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Actualités - CHRONOLOGIE

Skaff s'insurge contre la concentration des carrières à Dahr El-Baïdar "Dans un an, il ne restera plus rien de la montagne", affirme le député

Le président de la commission parlementaire de l’Agriculture, du Tourisme et de l’Environnement, M. Elie Skaff, a dénoncé hier la concentration de 90% des carrières du Liban dans la région de Dahr el-Baïdar.

Il a vivement reproché au gouvernement de s’être arrogé le droit d’octroyer des permis d’exploitation aux propriétaires des carrières, accusant ces derniers de violer les lois et de ne pas respecter les conditions fixées dans le plan directeur des carrières, pour l’extraction du gravier et de sable.

M. Skaff a tenu dans la matinée au Parlement une conférence de presse entièrement consacrée au dossier des carrières dans la Békaa, en présence notamment de Me Abdallah Zakhia, considéré comme l’un des défenseurs les plus acharnés de l’environnement au Liban.

Il a rappelé que le Liban compte 720 carrières de tous genres, dont 90% sont concentrés dans la région de Dahr el-Baïdar. «On rebâtit tout Beyrouth avec les matériaux extraits de Dahr el-Baïdar», s’est indigné le député qui a estimé, qu’«en cinquante ans, il n’y a pas eu dans cette région montagneuse — à la frontière entre le Mont-Liban et la Békaa — autant de dégâts qu’au cours des six derniers mois».

Nitrates et
phosphates

M. Skaff a tenu à préciser que ses critiques ne visent pas le plan prévu par le ministère pour les carrières, mais les conditions dans lesquelles l’extraction du sable et du gravier se déroule. Rappelant que le plan en question prévoit l’usage de la dynamite et précise les méthodes suivant lesquelles les charges explosives doivent être utilisées, le député de Zahlé a expliqué que, faisant fi de ces textes, les propriétaires des carrières emploient des charges de nitrates et de phosphates pour faire sauter les montagnes. S’il condamne l’utilisation de ces matières chimiques hautement toxiques, ce n’est pas seulement à cause de l’impact des explosions, mais parce que les nitrates et le phosphate s’infiltrent dans le sol et polluent les eaux souterraines, «notre principale richesse».

M. Skaff a aussi rappelé que le plan directeur autorise chaque camion devant assurer le transport des matériaux de construction à charger 12 tonnes. Or, le chargement des camions «qui sillonnent à longueur de journée la route de Dahr el-Baydar est, pour chacun, de 30 tonnes».

«Le silex, cancer
du béton»

Pire encore, le député a mis l’accent sur le danger que représente l’utilisation de la pierre extraite des montagnes de Dahr el-Baïdar dans la construction d’immeubles. Selon les explications de M. Skaff — qui se fondent, a-t-il dit, sur des études géologiques concernant Dahr el-Baïdar — les montagnes de la région sont essentiellement composées de silex, «communément appelé le cancer du béton» en raison de sa nature peu solide. Il a expliqué que, lorsque cette pierre, transformée en graviers et mélangée à un liant pour former le béton, est utilisée dans la construction d’immeubles, ces édifices sont menacés d’effondrement.
Après avoir accusé les propriétaires de carrières d’exploiter des terrains non cadastrés, notamment dans le secteur de Aïn Dara, dans le caza de Aley, M. Skaff a fait valoir que le ministère de l’Environnement avait prévu pour les carrières des sites éloignés de la route de Damas. «Mais, à votre arrivée à Dahr el-Baïdar, vous êtes agressé par le spectacle des montagnes éventrées, par la poussière qui s’en dégage et par le trafic incessant des camions qui laissent peu de place aux voitures sur une voie dite internationale», a déclaré le député.
Le député a indiqué que ces carrières ne paient aucune taxe à l’Etat, affirmant que, lorsqu’il avait interrogé à ce sujet le ministre d’Etat pour les affaires financières, M. Fouad Siniora, ce dernier lui avait répondu: «Nous ne pouvons pas traiter avec eux. Il nous faut une armée pour le faire». «Eh bien, qu’on leur envoie l’armée», a fulminé le député avant de préciser qu’il ne reproche rien aux petites carrières et qu’il ne cherche qu’à obtenir l’application des lois en vigueur.
Dans ce contexte, il a vivement reproché au gouvernement de s’être arrogé le droit «d’accorder en Conseil des ministres» des permis d’exploitation aux propriétaires de carrières pour une durée de 25 ans, faisant ainsi fi, a-t-il estimé, de la procédure en vigueur.
M. Skaff a ensuite annoncé qu’il doit envoyer aujourd’hui au ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, une note dans laquelle il compte lui demander d’intervenir pour qu’une enquête soit menée sur les carrières. Il a aussi souligné sa détermination à suivre le dossier avec les ministres de l’Environnement, M. Akram Chehayeb, et de l’Intérieur «parce que, dans un an, il ne restera plus rien de Dahr el-Baïdar».
Le président de la commission parlementaire de l’Agriculture, du Tourisme et de l’Environnement, M. Elie Skaff, a dénoncé hier la concentration de 90% des carrières du Liban dans la région de Dahr el-Baïdar.Il a vivement reproché au gouvernement de s’être arrogé le droit d’octroyer des permis d’exploitation aux propriétaires des carrières, accusant ces derniers de...