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Actualités - ANALYSE

Le climat plus électrique que jamais.. au sein du cabinet !

Plus loin, plus haut, plus fort: s’inspirant de la devise olympique, un politicien local surclasse Hegel, Hüsserl et autres Heidegger des hauteurs de l’analyse socio-philosophique pour soutenir que «tout, absolument tout, est politique avant d’être chose». Armé de cette clé il tente, dit-il, de «comprendre pourquoi l’on a choisi l’été de 1997 pour infliger de nouveau aux Libanais, en même temps que les agressions meurtrières d’Israël au Sud, des coupures répétées du courant électrique, un rationnement sournois, de plus en plus sévère qui ne s’accompagne d’aucun programme publié et d’aucune explication des responsables».

«Nous pensions, reprend-il après une courte pause méditative, que ce problème avait été réglé pour de bon et les propriétaires de générateurs de quartier les avaient remisés, reconvertis ou envoyés à la casse. A plus d’une reprise, M. Elie Hobeika nous avait rassuré en proclamant que l’électricité est désormais assurée 24 heures sur 24... Pourquoi de nouveau les pannes? Les parties qui tiennent les commandes dans ce domaine chercheraient-elles à pousser à bout une population, déjà accablée par la cherté et le chômage, afin qu’à la rentrée d’octobre elle bouge au niveau de la rue et fasse sauter le président du Conseil, comme en mai 92?...» Dans l’entourage du ministre des Ressources hydro-électriques, on répond que «la cause des coupures est tout simple, toute bête: le principal distributeur du pays, la centrale de Zouk, a dû puiser dans ses réserves pour pallier le récent arrêt de la station de Hrayché qui alimente le Nord et où les réparations prendront une bonne semaine, mais pas beaucoup plus. Un peu de patience donc, disent ces fonctionnaires, et tout reviendra à la normale...»
Mais d’autres cadres, que la transparence effraie moins, confirment mezza voce que «l’EDL ne s’en sort pas financièrement. L’office a beau pressurer à plein certaines régions (où d’ailleurs les gens commencent à protester de plus en plus au vu de factures mensuelles qui vont de 100 à 250 dollars), il manque terriblement de fonds et son passif est très lourd. Or il lui faut se fournir tout le temps en fuel, couvrir les frais d’entretien, de gestion, d’administration et payer son personnel. Soi-disant pour l’aider on bloque certaines de ses dettes ou de ses obligations; mais en même temps on gèle l’octroi des crédits spéciaux ou des avances qu’il réclame».
A partir de là, ces sources retournent le compliment au politicien susmentionné en se demandant si, «en réalité, les machinations politiques, si machinations il y a, ne sont pas dirigées contre notre ministre de tutelle par le camp des haririens pur jus...»

Empoignade

En fait, le feu couve sous la cendre depuis quelque temps déjà. Ainsi, il y a quelques semaines, des loyalistes membres du Cabinet se sont déchaînés en Conseil des ministres contre la gestion hobeikiste du filon électrique. Ces ministres ont laissé entendre que leur collègue des Ressources confiait trop volontiers des contrats à des sociétés amies, voire même à des entreprises où il aurait des intérêts. Ils ont parlé d’un cartel, d’un monopole, d’une toile qui serait tissée sur l’ensemble du territoire et trusterait tous les projets concernant l’électricité. Indigné, M. Elie Hobeika avait échangé avec l’un des porte-étendard du haririsme, M. Fouad Siniora, des propos très vifs. Le ministre délégué aux Finances avait déclaré à M. Hobeika qu’il ne pourrait lui accorder les crédits réclamés pour le fuel, vu qu’il fallait d’abord éponger des arriérés massifs mis sur le compte du ministère du Pétrole. Pour ce qui est des accusations portées par ses contempteurs, M. Hobeika les a traitées de calomnieuses, affirmant que les indications avancées par ses adversaires sont imprécises et promettant au Conseil un rapport de gestion détaillé émaillé de documents et il a conclu en exigeant des excuses.
De fait, mercredi dernier, M. Hobeika a rouvert le dossier en Conseil des ministres. Il a présenté la liste des 78 entreprises qui travaillent occasionnellement ou régulièrement sur les projets concernant l’électricité, en soulignant qu’aucune ne lui est reliée et en rappelant qu’elles opèrent toujours en base d’un appel d’offres favorisant le moins-disant comme dans toute adjudication. M. Hobeika a redemandé des excuses publiques à M. Siniora. Et il y a de nouveau eu une prise de bec très vive entre les deux hommes. Le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, s’est rangé aux côtés de son coéquipier haririen, le ton a beaucoup monté et on était sur le point d’en venir aux mains. Finalement, le chef de l’Etat a dû intervenir, rappeler tout le monde à l’ordre et il a réglé l’incident en obtenant de M. Siniora qu’il présente des excuses à M. Hobeika.
Mais le public n’en est pas plus avancé pour cela. L’EDL a besoin, dit-elle, de 200 milliards de LL pour son fuel. A quoi les Finances répondent qu’il y a beaucoup de gaspillage et qu’elles ne savent pas comment régler l’ardoise de 311 milliards que l’EDL leur laisse. Et du côté de la présidence du Conseil on annonce que, finalement, l’EDL ne sera pas autorisée à adjuger la perception comme elle en a tenté l’expérience à Beyrouth, parce qu’il y aurait de la sorte des fonds qui se perdraient en chemin. A quoi l’office répond en relevant qu’il ne voit pas comment il va pouvoir toucher les quittances partout: il n’a pas assez de personnel et le pouvoir ne lui confie toujours pas les 500 conscrits qu’on lui avait promis et qu’on aurait détachés à cet effet du ministère de la Défense. Et d’ajouter, qu’en plus, on lui met exprès des bâtons dans les roues pour l’empêcher de réaliser des projets nécessaires, comme les stations de Beddawi et du Zahrani.
Comme on voit la confiance et l’harmonie règnent dans les allées du pouvoir...
Ph. A.-A.
Plus loin, plus haut, plus fort: s’inspirant de la devise olympique, un politicien local surclasse Hegel, Hüsserl et autres Heidegger des hauteurs de l’analyse socio-philosophique pour soutenir que «tout, absolument tout, est politique avant d’être chose». Armé de cette clé il tente, dit-il, de «comprendre pourquoi l’on a choisi l’été de 1997 pour infliger de nouveau...