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Actualités - DISCOURS

Cérémonie de remise de diplômes au campus des sciences et technologiques de l'USJ Abou : la mondialisation provoque la résurgence des particularismes culturels

Une cérémonie de remise de diplômes a eu lieu samedi au campus des sciences et technologies de l’Université Saint-Joseph, à Mar Roukoz, en présence, notamment, du ministre des Travaux publics, M. Ali Harajli, du recteur de l’USJ, le R.P. Sélim Abou, des professeurs et des parents des étudiants. Au total, 301 étudiants ont reçu leurs diplômes. Le nombre de diplômés par faculté se répartit comme suit: Ecole supérieure d’ingénieurs de Beyrouth, (ESIB) 93 diplômés; Ecole supérieure d’ingénieurs d’agronomie méditerranéenne (ESIAM), 13 diplômés; Institut national de la communication et de l’information (INCI), 46 diplômés; Institut universitaire de technologie-gestion (IUT), 149 diplômés.
Le ministre des Travaux publics a prononcé à cette occasion une allocution au cours de laquelle il a souligné que la fin des études universitaires des nouveaux diplômés coïncide avec «deux événements mondiaux de première importance: la mission de la sonde terrestre sur Mars et la réussite de la première expérience de clonage». Mettant l’accent sur les nombreux défis que les diplômés devront affronter dans les circonstances présentes, M. Harajli a invité les nouveaux ingénieurs à concilier entre «leur réussite personnelle et matérielle rapide, qui est le principal critère de réussite pour le Libanais actuellement, et les impératifs de l’édification d’institutions d’ingénierie».
«Avant la guerre, a poursuivi M. Harajli, les administrations étatiques assuraient de larges débouchés aux cadres supérieurs. Aujourd’hui, les ingénieurs compétents s’abstiennent de travailler dans les institutions étatiques. A quel avenir faut-il donc s’attendre, et quelle pourrait être la situation de l’Etat dans de telles conditions? A quoi serviraient donc ces importants investissements pour la reconstruction de l’infrastructure de base et à quoi servirait ce large endettement qu’il vous faudra, vous, assumer? Il faudrait envisager ensemble un moyen qui permettrait à une grande partie d’entre vous de s’intégrer dans les institutions étatiques car l’Etat a plus que jamais besoin de centaines, voire de milliers d’ingénieurs et de techniciens compétents». En conclusion, M. Harajli a dénoncé «les dissensions confessionnelles qui menacent l’unité nationale».
De son côté, le père Abou a commencé par indiquer que le campus des sciences et technologies s’est enrichi de nouveaux centres de recherche, de nouvelles formations de troisième cycle et d’une faculté des sciences qui ouvrira ses portes en octobre prochain.
S’adressant aux nouveaux diplômés, le recteur de l’USJ a mis l’accent sur le rôle qu’ils devront assumer dans le contexte international actuel marqué essentiellement par la mondialisation. «De par vos spécialités, a notamment déclaré le père Abou, vous êtes, plus que d’autres, concernés par un des phénomènes sociaux majeurs de cette fin de siècle, celui de la mondialisation. C’est en effet la mondialisation des technologies qui est à la base de la globalisation économique et financière qui caractérise notre monde d’aujourd’hui, qu’il s’agisse des sociétés développées ou des sociétés en développement. Perspective sans doute exaltante car, comme le dit un sociologue, la mondialisation donne le sentiment «d’appartenir au monde, que ce soit celui des marchés pour les marchands, l’ordre mondial pour les stratèges, l’universel pour les individus-citoyens». Perspective préoccupante aussi, car la mondialisation des technologies, des finances et de l’économie a pour contrepartie la résurgence, parfois exacerbée, des particularismes culturels, c’est-à-dire la réaction des diverses sociétés, quelles qu’elles soient, contre l’anonymat sécrété par la globalisation et leur volonté de redéfinir chacune son identité spécifique».
«De par vos spécialités, a ajouté le père Abou, vous serez, que vous le vouliez ou non, des agents de la mondialisation au Liban. Mais il y a une différence radicale entre le fait d’être les rouages d’un mécanisme aveugle que l’on subit passivement et le fait d’être les acteurs d’un mouvement que l’on tente de maîtriser pour le moduler en fonction des besoins de sa société. Cette seconde attitude, la seule justifiable, suppose un regard critique lucide sur la mutation de civilisation déterminée par la mondialisation des échanges, sur sa portée et ses incidences. Cette lucidité ne peut être que le résultat d’un effort continu de réflexion, d’analyse et de synthèse à fournir tout au long de votre carrière».
«La mondialisation de la finance et de l’économie doit largement son extension à «l’alliance des télécommunications et de l’informatique qui travaillaient jusqu’ici séparément». De cette alliance résulte le double phénomène de la compression de l’espace et de l’accélération du temps, c’est-à-dire aussi bien une modification profonde de notre rapport à ces cadres de toute connaissance que sont l’espace et le temps. Désormais, nous sommes appelés à penser notre action autrement que nous ne le faisions jusqu’ici, à la penser en fonction de l’interdépendance de toutes les activités humaines, de quelque ordre qu’elles soient, de l’interpénétration des sociétés, quel que soit leur degré de développement, de la diffusion de formes culturelles mondiales»...
...Et le père Abou de conclure: «Quant à l’éthique, il convient de distinguer les valeurs qui émanent d’une culture dominante, celle d’une grande puissance ou d’une superpuissance, et les valeurs qui émanent de l’humanité de l’homme, c’est-à-dire de sa nature rationnelle et libre, même si leur codification a été formulée dans une région déterminée du monde. Les premières, qui caractérisent un style de vie particulier, sont contingentes; elles ne devraient être accueillies qu’avec discernement et circonspection. Les secondes, qui explicitent ce qu’on appelle le droit naturel, c’est-à-dire le principe de l’égalité des êtres raisonnables et libres, obligent tout homme en conscience. La seule mondialisation éthique à promouvoir est celle de ces valeurs, inscrites dans la charte des droits de l’homme qui, dans notre pays et notre région, est loin d’être respectée».
Une cérémonie de remise de diplômes a eu lieu samedi au campus des sciences et technologies de l’Université Saint-Joseph, à Mar Roukoz, en présence, notamment, du ministre des Travaux publics, M. Ali Harajli, du recteur de l’USJ, le R.P. Sélim Abou, des professeurs et des parents des étudiants. Au total, 301 étudiants ont reçu leurs diplômes. Le nombre de diplômés par...