Selon des observateurs avertis, «constatant lors du dernier Conseil que ses propositions faisaient l’objet d’une résistance organisée, M. Hariri n’a pas engagé de suite un bras de fer, préférant éluder la confrontation pour prendre le temps de s’informer plus à fond sur le groupe d’objecteurs, sur ses buts, ses contacts, ses alliances et le degré de protection que les décideurs lui accorderaient, si tant est qu’il y a protection... Il est essentiel en effet de savoir si l’opération est téléguidée ou pas. Et même en cas de réponse négative, il est important de déterminer les parties locales qui, hors du gouvernement, pourraient soutenir ce mouvement. A vrai dire, les noms des ministres concernés donnent déjà par eux-mêmes une idée de l’éventail, assez étendu, des forces politiques résolues à contrer M. Hariri de l’intérieur du système. Mais on doit également rappeler les limites évidentes d’une telle action, à savoir qu’il est toujours interdit à l’heure actuelle de torpiller le gouvernement et a fortiori de mettre politiquement M. Hariri hors-jeu. Ces tabous «régionaux» le président du Conseil ne les ignore pas de son côté et ils représentent même, comme on l’a vu à la Chambre lundi dernier, une arme absolue entre ses mains, dans la mesure où son immunité quasi totale lui permet de répondre à tout attaquant: trouvez donc mieux...»
«D’ailleurs, soulignent ces sources, très rares sont les opposants de l’intérieur qui voudraient vraiment saborder le gouvernement. Ils savent que cela serait inutile et que le seul résultat serait qu’ils risqueraient d’y perdre leur poste, comme cela était arrivé avec le premier Cabinet Hariri d’où les frondeurs avaient été éliminés, avec l’aide des décideurs ou obligés de faire amende honorable, de se rallier à M. Hariri. De plus, certains d’entre eux ne se définissent pas comme des adversaires politiques du chef du gouvernement mais précisent qu’ils entendent critiquer objectivement son action quand elle semble le mériter ce qui, ajoutent-ils, est un peu trop souvent le cas ces derniers temps...».
Ces personnalités indiquent ensuite, qu’à la surprise de tout le monde, «le président Rafic Hariri a placé sur la table du Conseil mercredi dernier un plan d’une importance extrême, englobant des projets d’un devis supérieur à un milliard de dollars, en affirmant qu’on les financerait avec des bons du Trésor! Cette perspective de surendettement, dans un pays qui n’arrive déjà pas à s’en tirer, a plongé dans l’effroi les ministres et même certains haririens ont protesté... Devant ces réactions d’indocilité, M. Hariri n’a pas trop insisté, esquivant pour l’heure la confrontation mais précisant qu’il ne renoncerait pas à ses projets. En tout cas, une trêve jusqu’à septembre prochain a été conclue d’un accord tacite et en attendant il est probable que les deux parties vont déployer chacune de son côté des efforts en direction des présidents Elias Hraoui et Nabih Berry, qui jusque-là restent neutres en apparence, pour gagner leur appui».
Ph. A.-A.
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