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Actualités - CHRONOLOGIE

Vient de paraître "Nous reviendrons à Beyrouth" d'Elie-Pierre Sabbagh Louise ou l'innombrable souffrance... (photos)

«Nous reviendrons à Beyrouth» (Editions Arléa) est le deuxième roman d’Elie-Pierre Sabbag. Sorti en mai à Paris, il est actuellement disponible à Beyrouth. Sabbag y raconte plusieurs destins qui se croisent et font un bout de chemin ensemble, avant de se séparer, dans une soumission insigne au destin, dans une inertie quasi totale.

Il y a Louise, née à Beyrouth, et qui, à 18 ans, quitte le nid familial pour aller faire ses études à Paris. L’amour l’y surprend. Elle épouse Jacques, un Français, et ils ont ensemble un enfant, une fille, Nadia. Autour de Louise, Nayla, l’amie libanaise qui l’a accompagnée en France et Graxx, un peintre de génie espagnol qui la promène d’exposition en exposition... Sa vie est bien réglée. Elle a définitivement tourné le dos au pays, à ses parents et à Karim son frère médecin. Mais, après dix ans de bonheur, un accident chamboule sa vie, elle se retrouve clouée dans un fauteuil roulant, véritable légume. Elle ne peut plus s’exprimer qu’avec les yeux...
Après l’accident, Jacques a assumé son rôle avec dévouement. Il a nourri, porté, lavé sa femme, sans renâcler...
Graxx, c’est le peintre fou, l’artiste espagnol qui a quitté Barcelone pour Paris. Amoureux de Louise, il quitte Paris après l’accident et connaît le succès à New York...
Comme une parenthèse qui se referme, l’étape parisienne s’achève... Et comme un hymne à l’amour, le retour aux sources redonne vie à des âmes en peine...
Elie-Pierre Sabbag, 42 ans, est un bourlingueur. «J’ai mis du temps» dit-il «à me rendre compte qu’il fallait que je me mette à écrire». Il publie «L’ombre d’une ville» (éditions Buchet-Chastel) en 1993 et il lui faut quatre ans pour sortir un deuxième titre. «Je suis un peu lent et j’ai d’autres activités» indique-t-il.
Sabbag est-il obsédé par Beyrouth? «Je suis Libanais, il est normal que je puise dans mes souvenirs et dans ma ville pour écrire. Cela dit, il y a encore pas mal de «Beyrouth» dans ce livre, mais beaucoup moins que dans le premier. De roman en roman, ça s’effiloche».

Réactions

«Nous reviendrons à Beyrouth» est un roman dans lequel le sentiment d’apathie est très fort. «J’ai toujours été impressionné par les gens qui ne réagissent pas, qui subissent tout ce qui leur arrive sans chercher à s’y opposer» dit Elie-Pierre Sabbag. «C’est cette idée que j’ai voulu reproduire dans ce livre. Louise décide d’aller à Paris, un peu par caprice d’ailleurs. Ensuite, elle va tout subir: son amour, son mariage en l’absence de ses parents empêchés de venir par la guerre, et enfin son accident». Sabbag s’explique, «Louise est «psychologiquement morte». Elle accepte tout ce qui lui tombe dessus». Il en va de même pour Jacques et pour Karim. «Mais chacun des deux réagit différemment:Jacques s’éloigne de celle qu’il a aimée, il regrette presque d’avoir sacrifié sa vie en restant aux côtés d’une tétraplégique; Karim est un grand homme, un type qui assume jusqu’au bout ses choix».
Quant à Graxx, c’est un chevalier des temps modernes. Son amour, réchappé du poids étouffant du sacrifice, a gardé toute sa fougue, sa flamboyance.
Les personnages d’Elie-Pierre Sabbag affichent des attitudes choquantes: Louise qui, une fois mariée, tourne définitivement le dos à ses racines et à ses parents; ces derniers qui, malgré le coup terrible qu’elle subit et l’affection qu’ils lui portent, ne viennent pas à Paris la soutenir... «Selon que le lecteur soit Libanais ou Français, les réactions ne sont pas du tout les mêmes» souligne Sabbag, amusé. «Les Français n’ont pas du tout été choqués par cette indifférence familiale. Les Libanais ont tous relevé l’invraisemblance des réactions. Et pourtant ça existe»...
A partir du moment où Louise est immobilisée, le récit s’immisce dans ses pensées. Ainsi, le lecteur peut suivre les choses avec les yeux ou le regard de la malade. «C’est peut-être la partie du livre que j’ai le plus aimé écrire» dit Sabbag. «Je me mettais dans la peau de cette femme qui ne pouvait plus bouger mais dont le cerveau fonctionnait encore parfaitement bien et qui n’avait presque pas de réflexe de révolte».
L’exil est présent, en filigrane. «Louise vit un exil forcé. C’est la guerre qui la garde clouée à Paris. Graxx est un exilé volontaire. Karim est un exilé à l’intérieur même de son pays».
Le roman a pour ambition de transporter le lecteur... Il ne l’emmènera jamais plus loin que la mémoire de son auteur.

Aline Gemayel
«Nous reviendrons à Beyrouth» (Editions Arléa) est le deuxième roman d’Elie-Pierre Sabbag. Sorti en mai à Paris, il est actuellement disponible à Beyrouth. Sabbag y raconte plusieurs destins qui se croisent et font un bout de chemin ensemble, avant de se séparer, dans une soumission insigne au destin, dans une inertie quasi totale.Il y a Louise, née à Beyrouth, et qui, à...