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Actualités - ANALYSE

Dossier régional : peu de données encourageantes

Les Israéliens s’en frottent les mains: à les en croire, Dennis Ross est porteur d’idées articulées sur la sécurité, thème qui, dans leur propre théorie doit conditionner la paix régionale bien plus que la restitution des territoires...
Les Arabes et les Palestiniens sont, on le sait, d’un avis différent. Ils soulignent que l’obstination, les provocations incessantes de Netanyahu bloquent le processus, mettent toute stabilité en danger et provoquent les attentats ou les actes de violence des extrémistes des deux côtés. Ils soulignent que si l’on n’avait pas repris le programme de colonisation et de judaïsation de Jérusalem, il n’y aurait pas d’attentats là ni de troubles de rue à Hébron. Et ils rappellent une évidence: l’Autorité palestinienne et l’Etat hébreu lui-même, aussi policier qu’il soit, n’auront jamais en pratique la possibilité de prévenir totalement des attentats perpétrés par des kamikazes résolus à se sacrifier. A preuve l’assassinat d’Yitzhak Rabin par un juif fanatique qui du reste n’a même pas été abattu, s’en est tiré la vie sauve et fait figure de «héros» pour beaucoup d’électeurs du Likoud. Sans compter, avant cela, le médecin massacreur de Hébron qui avait pu abattre en pleine mosquée 29 croyants palestiniens avant d’être descendu et dont la tombe est honorée comme celle d’un martyr par les fanatiques juifs. Dès lors les Palestiniens d’Arafat trouvent un peu abusif de se voir accusés de laxisme voire de complicité par les Israéliens et ils répondent que la vraie responsabilité des derniers attentats est imputable à la politique démente, haineuse, anti-pacifiste suivie par un Likoud dont le premier soin a été de dénoncer les principes de Madrid et tout ce qui avait été convenu dans les négociations antérieures. La thèse palestinienne, du reste approuvée par les travaillistes israéliens, est que le meilleur moyen d’endiguer la violence est de faire progresser le processus, pour arriver à une paix globale et équitable. Une fois cet objectif effectivement atteint, les actions qui visent à l’empêcher n’auraient plus lieu d’être et s’éteindraient naturellement.
Mais comment fonder de tels espoirs quand Israël poursuit ses opérations à Jérusalem-Est comme aux abords de ce quartier qu’il veut étouffer pour faciliter la captation de l’héritage et faire admettre au monde entier que la cité sainte doit être sa capitale et rien d’autre, que ni les Palestiniens ni les religions musulmane et chrétienne ne peuvent y avoir droit de regard... Un plan qui heurte tellement les sentiments les plus fortement ancrés des Palestiniens que certains d’entre eux réagissent par des attentats-suicides, aussi compréhensibles finalement que condamnables. Ce cycle, entamé et voulu par le Likoud, trahit la paix, ce qui est, dans la région, un crime contre l’humanité dont la cause est imputable essentiellement à la politique littéralement belliciste suivie par Netanyahu.
Reste le rôle américain. De toute évidence, l’Administration U.S. ne veut pas lâcher le processus de paix. Mais pour le reprendre en main, elle risque de se fourvoyer. Car, au lieu d’opter pour de fermes pressions sur Israël — elle en a largement les moyens comme on sait —, elle décide apparemment de composer avec la ligne que cet Etat a choisie. Et c’est ainsi que Dennis Ross déploierait une initiative consacrant la priorité «sécurité» prônée par Netanyahu. Ses efforts viseraient, dans un premier temps, à promouvoir, à concrétiser un système de «salle de dispatching sécuritaire» commune israélo-palestinienne, pour «la lutte contre le terrorisme», sous-entendu palestinien et plus précisément contre le Hamas et le Jihad islamique. Mais pour que la coopération marche, il faut que la confiance règne et pour que la confiance règne il faut d’abord que Netanyahu renonce à son plan d’implantations... Sinon, c’est le cercle vicieux.
D’autant que si Netanyahu, pour ne pas fâcher les Américains, fait semblant de laisser la mission Ross réussir sur le plan palestinien, il peut toujours faire monter les enchères ailleurs. Comme on le voit déjà faire au Liban-Sud...

E.K.
Les Israéliens s’en frottent les mains: à les en croire, Dennis Ross est porteur d’idées articulées sur la sécurité, thème qui, dans leur propre théorie doit conditionner la paix régionale bien plus que la restitution des territoires...Les Arabes et les Palestiniens sont, on le sait, d’un avis différent. Ils soulignent que l’obstination, les provocations incessantes...