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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Le destin en avant première au festival de Beiteddine Youssef Chahine à Beyrouth : des films pour les arabes qui pensent

Récompensé au festival de Cannes par le prix du Cinquantenaire pour l’ensemble de son œuvre, Youssef Chahine vient présenter au Liban son film «Le Destin». Ce film, en compétition officielle au festival de Cannes, se présente comme étant un des meilleurs du réalisateur égyptien. Pour accueillir les acteurs du film, venus eux aussi pour l’occasion, le metteur en scène a tenu une conférence de presse à l’Aéroport international de Beyrouth.
Youssef Chahine est un habitué de Beyrouth. Quand les circonstances le lui permettent, il vient toujours présenter ses films durant leurs avant-premières. Et, vu le succès énorme de son nouveau film «Le Destin», sa présence ici s’imposait.
Avec son côté bon enfant, Youssef Chahine gagne automatiquement la sympathie de toutes les personnes présentes. Il rassure dès le début, en répondant à une question sur un choix éventuel entre un Oscar et un prix à Cannes que, même si l’Oscar est une récompense américaine, et bien qu’il ait obtenu une reconnaissance internationale à Cannes, il ne serait pas de refus.
Youssef Chahine se déclare socialiste et engagé. Ses films se placent dans un contexte historique afin de faire passer un message d’actualité d’une manière plus subtile. Les polémiques suscitées par son film précédent «L’Emigré» en sont la preuve. Dans «Le Destin», il se sert de la vie d’un grand philosophe visionnaire andalou, Averroes, pour exprimer ses pensées sur le monde d’aujourd’hui. En effet, comme il le dit si bien, le cinéma commercial (et surtout américain) pousse, dans le meilleur des cas, les gens à rentrer chez eux et dormir. Alors que lui, il aspire à faire des films pour les Arabes qui «pensent», afin de les pousser à réfléchir davantage.
L’acteur Nour el-Chérif, présent lui aussi, a déclaré que «Le Destin» était le couronnement de ses 30 années d’expérience dans le domaine cinématographique. Il parle du cinéma de Chahine en citant le grand cinéaste Hassan Imam: «Si Youssef Chahine faisait des films commerciaux et faciles, on serait tous au chômage». Chahine est incontestablement un artiste visionnaire, toujours d’après Chérif. Quant à ses relations avec ses acteurs, Chérif raconte que Chahine leur demande ce qu’est la démocratie, la réponse est toujours: «Ce que vous dites, maître».
Chahine admet puiser ses ressources de construction dramatique dans les classiques, Sophocle notamment. La musique aussi est un élément très important pour le rythme et l’ambiance du film. Il avoue que sa passion pour le flamenco a très bien pu être à la source du développement du film «Le Destin». L’Andalousie est un champ vaste d’inspiration. Et tous ces éléments contribuent à faire passer le message. Car, comme il le montre très bien dans le film, les pensées ont des ailes et ni la censure ni les catastrophes ne peuvent les arrêter. Et le temps n’arrive pas non plus à les empêcher de s’exprimer. «L’Emigré» a mis plus de quarante ans pour voir le jour mais le message est finalement passé.
Présenté en avant-première ce soir au Festival de Beiteddine, le film sortira en salles en septembre, pour le plus grand plaisir de tous les cinéphiles.

Habib KHOURY
Récompensé au festival de Cannes par le prix du Cinquantenaire pour l’ensemble de son œuvre, Youssef Chahine vient présenter au Liban son film «Le Destin». Ce film, en compétition officielle au festival de Cannes, se présente comme étant un des meilleurs du réalisateur égyptien. Pour accueillir les acteurs du film, venus eux aussi pour l’occasion, le metteur en scène a...