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Actualités - OPINION

Purification de la mémoire


A l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse qui viennent de se tenir à Paris, le pape a évoqué le massacre de la Saint-Barthélémy, au cours duquel plusieurs milliers de protestants furent massacrés par des catholiques français fanatisés. Le massacre fut commis le 24 août de l’an 1572, il y a 425 ans. «Des chrétiens ont accompli des actes que l’Evangile réprouve», a déclaré le pape, dans un geste de conciliation à l’égard des protestants de France, tout en soulignant qu’il s’agit d’un massacre «aux motivations bien obscures dans l’histoire politique et religieuse de la France».
Ne pouvons-nous pas en dire autant de massacres «aux motivations bien obscures dans l’histoire politique» du Liban? Voici quelques jours, un ministre était l’hôte du programme «Témoins», animé par le P. Joseph Moannès, sur Télé-Lumière et il parlait de sa foi. Or, voici un homme dont le nom est associé au massacre de Sabra et Chatila, en 1982, au cours duquel des dizaines de Palestiniens, vieillards, femmes et enfants, avaient été passés sauvagement par les armes.
Il n’est nullement question, ici, de juger quiconque. N’était la grâce de Dieu, nous serions à sa place. Par contre, il est question «du pardon offert et reçu» dont le pape souligne la nécessité, dans sa récente encyclique «A l’aube du troisième millénaire». Dans la mesure où ces massacres font partie de l’histoire et de la mémoire collective, on ne peut plus les confiner à la sphère de la conscience personnelle.
Si le pape, parlant de la Saint-Barthélémy, a évoqué des actes «que l’Evangile réprouve», que dire de ceux qui furent commis durant la guerre du Liban, de tous les actes effroyables de vengeance qui endeuillèrent nos consciences, notre pays, notre église? Et si l’Eglise-institution n’y fut pas mêlée, il n’en reste pas moins que le politique et le religieux se mêlèrent étroitement, dans la conscience des combattants comme dans les froids calculs des états-majors, à certaines périodes de la guerre.
Combien de temps faudra-t-il attendre pour que quelqu’un, au nom de l’Eglise, parle de ces actes si contraires à l’Evangile, commis par des personnes qui se disaient chrétiennes, et qui se reconnaissent toujours comme faisant partie de l’Eglise? Combien de temps faudra-t-il attendre que tous les Libanais aient le courage, et la maturité nécessaires, pour purifier leur conscience des atrocités qu’ils ont commises, et dont aucune communauté n’a l’exclusivité. N’est-ce pas à de tels examens de conscience que l’Exhortation apostolique invite les Libanais, chrétiens et musulmans confondus?

Fady NOUN
A l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse qui viennent de se tenir à Paris, le pape a évoqué le massacre de la Saint-Barthélémy, au cours duquel plusieurs milliers de protestants furent massacrés par des catholiques français fanatisés. Le massacre fut commis le 24 août de l’an 1572, il y a 425 ans. «Des chrétiens ont accompli des actes que l’Evangile...