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Actualités - ANALYSE

L'affaire irakienne : un impair dont Beyrouth supporte seul les conséquences

Comme il faut meubler l’espace dit politique pendant les vacances tout en entretenant les bonnes vieilles habitudes de polémiques vaines, on se penche encore aujourd’hui sur l’affaire du barrage opposé aux Irakiens interdits de Jeux... et qui ont riposté aussitôt en annulant la visite qu’une délégation commerciale devait effectuer à Beyrouth pour rétablir des relations économiques rompues depuis la guerre du Golfe, aux dépens du reste du Liban dont Bagdad, avec 40% des exportations, était dans le temps le meilleur client.
A Beyrouth donc on ergote beaucoup actuellement sur ces questions: l’impair est-il imputable aux autorités libanaises, à l’Arabie Séoudite et au Koweit ou à la Ligue arabe? Le Liban a-t-il servi encore une fois de bouc émissaire, d’exutoire aux rancœurs des uns et des autres à cause de sa faiblesse congénitale?
«Il ne faut pas chercher à se le cacher, répond un ancien ministre, c’est le Liban qui est le premier responsable de l’offense infligée à l’Irak, même s’il n’est pas le seul. C’est en effet sur son territoire que se déroulent les Jeux, c’est lui qui en a interdit l’accès aux sportifs irakiens et c’est lui qui assume les conséquences, négatives ou positives, de cette décision. A priori, estime cet ancien responsable, toute nation, toute instance qui organise une rencontre sportive doit respecter la règle naturelle qui veut qu’on ne mélange pas le sport et la politique. Mais elle peut légitimement se préoccuper de ne fâcher personne et de ne pas se brouiller avec des gouvernements auxquels en plus elle doit de la reconnaissance. Partant de ces principes, avant de lancer les invitations, les autorités locales auraient dû s’informer de la position séoudienne et koweitienne; puis faire intervenir, pour faire accepter la participation irakienne à tous, la Syrie et d’autres pays arabes, ainsi que la Ligue. Les médiateurs auraient usé d’arguments convaincants en relation avec la situation régionale qui implique une promotion maximale de la solidarité arabe et du rapprochement de tous, notamment sur le plan économique, pour faire face aux provocations israéliennes dangereuses pour tous. Une ligne logique que Damas a adoptée pour sa part depuis l’avènement de Netanyahu et la création d’un axe israélo-turc dirigé contre lui autant que contre Bagdad ou les pays du Golfe».
«En cas d’échec de ces démarches et d’obstination séoudo-koweitienne, le Liban officiel, sans se fier pour une telle mission délicate à la Ligue arabe comme il a cru pouvoir le faire, devait par rectitude entrer lui-même en contact direct avec les autorités irakiennes, leur exposer le problème en insistant sur les tentatives effectuées pour lever tout interdit et en expliquant simplement, qu’il était obligé de donner satisfaction aux deux riches pays pétroliers ne serait-ce que parce qu’ils avaient payé une grosse partie de la facture de la reconstruction de la Cité sportive, quelques centaines de millions de dollars dont nous n’avons déboursé que 50... L’Irak aurait peut-être fait montre de compréhension, peut-être pas, mais nous aurions joué le jeu loyalement avec tout le monde et personne ne se serait senti offensé ou trahi. Or, on a accumulé les fautes et ainsi on n’a même pas pris la peine de prévenir la délégation irakienne qui attendait à Masnaa et de lui exposer les raisons du refus de la laisser entrer au Liban, en la laissant mariner sur place pendant deux jours pleins... Globalement les responsables actuels se sont comportés comme s’ils ne se souciaient pas du tout des réactions irakiennes et de leurs conséquences, économiques ou autres, alors qu’il aurait été facile de les parer par des contacts diplomatiques déterminés, tout en gardant d’excellents rapports avec l’Arabie Séoudite et le Koweit. Par leurs bévues ils ont servi les desseins des parties qui souhaitent que le Liban reste faible, ait des ennemis et ne puisse pas se redresser vraiment, politiquement et économiquement. Il est étrange que M. Rafic Hariri ne se soit pas souvenu de ses propres observations, lui qui a dénoncé devant la Chambre «ceux qui se jouent du pays, chose connue qui n’est pas nouvelle et nous savons presque tous de qui il s’agit comme nous savons que c’est là le lot réservé à ce pays (...) Chaque action positive suscite des critiques, soulève des nuages de poussière, des bobards puis l’on clôt le dossier en attendant le prochain sujet...». C’est fort bien vu, reprend en conclusion l’ancien ministre, à cette nuance près qu’il vaudrait mieux quand on veut tenir un tel discours ne pas justifier les critiques et ne pas donner aux contempteurs des occasions trop faciles de s’en prendre au pouvoir en laissant des parties créer un problème comme l’affaire irakienne...».

E.K.
Comme il faut meubler l’espace dit politique pendant les vacances tout en entretenant les bonnes vieilles habitudes de polémiques vaines, on se penche encore aujourd’hui sur l’affaire du barrage opposé aux Irakiens interdits de Jeux... et qui ont riposté aussitôt en annulant la visite qu’une délégation commerciale devait effectuer à Beyrouth pour rétablir des relations...