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Actualités - CHRONOLOGIE

Au deuxième jour de sa visite en France Jean-Paul II brave les critiques et se recueille sur la tombe d'un pionnier de la lutte contre l'avortement (photos)

Message social de l’Eglise et fidélité à un héraut de la lutte contre l’avortement: Jean-Paul II a allié hier, au deuxième jour de son séjour en France, deux axes de l’Eglise catholique contemporaine, l’un le plus moderne et l’autre le plus conservateur.
Bravant les critiques et s’abstenant de toute déclaration publique, le pape est allé se recueillir dans l’après-midi sur la tombe de son ami le généticien Jérôme Lejeune pendant une heure dans un cimetière de la région parisienne, loin des caméras, tandis que journalistes et badauds étaient soigneusement tenus à l’écart.
Cette initiative a suscité la plus vive polémique de ce voyage au succès jusqu’à présent impressionnant, attesté par la présence d’un demi-million de pèlerins jeudi pour une cérémonie d’accueil du pape. Pourtant l’épiscopat français, hôte du pape venu participer aux douzièmes Journées mondiales de la jeunesse, avait tenu à en préciser le caractère «strictement privé».
Hier, le Parti socialiste, au pouvoir en France, s’est joint aux dizaines d’associations et de personnalités qui ont regretté l’hommage au Pr Lejeune, considéré comme un encouragement à la lutte contre l’avortement, que la loi française autorise depuis 1975.
Cette visite suscite un «malaise», selon le parti du premier ministre Lionel Jospin. «C’est le geste de trop», a commenté de son côté l’ancien ministre socialiste des Droits de la femme Yvette Roudy.
Le black-out médiatique appliqué à cet hommage privé a toutefois permis à l’Eglise de souligner le caractère résolument social du message délivré par le pape depuis son arrivée en France jeudi.
Les chaînes de télévision ont ainsi pu poursuivre leur intense couverture de la visite papale jeudi en enchaînant le «direct» de la béatification de Frédéric Ozanam, un pionnier du catholicisme social, et celui de la bénédiction de la cathédrale d’Evry (sud de Paris), seule cathédrale construite au 20e siècle en France, dans une région parisienne en proie à l’explosion démographique et la déchristianisation.

Charité et justice

La cérémonie de béatification du fondateur de la société Saint-Vincent de Paul, désormais déclaré «bienheureux», a amené le pape à lancer un message résolument social, marquant une nouvelle orientation du pontificat de Jean-Paul II, après l’époque de la lutte contre le marxisme et la théologie de la libération dans les années 80.
«Charité et justice vont de pair», a affirmé Jean-Paul II en ajoutant «qu’aucune société ne peut accepter la misère comme une fatalité sans que son honneur n’en soit atteint».
Frédéric Ozanam, «apôtre de la charité», mort en 1853 après avoir plaidé pour que soit «portée une main hardie sur la plaie du paupérisme», avait été l’un des dénonciateurs de l’exploitation de l’homme par le système capitaliste.
En 1848, ce contemporain de Karl Marx avait soutenu la Révolution mettant fin au régime du roi Louis-Philippe, et proclamé sa foi dans «l’avènement temporel de l’Evangile exprimé par ces trois mots: liberté, égalité, fraternité», la devise choisie par les révolutionnaires de 1789.
«Ozanam a pris conscience qu’il ne suffisait pas de parler de la charité et de la mission de l’Eglise dans le monde, mais que cela devait se traduire par un engagement des chrétiens au service des pauvres», a conclu le pape.
Le message de cette homélie, prononcée devant 300 évêques et retransmise sur le parvis à l’attention des pèlerins trop nombreux pour entrer dans l’édifice gothique, était également un écho à l’hommage rendu jeudi au père Joseph Wresinski, fondateur du mouvement Aide à toute détresse — quart monde.
Quelques heures après sa descente d’avion, le pape, visiblement fatigué, avait repris à son compte la devise de l’initiateur de la «journée mondiale du refus de la misère», reconnue par l’ONU en 1992: «Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés».
Message social de l’Eglise et fidélité à un héraut de la lutte contre l’avortement: Jean-Paul II a allié hier, au deuxième jour de son séjour en France, deux axes de l’Eglise catholique contemporaine, l’un le plus moderne et l’autre le plus conservateur.Bravant les critiques et s’abstenant de toute déclaration publique, le pape est allé se recueillir dans...