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Actualités - CHRONOLOGIE

Histoire L'école de droit de Beryte au VIe siècle

La renommée de l’Ecole de Droit de Béryte s’étendait au-delà des côtes phéniciennes. Grégoire le Thaumaturge est le premier qui en fait mention en 239 après J.C. Son tuteur en Cappadoce, sa terre natale, l’aurait préparé à entrer à l’Ecole de Droit de Béryte en lui enseignant le latin et le droit romain.

L’empereur Auguste déclare Beyrouth colonie romaine dès le 1e siècle de notre ère. A partir de Beyrouth les empereurs romains contrôlaient aisément désormais, la riche province d’Asie.
Sous les empereurs païens le pouvoir législatif est entièrement entre les mains de l’empereur et sa principale fonction consiste à promulguer des constitutions impériales, appelées lois ou jurisprudence (leges).
Beyrouth devient alors le centre d’affichage et de dépôts de ces constitutions impériales. Ses hommes de lois, experts dans l’étude et l’interprétation des documents officiels, forment des jeunes étudiants désireux de profiter de leur compétence. La renommée de ces juristes gagne vite les provinces, et c’est ainsi que Beyrouth devient le centre de l’enseignement du droit romain.
L’admission à l’Ecole de Droit de Béryte était indispensable pour tous les jeunes gens ambitieux désirant acquérir un poste administratif important. Ils venaient des plus lointaines provinces de l’empire: d’Arabie, de Cappadoce, d’Arménie, de Géorgie, de Grèce et de Syrie. Le célèbre professeur de rhétorique Libanius d’Antioche écrit à Megethius, ancien avocat d’Antioche installé à Beyrouth: «Tous les grands avocats vont à Béryte».
Au VIe siècle sous le règne de Justinien, Béryte devient «La Magnifique Cité» et la métropole de la Phénicie. Un géographe de l’antiquité écrit: «Après Tyr, vient Béryte, une belle cité, siège d’une Ecole de Droit d’où toute la jurisprudence romaine est issue».
L’étudiant entrait à l’Ecole de Droit à seize ans, et y demeurait quatre ans. Les tribulations et les épreuves des étudiants de première année sont décrites dans les textes. Ils étaient appelés dupendii, ceux de la seconde année edictales. Selon la tradition, les nouveaux venus étaient soumis à des sévices et des brimades dont les excès obligeaient parfois les autorités à intervenir. Pour protéger les dupendii, l’empereur Justinien déclara illégales ces pratiques.
Beyrouth, comme toutes les villes portuaires, offrait à la jeunesse de nombreuses tentations, et les étudiants en droit y succombaient tout particulièrement. Les principales distractions étaient les courses de chevaux, le théâtre, les combats de fauves, les excès de boissons, la danse, la fréquentation des femmes.
Une basilique qui servait peut-être de salle de conférences aux étudiants de droit est décrite par un étudiant, Zacharie le Scholastique. Il s’agit d’une grande pièce aux plafonds élevés reposant sur dix colonnes de pierre blanche polie, décorée de marbre et de mosaïques. Le jour de son arrivée, Zacharie assiste à une conférence, dans une vaste salle, donnée aux nouveaux élèves par le célèbre professeur de droit Leontius. Installé dans un fauteuil surélevé, le professeur était entouré de ses étudiants attentifs, assis par terre en cercle autour de lui.
Zacharie parle aussi d’une église de la Résurrection appelée Anastasia, où il se rendait avec ses compagnons pour prier après leurs cours. Nous pouvons donc supposer que l’église n’était pas trop éloignée de l’Ecole de Droit.
Le 16 juillet 551, un terrible tremblement de terre dévaste Beyrouth. L’Ecole de Droit en ruines ferme ses portes. Un chroniqueur du VIe siècle écrit: «Un grand nombre d’habitants du pays et d’étrangers sont morts enterrés sous les débris, y compris de nombreux jeunes gens étrangers bien éduqués et de bonnes familles qui se trouvaient là pour apprendre les lois des Romains». A la suite de cette catastrophe, les professeurs de droit s’installent à Sidon en attendant la reconstruction de Beyrouth.
Durant la Première Guerre mondiale, les autorités ottomanes exproprient les terrains au centre de Beyrouth pour y ouvrir des routes: la rue Maarad, la rue Allenby et la Place de l’Etoile. Une importante basilique byzantine est ainsi découverte à l’ouest de la Mosquée al-Omari. Des milliers de pierres taillées furent enlevées du site par les autorités en place et réemployées dans la construction d’un mur de soutènement de long de la mer face à l’Hôtel Bassoul. A l’époque, aucune permission ne fut accordée pour tracer les plans de la basilique, exécuter des dessins ou photographier les fondations1.
S’agit-il d’une des salles où s’assemblaient élèves et professeurs de droit en ce temps-là? La question reste sans réponse…
1- Henri Jalabert s.j., «Beyrouth sous les Ottomans: 1516-1918», Beirut, Crossroads of Cultures, 1970; Nina Jidejian, Beyrouth à travers les Ages, 1993.
La renommée de l’Ecole de Droit de Béryte s’étendait au-delà des côtes phéniciennes. Grégoire le Thaumaturge est le premier qui en fait mention en 239 après J.C. Son tuteur en Cappadoce, sa terre natale, l’aurait préparé à entrer à l’Ecole de Droit de Béryte en lui enseignant le latin et le droit romain.L’empereur Auguste déclare Beyrouth colonie romaine dès le 1e siècle...