Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

La voie de Kfarfalous : solution ou problème ?

A la lumière des conditions que pose Antoine Lahd, commandant en chef de l’«Armée du Liban-Sud», on peut se demander si la réouverture de la voie de passage de Kfarfalous constituerait effectivement une solution au problème des habitants de Jezzine.
Qu’exige donc le général Lahd? Que la route soit ouverte à tous sans exception; mais qu’elle soit aussi interdite aux «organisations terroristes»; qu’aucune force ne se déploie dans la zone, de manière à instaurer un no man’s land entre les positions de l’armée libanaise à Aïn el-Mir et celles de l’ALS près de Kfarfalous. Si toutes ces conditions ne sont pas remplies, gare aux bombardements et donc à la fermeture de la voie de jonction, prévient Lahd.
Or les autorités libanaises estiment que la réouverture de cette route doit être inconditionnelle pour assurer le libre déplacement des citoyens. Ces derniers seraient soumis toutefois à un contrôle de la part des services de sécurité, de sorte qu’aucun élément perturbateur ne puisse s’infiltrer à travers la voie de passage et semer le trouble dans la région.
Justement, c’est ce que craignent les observateurs: une détérioration de l’état de la sécurité qui ne remettrait pas seulement en cause la réouverture de la voie de Kfarfalous, mais aussi la situation de Jezzine dans son ensemble. En mettant en garde contre un règlement partiel dans ce caza, Lahd se pose ainsi comme l’interlocuteur obligé de l’Etat. Mais, de toute évidence, le Liban officiel refuse tout dialogue avec le commandant de l’ALS ou même avec le gouvernement israélien tant que celui-ci n’est pas disposé à appliquer la résolution 425 de l’ONU. Quoiqu’en dise Lahd, Jezzine reste un territoire occupé... même si c’est lui qui en a le contrôle et non l’Etat hébreu.
Les députés de la région excluent une reprise des combats dans la zone de Kfarfalous pour la simple raison que d’autres voies de passage auraient pu être exploitées à cette fin, comme par exemple, celle de Bater.
De son côté, le ministre Nadim Salem compte évoquer le statut de Jezzine lors de la prochaine réunion du Conseil des ministres. Selon lui, cette région devrait être considérée comme étant à l’extérieur de la bande frontalière occupée, et la résolution 425 ne devrait donc pas s’y appliquer.
M. Salem estime ainsi qu’il faudrait demander au général Lahd de se retirer de Jezzine pour laisser l’armée libanaise prendre en charge sa sécurité puisque lui-même invite l’Etat à assumer ses responsabilités à l’égard des habitants de la zone. Quant à ses hommes, ils subiraient le même sort que celui des autres miliciens libanais dont les formations avaient été dissoutes à l’issue de la guerre.
D’autres ministres sont toutefois plus sceptiques quant aux bonnes intentions du chef de l’ALS. Pour eux, en effet, le général Lahd cherche à entraîner l’Etat dans un dialogue avec lui en prélude à des négociation directes avec Israël, l’objectif étant de parvenir à un accord sur des arrangements de sécurité dans la région. Là encore, ce serait faire le jeu de l’Etat hébreu qui commencerait par «Jezzine d’abord» pour finir avec «le Liban d’abord».
D’où le souci actuel des autorités d’obtenir simplement la réouverture de la route de Kfarfalous et une accalmie qui empêcherait Israël de procéder à une attaque d’envergure sous prétexte d’une escalade militaire dans la région.

E.K.
A la lumière des conditions que pose Antoine Lahd, commandant en chef de l’«Armée du Liban-Sud», on peut se demander si la réouverture de la voie de passage de Kfarfalous constituerait effectivement une solution au problème des habitants de Jezzine.Qu’exige donc le général Lahd? Que la route soit ouverte à tous sans exception; mais qu’elle soit aussi interdite aux...