Cinq résistants tués par l'explosion d'une bombe israéliene Le Hezbollah promet une riposte dure et Israël se dit prêt à recommencer partout

La situation au Liban-Sud a connu hier une brusque escalade avec la mort de cinq membres du Hezbollah, tués à l’aube par l’explosion d’une bombe placée par un commando israélien héliporté hors de la zone occupée par l’Etat hébreu. Le Hezbollah a indiqué par la suite que sa riposte «sera dure et fera souffrir l’ennemi». Israël, de son côté, a annoncé qu’il continuera à «frapper» la formation intégriste «partout et par tous les moyens».

Parmi les tués figurent un cadre militaire de la Résistance islamique, branche armée du Hezbollah, Hussein Cassir. En outre, six civils ont été blessés, dont un grièvement, selon la police.

L’armée israélienne a indirectement revendiqué l’explosion en affirmant que certains membres du Hezbollah tués étaient responsables de la mort de neuf soldats israéliens il y a deux ans lors d’une attaque au Liban-Sud.

L’explosion est survenue après un accrochage dans la nuit entre un commando israélien héliporté près de Kfour, au nord-ouest de Nabatiyé, et des combattants du Hezbollah. Ces accrochages n’ont pas fait de victime.

La bombe placée à l’entrée de Kfour, un village situé à 5 km au nord de la zone occupée, a explosé à 5h30 au passage des cinq jeunes gens. Leurs corps ont été déchiquetés.
Selon plusieurs témoignages, un avion de reconnaissance israélien sans pilote de type MK, qui a dû actionner la bombe, survolait le secteur lors de l’explosion.
Selon des villageois habitant à proximité des lieux, la bombe, camouflée en rocher, a explosé lorsque des membres du Hezbollah ont tenté de l’écarter du bord de la route pour faciliter la circulation.
Le Hezbollah a établi un cordon de sécurité, interdisant l’accès aux lieux de l’incident, et ses services de secours se sont chargés d’évacuer les corps.
Un hélicoptères israélien pris pour cible par les combattants intégristes est parvenu après plusieurs tentatives à se poser pour évacuer le commando israélien, a indiqué la police.
Les batteries antiaériennes de l’armée libanaise stationnée dans ce secteur ont également dirigé leurs tirs vers les appareils israéliens, a-t-on ajouté.
Parallèlement, l’artillerie israélienne a bombardé les collines entourant Kfour depuis la zone occupée, selon la police qui n’a pas fait état de victime.
D’autre part, des militaires libanais ont entrepris une vaste opération de ratissage dans secteur, à la recherche d’autres bombes qui auraient été placées par le commando.
Le Hezbollah a eu 28 tués dans ses rangs depuis le début de l’année, selon un décompte de l’AFP.
Israël a récemment multiplié le recours aux bombes camouflées, actionnées à distance. Des bombes israéliennes, maquillées en rochers et en parpaings, ont tué trois civils libanais ces cinq derniers mois.
De son côté, le Hezbollah utilise fréquemment des engins piégés contre l’armée israélienne ou la milice du Liban-Sud (ALS).
«La mort héroïque de nos martyrs mènera à de nombreux enterrements de soldats ennemis», a déclaré à la presse le responsable de la formation intégriste chiite pour le Liban-Sud, cheikh Nabil Qaouq.
Cheikh Qaouq a affirmé que «le combat demeurera l’unique langage avec lequel nous dialoguerons avec les sionistes». «Les forces d’occupation doivent savoir que le champ de bataille est pour nous l’unique endroit de rencontre, aujourd’hui, demain et jusqu’à l’éradication» de l’Etat hébreu, a-t-il ajouté.
A Jérusalem, le ministre israélien de la Défense Yitzhak Mordehaï, cité par l’AFP, a déclaré que son pays continuera à frapper le Hezbollah «partout et par tous les moyens».
«Nous continuerons à frapper partout et par tous les moyens le Hezbollah», a affirmé M. Mordehaï à la deuxième chaîne de télévision israélienne.
«Le gouvernement avait donné son feu vert à cette opération depuis plusieurs jours», a ajouté M. Mordehaï en soulignant qu’Israël continuerait toutefois à respecter les «accords conclus», en avril 1996, enjoignant aux deux parties d’épargner les civils et de ne pas tirer à partir de zones habitées.
Le gouvernement français a déploré hier l’action de l’armée israélienne et appelé à la poursuite des efforts pour la recherche de la paix au Proche-Orient.
«Le gouvernement français, dont on connaît l’attachement à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité du territoire libanais, déplore la persistance des actes de violence et l’action militaire menée par les forces israéliennes sur le territoire libanais», a déclaré le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, Yves Doutriaux.
«Dans la crise grave que traverse aujourd’hui le Proche-Orient et qui été marquée récemment par l’affreuse tragédie de Jérusalem, les efforts de tous sont plus que jamais nécessaires pour conjurer la tentation du pire et poursuivre la recherche de la paix», a-t-il ajouté.