L'OTAN s'inquiète de la prolifération des armes au P.O. Projet de formation militaire germano-US

Bonn projette la création avec Washington d’une deuxième formation militaire binationale, après la Brigade franco-allemande, une unité de défense antiaérienne censée contrer de nouvelles menaces contre l’OTAN et renforcer un partenariat transatlantique traditionnel.
Les ministères allemand et américain de la Défense travaillent à la création à partir de 1998 de cette unité, qui sera affectée à la défense du territoire de l’Alliance, mais pourra également être engagée sur les théâtres de crise internationaux, après approbation nationale, a-t-on appris de source gouvernementale hier à Bonn.
Forte d’environ 500 hommes, elle sera équipée de missiles antiaériens et antimissiles Patriot, Hawk et Roland. Elle disposera avec le Patriot américain, qui a gagné son bâton de maréchal lors de la Guerre du Golfe, du «seul système à offrir une protection limitée contre les engins balistiques tactiques», a expliqué le ministère allemand. «Et c’est précisément dans ce domaine que la multiplication des risques représentés par la prolifération des technologies de missiles et des armes de destruction de masse nous inquiète», a-t-il souligné.
«Seule la périphérie de l’Alliance est aujourd’hui concernée, a-t-il concédé, mais, à long terme, l’Allemagne pourrait elle aussi se trouver à portée de telles armes si nous ne parvenons pas à stopper cette prolifération». L’OTAN prête une attention particulière de ce point de vue aux développements au Proche-Orient, sur le flanc sud de l’Alliance notamment, rapportait-on dans les milieux militaires. La nouvelle unité antiaérienne, constituée d’unités américaines stationnées en Allemagne et d’une unité allemande, disposera d’un état-major intégré dirigé alternativement par un officier américain et un officier allemand, qui se relaieraient tous les trois ans. La coopération sera mise sur les rails en deux temps: l’échange d’éléments de liaison à partir de 1998 et l’intégration des états-majors à partir de 1999.
Les négociations en cours entre les deux pays sont «quasiment bouclées», a-t-on assuré côté allemand. Elles s’inscrivent dans le cadre de la prolongation jusqu’en 2005 d’un accord Roland/Patriot passé par les deux pays le 6 décembre 1983. Bonn et Washington sont convenus de cette prorogation et les avenants à l’accord de 1983 doivent être paraphés au cours de la deuxième moitié de 1997, a indiqué le ministère allemand.
Roland/Patriot dotait la Bundeswehr de 36 systèmes d’armes Patriot. Pour des raisons financières, l’Allemagne n’en avait acquis que 12. Douze autres devaient lui échoir en 2001. Les 12 restants étaient prêtés. En contrepartie, la Bundeswehr pourvoyait ces systèmes en hommes, assurait la maintenance et contribuait avec 27 systèmes allemands Roland à la protection des bases américaines en Allemagne.

Le ministère de la Défense a relevé «l’importance considérable» qu’il y a à «associer sur la durée les Etats-Unis et leurs remarquables systèmes de défense antiaérienne Patriot dans la défense intégrée de l’Alliance».

La création de cette unité s’intègre dans un programme d’intensification de la coopération militaire bilatérale. Il s’agit ainsi de donner une seconde jeunesse à un partenariat traditionnel, qui s’était relâché après la fin de la confrontation Est-Ouest et avait pâti de la réduction drastique de la présence américaine en Allemagne et de la part faite à la coopération franco-allemande, analysait le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung.