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Actualités - INTERVIEWS

Murr : l'interdiction des rassemblements serait reconsidérée quand cesseront les révoltes Le ministre de l'Intérieur souligne que l'armée est désormais à l'abri des interférences politiques

Le ministre de l’Intérieur Michel Murr a annoncé hier que le gouvernement pourrait reconsidérer le décret d’interdiction des rassemblements, en vigueur depuis 1993, lorsque cesseront les appels à des révoltes et à la désobéissance civile.
Dans une interview à la radio, M. Murr a, en outre, réaffirmé que le gouvernement était déterminé, dès sa prochaine séance, à prendre des mesures répressives à l’égard des initiatives de ce genre.
«Il n’y a pas de famine au Liban, mais une crise économique qui influe sur la situation sociale», a assuré M. Murr. «Il n’y a pas d’affamés, car on n’a jamais vu des affamés construire 300 logements sans permis», a-t-il souligné.
Répondant aux attaques du chef intégriste cheikh Sobhi Toufayli (VOIR PAGE 3), M. Murr a dit: «Nous vivons dans un Etat qui a des lois et des règlements. Nul ne saurait se permettre de construire sans permis et de dire qu’il refuse de payer les factures d’électricité, de téléphone et d’eau. Je soumettrai, lors du prochain Conseil des ministres, une proposition visant à appliquer la loi à tout le monde, en partant du principe que l’Etat est le plus fort et en soulignant le rôle de la justice qui est censée poursuivre tous ceux qui appellent à des révoltes et à la désobéissance civile».
Il a ajouté, qu’en vertu de sa proposition, l’armée et les Forces de sécurité intérieure seraient «chargées de réprimer ces mouvements, et non de réprimer les libertés».
«Nous pouvons permettre des rassemblements dans des situations normales et reconsidérer la décision du Conseil des ministres, mais nous ne saurions autoriser des rassemblements pour détruire l’usine d’incinération de Amroussiyé», a-t-il dit.
«A partir du prochain Conseil des ministres, nous ne ferons plus preuve d’aucun laxisme sur ces questions, car ou bien nous vivons dans un Etat, ou bien dans une ferme», a-t-il lancé, assurant que «l’interdiction des révoltes sera imposée à tous».
Qualifiant d’«électoral» le meeting de Meyrouba, organisé il y a huit jours par M. Roucheid el-Khazen, député du Kesrouan, M. Murr s’est longuement expliqué sur les raisons qui ont poussé le gouvernement à l’inaction le 4 juillet, lors du rassemblement organisé à Baalbeck à l’appel de cheikh Toufayli.
«Ce sont les grandes puissances qui ont retiré le pain de la bouche» des habitants de la région de Baalbeck-Hermel, et non l’Etat libanais, en s’abstenant de tenir leur promesse d’accorder les montants convenus pour aider les agriculteurs à transformer leurs cultures, après la destruction des champs de drogue, a affirmé le ministre.
C’est pourquoi, les autorités ont voulu, selon lui, «donner jusqu’à une certaine mesure» aux habitants de la région de Baalbeck-Hermel l’occasion d’exprimer leur mécontentement face aux pays donateurs, a-t-il déclaré.
Il a cependant accusé cheikh Toufayli d’être par la suite «allé trop loin en appelant à la révolte». «Lorsqu’il défendait les droits des gens, nous n’avions pas de problème avec lui, et si aujourd’hui il revenait à ses positions, nous nous rangerions à ses côtés», a-t-il dit.
De plus, a ajouté M. Murr, le Conseil des ministres a «enlevé tout prétexte» au mouvement de cheikh Toufayli «en adoptant un programme de 150 milliards de L.L. pour l’agriculture de la région».
«Les forces de l’ordre rempliront leur mission à l’encontre des contrevenants et prendront acte des violations, afin de sauvegarder les droits de l’Etat. Lorsque les appels à la révolte et à la désobéissance civile se calmeront, le décision d’interdire les rassemblements sera alors reconsidérée», a-t-il dit.

L’armée

Evoquant la fête de l’armée, M. Murr a souligné que le Liban disposait aujourd’hui d’«une armée nationale sous la conduite de son commandant en chef le général Emile Lahoud». «Nous sommes fiers de cette armée qui sait reconnaître maintenant son ennemi et son ami, et qui est devenue immunisée contre les interférences des hommes politiques», a-t-il estimé.
«Nous considérons que l’armée remplit sa mission de la meilleure façon et a déjà traversé de nombreuses épreuves avec beaucoup de succès pour son unité», a souligné le ministre, rappelant que l’armée avait attiré l’attention de l’étranger lorsqu’elle avait assuré le maintien de l’ordre lors de la visite du pape Jean-Paul II, en mai dernier.
Il a estimé, en réponse à une question, que la présence du chef du gouvernement, Rafic Hariri, à la cérémonie organisée à l’occasion de la fête de l’armée était «naturelle». M. Hariri «est fier de cette institution et a participé (à la cérémonie) avec un cœur ouvert», a-t-il affirmé.
M. Murr ne s’est pourtant pas empêché de lancer une pointe au premier ministre au sujet des voyages de ce dernier. Prié de s’expliquer sur les raisons de sa participation aux dernières visites à l’étranger de M. Hariri, le ministre a notamment déclaré: «Je désirais être proche de lui pour voir comment il travaillait à l’étranger. A une occasion, il a voulu connaître mon opinion et je lui ai répondu qu’il manquait quelqu’un à ces voyages, le ministre des Affaires étrangères».
Au sujet du projet de restructuration des FSI, M. Murr a déploré «les réactions confessionnelles étroites» à cette affaire. Il a indiqué qu’en vertu du projet de loi préparé à cet effet, de larges prérogatives seraient données au chef d’état-major des FSI. «Si le poste de chef de la gendarmerie ne revenait pas aux maronites, j’insisterai pour qu’ils obtiennent celui de chef d’état-major», a-t-il dit, indiquant que le projet n’avait pas encore été finalisé et que, de toutes façons, «les maronites obtiendront un poste aux prérogatives deux fois supérieures à celles du commandant de la gendarmerie».
Il a même ajouté que M. Hariri lui avait dit à ce propos que «si les maronites craignent la perte du poste de commandant de la gendarmerie, qu’ils prennent celui du directeur général des FSI, le poste le plus élevé» de cette institution.
M. Murr a par ailleurs rendu hommage aux propos tenus par le chef de l’Etat Elias Hraoui à l’occasion de la fête de l’armée, se rangeant «absolument aux côtés du président» au sujet notamment de la décentralisation administrative et de l’appel à faire évoluer le régime du statut personnel.
Le ministre de l’Intérieur Michel Murr a annoncé hier que le gouvernement pourrait reconsidérer le décret d’interdiction des rassemblements, en vigueur depuis 1993, lorsque cesseront les appels à des révoltes et à la désobéissance civile.Dans une interview à la radio, M. Murr a, en outre, réaffirmé que le gouvernement était déterminé, dès sa prochaine séance, à...