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Actualités - CHRONOLOGIE

Les décisions du gouvernement, une loi martiale non déclarée, affirme Wakim Le député rejette une nouvelle fois l'accusation d'avoir appelé à la désobéissance armée

Le député Najah Wakim s’est insurgé contre les mesures adoptées mercredi en Conseil des ministres pour réprimer les mouvements de protestation populaires, estimant qu’elles sont anticonstitutionnelles. Il a par ailleurs annoncé qu’il tiendra prochainement une conférence de presse pour répondre à certaines informations de presse concernant les poursuites judiciaires engagées contre lui pour diffamation contre le chef de l’Etat et appel à la désobéissance armée. Le député de Beyrouth a fait cette annonce après avoir dénoncé la manière avec laquelle la justice se comporte dans le cadre de l’enquête menée à ce sujet.

Pour ce qui est des décisions du gouvernement, le député frondeur a estimé qu’elles sont en violation des alinéas «c» et «e» du préambule de la Constitution et de l’article 13 de la loi fondamentale, relatifs aux libertés publiques et au principe de la séparation des pouvoirs.
«Le Liban est une République démocratique, parlementaire, fondée sur le respect des libertés publiques — la liberté d’opinion et de croyance en premier —, sur la justice sociale (...)», selon l’alinéa «c», alors que l’alinéa «e» précise que «le système est fondé sur le principe de la séparation des pouvoirs, de leur équilibre et de leur coopération». Quant à l’article 13, il précise que «la liberté d’exprimer sa pensée par la parole ou par la plume, la liberté de presse, la liberté de réunion et la liberté d’association sont également garanties dans les limites fixées par la loi».
En se basant sur ces trois textes, M. Wakim a reproché au gouvernement d’avoir «confondu», par les décisions qu’il a prises, «entre la protestation pacifique qui est du droit de la population dans les régimes démocratiques et les révolutions armées auxquelles personne ne peut appeler». En donnant cette précision au sujet du recours aux armes, M. Wakim rejette encore une fois mais indirectement les accusations portées contre lui et selon lesquelles il aurait appelé à la désobéissance armée, au cours d’un meeting oratoire qui s’était tenu samedi à Baalbeck, à l’invitation de l’ancien secrétaire général du Hezbollah, cheikh Sobhi Toufayli.

Des décisions
ayant force de loi

Critiquant ensuite la prohibition des rassemblements, M. Wakim a rappelé qu’en 1993, le Parlement avait adopté une recommandation dans laquelle il avait souligné que cette interdiction est anticonstitutionnelle et avait appelé le gouvernement à revenir sur sa décision à ce sujet. L’Exécutif, rappelle-t-on, avait interdit les manifestations et les rassemblements à la suite d’une fusillade qui avait fait plusieurs morts parmi des manifestants du Hezbollah qui protestaient à Ghobeyri contre la signature des accords israélo-palestiniens d’Oslo, en septembre 1993.
Précisant que le gouvernement «sait bien que seul le Parlement peut légiférer», M. Wakim a affirmé que l’Exécutif aurait dû soumettre sous forme de projet de loi sa décision à la Chambre. «Mais que le gouvernement donne à ses décisions la force d’une loi, voilà qui constitue une violation effroyable de la Constitution et une atteinte au principe de la séparation des pouvoirs», a-t-il ajouté.
Le député de Beyrouth s’est demandé: «Par quel moyen le peuple peut exercer son droit de s’exprimer, maintenant que les gens du pouvoir ont mis la main sur les médias audiovisuels, spolié la liberté de presse, neutralisé les syndicats et anéanti la vie politique? Les décisions annoncées par le Conseil des ministres ne sont-elles pas considérées comme une loi martiale non déclarée? Le gouvernement peut-il imposer une loi martiale sans en référer au Parlement»?
M. Wakim a enchaîné en parlant des multiples avis formulés au sujet des poursuites engagées contre lui. Il a indiqué qu’il avait tenu à donner quelques précisions (lors de sa conférence de presse de lundi) au sujet des propos qu’il avait tenus samedi à Baalbeck, «pour que l’affaire ne soit pas située dans le cadre d’un problème personnel qui m’opposerait à une partie déterminée», en l’occurrence le chef de l’Etat.

«Violation du secret
de l’instruction»

Après avoir fait état de fuites d’informations «dont le but est de leurrer l’opinion publique», M. Wakim a annoncé qu’il tiendra prochainement une conférence de presse et qu’il se contentera pour l’heure de quelques précisions qui se justifient, selon lui, par les commentaires relatifs à l’affaire dont il est accusé.
M. Wakim a ainsi critiqué les propos attribués par la presse à «une source judiciaire qui a affirmé être en possession d’un enregistrement audiovisuel» de son discours. «Puisque cette source détient l’enregistrement, à quel moment a-t-elle entendu un appel à la désobéissance armée? Par conséquent, sur quoi s’est-elle basée pour demander que Najah Wakim soit déféré devant la justice conformément aux articles 303 et 304 du code pénal»? s’est-il interrogé. Les deux articles, placés dans le chapitre des crimes contre la Constitution, sont relatifs aux actes commis en vue de provoquer une insurrection armée.
M. Wakim a vivement reproché à la «source judiciaire» en question d’avoir «violé le secret de l’instruction en se permettant des fuites d’informations ouvertes à toutes sortes d’interprétations».
Le député de Beyrouth a exprimé ses regrets parce que «le seul souci des autorités est d’adopter des mesures vexatoires et de tenter de régler leurs comptes avec certaines personnes, au moment où le Liban est menacé d’une agression israélienne, où les fondements de l’Etat s’effondrent, où les règles constitutionnelles qui forment la base du système démocratique se perdent, où la crise socio-économique s’exacerbe et où l’on ne cesse de parler de corruption et de dilapidation de fonds publics».
Le député Najah Wakim s’est insurgé contre les mesures adoptées mercredi en Conseil des ministres pour réprimer les mouvements de protestation populaires, estimant qu’elles sont anticonstitutionnelles. Il a par ailleurs annoncé qu’il tiendra prochainement une conférence de presse pour répondre à certaines informations de presse concernant les poursuites judiciaires...