Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Sud : la main de Netanyahu...


Selon une source militaire libanaise, «la flambée au Sud, le bombardement de Saïda n’ont pas de fondement technique. On ne peut y voir que la main de Netanyahu qui se cherche une soupape, une diversion, pour se dégager de ses problèmes à l’intérieur. Le site idéal pour lui c’est la frontière nord de son Etat, ou plutôt la frontière sud de notre pays car l’opinion israélienne est très sensible au sort des colons de Galilée ainsi qu’au devenir des conscrits qui font partie des forces d’occupation implantées chez nous».
On ne peut cependant s’empêcher de noter que cette escalade au Sud précède le débarquement dans la région de Madeleine Albright qui doit enfin y poser le pied — huit mois après son avènement au département d’Etat — dans la foulée de la mission effectuée par Dennis Ross, coordonnateur U.S. des pourparlers de paix. On sait que le diplomate, forçant la main à Arafat et abondant dans le sens de Netanyahu, a imposé pour le redémarrage du processus de pourparlers palestino-israéliens la priorité «sécurité», autrement dit la priorité à l’étranglement du Hamas.
Toujours est-il qu’au moment même où le dialogue israélo-palestinien reprend, on met le Liban-Sud en ébullition, la dégradation frappant des zones jusque-là épargnées, du moins depuis les accords d’avril 96, comme Saïda ou comme le doigt de la Galilée qui a reçu quelques Katiouchas.
Selon un diplomate, «il n’est pas exclu que Netanyahu cherche à liquider ces accords d’avril et le comité de surveillance qui est censé les gérer. Il faut en effet chercher à qui le crime profite. Le Hezbollah, qui a plutôt tendance en général à revendiquer les actions comme il l’avait fait «la tête haute» pour les attentats aveugles sur les routes de la région de Jezzine, a nié toute responsabilité dans l’explosion de Kfarhouna. Il n’y a pas de raison de ne pas le croire. L’ALS de son côté a réagi en pilonnant Saïda «à la hauteur de l’agression» du moins telle qu’elle l’a ressentie car les victimes de l’attentat de Kfarhouna sont des proches du chef milicien de Jezzine, Emile Nasr. Mais c’est à froid que cette vengeance a été perpétrée: ce n’est pas tout de suite après Kfarhouna, comme l’ont prétendu les Israéliens, que Saïda a été bombardé mais 56 bonnes minutes après. Et le matraquage au 155 a duré une heure... On a manifestement orchestré «une grosse chose» pour mettre le feu aux poudres. Il n’est pas pensable une seconde que Lahd aurait pu «se laisser aller» sans l’aval, voire sans l’ordre exprès de ses patrons israéliens. Netanyahu en a probablement assez des accords d’avril et du comité de surveillance dont le dernier communiqué a condamné sans ambages les agressions israéliennes».
«Il est probable, surenchérit de son côté la source militaire citée plus haut, que Netanyahu veut larguer les accords d’avril au profit d’opérations coups de poing, comme celle de Kfour, au Sud comme dans la Békaa. Il sait en effet que les actions de commandos héliportées ont la faveur du public israélien et sont susceptibles de renforcer sa popularité, en baisse ces derniers temps. De plus, il pourrait faire taire ainsi les voix israéliennes, de droite comme de gauche, qui réclament de plus en plus fort le retrait du Liban-Sud, considéré comme un piège pour les soldats israéliens. Dans le même sens il réduirait au silence les députés israéliens qui recommandent la dissolution de l’Armée du Liban-Sud d’Antoine Lahd, trop coûteuse à leur avis pour le contribuable israélien. Enfin, un programme d’actions et de coups de force redonnerait à l’armée d’occupation israélienne un moral en constante régression».
Pour sa part, un diplomate occidental en poste à Beyrouth estime que «Netanyahu ne cèdera jamais la carte libanaise avant de s’être entendu avec la Syrie ou avant de savoir à quoi s’en tenir au sujet de ses relations avec cette puissance. Tant qu’il voudra garder le Golan, il s’accrochera au Liban-Sud. Il serait dès lors, peut-on penser, bien embêté si brusquement il n’avait plus de résistance en face de lui pour justifier le maintien de ses troupes. Ceci dit, conclut cette personnalité, il est évident que des replis comme à Saydoun ou même des retraits tactiques peuvent intervenir à tout moment, dans la région de Jezzine. Pour essayer encore une fois de dissocier les volets syrien et libanais...»

Ph. A.-A.
Selon une source militaire libanaise, «la flambée au Sud, le bombardement de Saïda n’ont pas de fondement technique. On ne peut y voir que la main de Netanyahu qui se cherche une soupape, une diversion, pour se dégager de ses problèmes à l’intérieur. Le site idéal pour lui c’est la frontière nord de son Etat, ou plutôt la frontière sud de notre pays car l’opinion...