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Actualités - ANALYSE

Le pouvoir en quête de sa propre stabilité institutionnelle..

Usant d’un argument cher en général aux partisans de la monarchie constitutionnelle, un nostalgique de l’ancien pacte national note que «le système actuel prive le pays de la garantie de stabilité — politique, économique et sécuritaire — qu’offrait jadis une présidence de la République inamovible, alors que les autres instances changeaient régulièrement de titulaires. Aujourd’hui on voit qu’un éventuel remplacement du président Hariri poserait problème car il est considéré comme élément de stabilité et de confiance, alors qu’il n’y aurait pas de remous si d’aventure le président Hraoui voulait se retirer avant la fin de son mandat...».
Un constat qui se rapporte aux dispositions de la nouvelle Constitution, mais aussi, il faut bien le dire, aux volontés des décideurs comme à la personnalité ou à l’envergure de chacun des protagonistes locaux... Toujours est-il que cette personnalité rappelle qu’avant Taëf «la Constitution libanaise donnait au président de la République des pouvoirs encore plus étendus que ceux qu’il exerçait et que le camp d’en face trouvait excessifs! En effet, s’il voulait se conformer à la lettre de la Constitution, il aurait été habilité à former le gouvernement de ses propres mains, pour choisir ensuite parmi ses membres un premier ministre. Il aurait pu également renvoyer le Cabinet quand bon lui semblait, sans autre forme de procès. Comme on sait, la pratique était différente, beaucoup plus consensuelle: le président de la République prenait soin de consulter d’abord la Chambre, alors que rien ne l’y obligeait; ensuite, et toujours sans y être obligé, il faisait appel à une personnalité qui entreprenait à son tour des consultations parlementaires, après quoi, le chef de l’Etat et le président du Conseil désigné formaient ensemble le gouvernement. Et s’il est arrivé à un président de la République de souhaiter, et d’obtenir, la démission d’un Cabinet, il ne lui est jamais arrivé d’en révoquer un, bien qu’il en eut le droit... On voit que la République était dotée d’une présidence assez forte pour ne pas user de tous ses pouvoirs constitutionnels et qui, très naturellement, assurait par son poids même tout l’équilibre de la balance interne. Les autres éléments ne pouvaient assurer au pays politique qu’une stabilité proportionnelle à leur propre solidité dont ils n’étaient même pas les maîtres. En effet, le chef du gouvernement pouvait sauter à tout moment, sur un simple signal donné par le chef de l’Etat à la Chambre où il disposait toujours d’une confortable majorité. Laquelle était également nécessaire à tout postulant à la présidence de l’Assemblée, dont le mandat n’était que d’un an... Somme toute, à de rares exceptions près, tous ceux qui rêvaient de devenir (ou de rester) présidents de la Chambre ou premiers ministres, couraient après les bonnes grâces du président de la République et ainsi, soumis à la baguette d’un seul chef, l’orchestre rendait des sons sinon harmonieux du moins cohérents. S’il y avait différend entre le président de la République et le chef du gouvernement, ce dernier était immanquablement voué à perdre la partie et à se retirer, son successeur comprenant fatalement qu’il lui faudrait se montrer docile. La même chose pour les ministres, qui n’avaient plus qu’à contresigner les décisions prises en haut et nécessairement approuvées par le président du Conseil. Généralement un ministre qui n’était pas d’accord se contentait de faire consigner ses réserves et très rarement il est arrivé qu’il démissionnât. Avec une seule tête effective, un pays est plus stable dans tous les domaines. Les Libanais avaient assez de bon sens pour le comprendre. A preuve qu’ils ont toujours refusé, même en pleine révolution, même en pleine guerre, que le Président quittât la barre avant la toute dernière seconde de son mandat, comme on l’avait vu en 58 avec Chamoun et en 76 avec Frangié».
«Aujourd’hui, conclut cette personnalité, le Taëf tronqué qui est appliqué produit un système hybride, indéfinissable. Le pouvoir exécutif est nominalement attribué au Conseil des ministres mais il est exercé en réalité par la troïka, c’est-à-dire par une entité qui ne se limite pas au chef de l’exécutif mais englobe aussi le chef du législatif... Et comme ces présidents sont rarement d’accord, et comme ils se soucient bien plus de leurs acquis propres que d’une politique d’Etat cohérente, le navire tangue tout le temps. Et par les brèches, c’est l’eau qui entre et la confiance qui s’en va...»
C’est sans doute exact mais personne, pas même Baabda, n’envisage un retour aux règles du passé...

E. K.
Usant d’un argument cher en général aux partisans de la monarchie constitutionnelle, un nostalgique de l’ancien pacte national note que «le système actuel prive le pays de la garantie de stabilité — politique, économique et sécuritaire — qu’offrait jadis une présidence de la République inamovible, alors que les autres instances changeaient régulièrement de...