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Actualités - CHRONOLOGIE

Les affrontements d'hier ont fait 17 blessés Les batailles de Hébron illustrent l'impasse du processus de paix (photos)

Ce qu’il est désormais convenu d’appeler les «batailles de Hébron», qui opposent jeunes palestiniens et militaires israéliens depuis quatre semaines, illustre bien l’impasse du processus de paix et l’exacerbation de la population face à la poursuite de la colonisation. Pierres contre balles caoutchoutées, bouteilles incendiaires et bombes artisanales contre grenades à souffle: jour après jour, des Palestiniens se heurtent aux forces israéliennes qui continuent à occuper une partie de la ville sous le regard impuissant des observateurs internationaux (VOIR AUSSI P. 8).
Quinze manifestants palestiniens et deux militaires israéliens ont été blessés hier dans la ville lors d’affrontements qui font suite à quatre semaines de violences.
Les militaires ont ouvert le feu avec des balles caoutchoutées, blessant quinze manifestants, dont l’un a été sérieusement atteint à la tête et a dû être opéré, selon des sources médicales. Les deux militaires ont été légèrement blessés, respectivement par une bouteille incendiaire et par une bille lancée à l’aide d’une fronde, selon des témoins. Les jeunes protestataires ont jeté des dizaines de bouteilles incendiaires et trois engins explosifs artisanaux sur les soldats, a-t-on indiqué de sources militaires.
Le commandant de la région centre d’Israël, le général Uzi Dayan, est venu sur place sous bonne escorte et a lancé un avertissement à la population palestinienne, assurant qu’il pouvait lui «rendre la vie très difficile» si les manifestations se poursuivaient.
Plusieurs colons extrémistes ont conspué le général Dayan et le général Gaby Ofir, commandant des forces israéliennes en Cisjordanie, leur reprochant de ne pas être assez fermes pour ramener le calme, ont indiqué des témoins.
L’armée israélienne a mis Hébron en état de siège depuis une semaine, barrant les routes secondaires et installant de nouveaux postes de contrôle sur les deux routes principales reliant la ville à l’extérieur.
Les heurts ont commencé avant la prière musulmane du vendredi, lorsque des dizaines de Palestiniens ont investi les rues étroites du centre-ville et mis le feu, devant les soldats, à six drapeaux israéliens confectionnés à l’aide de morceaux de toile.
Jeudi, deux Palestiniens avaient été blessés par les militaires lors d’une reprise des violences après quatre jours de calme.
Des affrontements qui durent depuis quatre semaines à Hébron entre militaires israéliens et manifestants ont fait quelque 250 blessés côté palestinien, la plupart légèrement atteints, et 18 parmi les soldats.

Un triste privilège

Un groupe de colons extrémistes, le «Comité pour la sécurité sur les routes», a revendiqué jeudi l’incendie d’une usine palestinienne de literie, mercredi soir à Hébron. Le même soir, des coups de feu tirés par un assaillant non identifié avaient visé une maison occupée par des colons.
La tension est montée à Hébron depuis que des extrémistes juifs ont diffusé, fin juin, des tracts injurieux pour l’islam, qui représentaient le prophète Mahomet sous les traits d’un porc.
Le processus de paix israélien est bloqué depuis quatre mois autour d’une querelle sur les colonies juives dans les territoires occupés. Les Palestiniens exigent l’arrêt des activités de colonisation, alors que le gouvernement de M. Benjamin Netanyahu entend continuer à les promouvoir.
Hébron focalise, depuis le début de l’occupation israélienne, il y a trente ans, le conflit entre colons et habitants palestiniens. Cette cité austère, aux portes du désert, est en effet la seule localité de Cisjordanie où vivent des colons, quelque 400 personnes, qui ont créé un ghetto armé au cœur d’une ville arabe hostile de 120.000 habitants.
Ils ont imposé aux gouvernements israéliens leur présence qui allait s’avérer une source continuelle de confrontations sanglantes, qui ont culminé avec le massacre de 29 fidèles musulmans par un colon, le 25 février 1994, dans la mosquée d’Abraham (Caveau des Patriarches).
En raison de la présence des colons, Israël a refusé d’évacuer Hébron, contrairement aux sept autres cités de Cisjordanie qui ont bénéficié des accords d’autonomie depuis 1993.
Les forces israéliennes se sont redéployées en janvier autour du Caveau des Patriarches et des maisons des colons, laissant les 4/5es de la ville accéder à l’autonomie. Du coup, Hébron est venue s’ajouter à la liste des villes du monde qui ont le triste privilège d’être divisées.
Ce qu’il est désormais convenu d’appeler les «batailles de Hébron», qui opposent jeunes palestiniens et militaires israéliens depuis quatre semaines, illustre bien l’impasse du processus de paix et l’exacerbation de la population face à la poursuite de la colonisation. Pierres contre balles caoutchoutées, bouteilles incendiaires et bombes artisanales contre grenades à...