité, il est certain que la situation a atteint une gravité telle qu’il faut de toute urgence des gouvernants capables vraiment de la traiter, ce qui n’est évidemment pas le cas pour les membres de l’actuel Cabinet qui sont eux-mêmes, directement ou indirectement, largement responsables de cette même crise».
Pour cette source «il faut donc un gouvernement non pas de technocrates, terme usé, mais de «professionnels», des économistes, des financiers habitués aux chiffres et qui savent ce qu’un bilan, un budget veulent dire. On doit mettre de côté pour le moment les politiciens qui se préoccupent plus de calculs électoraux que d’austérité budgétaire et bien entendu, on doit avant tout écarter ceux qui ont les dents et les griffes trop longues...»
Mais ces arguments peuvent se retourner contre leurs auteurs: recourir à des économistes et à des financiers, c’est par définition s’adresser à des hommes d’affaires et on risque ainsi d’introduire le loup dans la bergerie. Si par malheur il y avait en effet parmi les nouveaux responsables des pourris, l’hémorragie des finances publiques serait encore pire qu’avant.
D’autre part, une telle équipe, débarrassée des préoccupations électorales ou politiciennes, n’hésiterait pas par exemple à adopter des mesures comme les 5.000 L.L. de plus sur les 20 litres d’essence... et de mettre ainsi le feu aux poudres et au pays. Car la réaction au niveau de la rue serait sans aucun doute inévitable, imparable, comme en mai 1992. Et c’est bien parce que les ministres actuels sont des politiciens, qu’ils ont pris la mesure de ce danger et fait obstacle à une décision fiscalement rentable et socialement catastrophique.
En tout cas s’il y a remaniement ou changement ministériel, il est peu probable que les trois présidents se rabattent sur une formule purement apolitique, car eux aussi ils ont une clientèle à satisfaire et elle ne se recrute pas spécialement chez les économistes de métier. Et puis, on peut toujours garder M. Fouad Siniora qui, lui, n’est pas député...
E. K.


Le gouvernement actuel pourra-t-il tenir jusqu’à la fin du mandat du président Hraoui, comme l’affirme le président Hariri... Difficile à dire, mais aussi difficile tout court, car on reparle de plus en plus d’un changement ministériel ou à tout le moins d’un remaniement consistant d’ici la rentrée d’octobre. Et d’ailleurs à en croire le président Nabih Berry,...