Damas : les arabes israéliens en quête d'un rôle et d'une légitimité

Une délégation de 50 Arabes israéliens, arrivée dans la nuit de jeudi à vendredi à Damas, a souligné sa volonté de jouer un rôle en faveur de la paix et d’obtenir une «légitimité» au Proche-Orient. Cette visite, la première du genre depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, répond à «une invitation du président syrien Hafez el-Assad», a déclaré le député du Parti arabe démocratique Abdel Wahab Daraouché.
Elle «revêt une grande importance du fait qu’elle accorde aux masses palestiniennes d’Israël une légitimité qui leur a été longtemps déniée», a souligné M. Daraouché.
En accueillant cette délégation, «la Syrie est en train de corriger une erreur commise par les Arabes et qui a duré des années», consistant à refuser tout contact avec les Arabes israéliens.
La délégation, qui doit séjourner une semaine à Damas, était arrivée via Le Caire, munie de visas spéciaux.
Pour M. Abdel Malek Dahamché, membre du même parti, la délégation n’entend pas «jouer les médiateurs» entre la Syrie et Israël, mais assurer «une liaison, une connaissance réciproque après tant d’années de rupture entre Palestiniens restés en Israël et leurs frères arabes».
«Les Arabes israéliens sont habilités à jouer un rôle en faveur de la paix dans la région et nous voulons transmettre au peuple israélien un véritable message pacifique qui renforce le camp de la paix en Israël», a souligné pour sa part le député Walid Sadek, du parti Meretz (gauche sioniste).
L’actuel gouvernement israélien de droite de Benjamin Netanyahu, qui «s’attache à réaliser le Grand Israël, ne cédera pas aux conditions nécessaires à la paix, tant qu’il n’y aura pas en Israël une base élargie favorable à la paix», a ajouté M. Sadek.

Les dissidents palestiniens

Présidée par le maire de la ville arabe israélienne de Chefaamr, Ibrahim Nimr Hussein, la délégation comprend, outre les trois députés, d’autres membres du Parlement israélien, MM. Taleb al-Sanna et Tawfik al-Khatib (Parti arabe démocratique) ainsi que Saleh Tarif et Nawaf Masalha (Parti travailliste).
En 1994, une délégation arabe israélienne conduite par M. Daraouché s’était rendue en Syrie, pour présenter ses condoléances au président Assad à la suite du décès de son fils, Bassel, dans un accident de la route.
Au cours de son séjour à Damas, la délégation sera reçue par M. Assad et rencontrera des représentants des formations palestiniennes opposées aux accords sur l’Autonomie palestinienne, basées à Damas.
A Jérusalem, le parti communiste judéo-arabe Front démocratique pour la paix (Hadash) avait annoncé dimanche sa décision de boycotter cette visite en raison du refus de la Syrie de recevoir des députés juifs.
Mais M. Khaled al-Fahoum, chef d’une coalition de l’opposition palestinienne basée en Syrie, a estimé que ce boycottage du Hadash «n’est pas lié à l’attitude du parti envers la Syrie dont il appuie les positions dans le processus de paix».
Les pourparlers de paix entre Israël et la Syrie sont interrompus depuis février 1996. L’Etat hébreu rejette la demande de Damas d’une restitution totale du plateau stratégique du Golan qu’il occupe depuis 1967.