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Actualités - CHRONOLOGIE

Débat de politique générale - Jour II Les ténors évoquent des dossiers brûlants et critiquent la gestion de Hariri

Des vingt-cinq députés qui se sont succédé hier à la tribune du Parlement, une poignée seulement ont réellement débattu de la politique du gouvernement en prenant comme point de départ la déclaration ministérielle qui définit les orientations de l’Exécutif. La plupart des parlementaires qui ont pris la parole ont voulu semble-t-il mettre à profit la retransmission des débats en direct à la télévision pour s’adresser à leur électorat. Il n’en demeure pas moins que d’autres députés ont abordé des questions particulièrement importantes sur les plans politique, économique, financier, judiciaire et sécuritaire. De la révolte des affamés avec les arrestations opérées dans son sillage, aux dernières décisions agricoles du gouvernement, à l’épineux dossier des déplacés, les sujets brûlants auront finalement été évoqués. Et c’est la question des déplacés qui a retenu l’attention des observateurs avec l’annonce par le premier ministre, M. Rafic Hariri, qu’un projet de loi prévoyant la suppression de la tutelle du chef du gouvernement sur la caisse centrale des déplacés avait été soumis hier à la Chambre. Ce texte a été proposé après une intervention de M. Hariri au cours de laquelle il a demandé sur un ton irrité au bloc parlementaire de M. Walid Joumblatt, de prendre en charge désormais ce dossier. Ceci a provoqué une vive réaction de M. Zaher el-Khatib qui a accusé M. Hariri de se désister de ses responsabilités. Une altercation devait opposer les deux hommes à ce sujet à la fin de la séance. M. el-Khatib est revenu à la charge en affirmant qu’en rejetant sur le bloc de Joumblatt la responsabilité du règlement de l’affaire des déplacés, M. Hariri exerçait «un chantage». Le premier ministre s’est défendu d’une telle accusation, déclarant que le dossier des déplacés restait en tête des préoccupations de l’Exécutif.
La séance d’hier a commencé à 10h30 alors que seuls quatre ministres et une vingtaine de députés étaient présents.
Premier à prendre la parole, M. Ismaïl Sukariyé estime que cette séance parlementaire ne remplit pas les fonctions qui doivent être les siennes parce qu’elle s’est transformée en gaspillage de paroles.
Il s’élève contre le confessionnalisme qui gère la distribution des postes administratifs et les scandales qui éclatent ici et là, soulignant que l’Université libanaise s’est transformée en un lieu de tiraillements entre les pôles d’influence.
L’intervention de M. Sukariyé est courte. «Je ne parlerais pas des réalisations accomplies par ce gouvernement et elles existent, car je ne veux pas participer à ce gaspillage de paroles. C’est pour cela que je décide de me taire», conclut le député de la Békaa avant de quitter la tribune.
L’intervention de Wadih Akl, député du Chouf, s’articule autour de deux points principaux: l’autoroute arabe, le périphérique, l’entrée nord de Beyrouth, et le dossier des déplacés.
Concernant le premier point, le député se demande comment les ministres ont pu voter, le 11 juin dernier, un projet aussi important 48 heures seulement après qu’ils en eurent pris connaissance. Il est interrompu à plusieurs reprises par le premier ministre qui est rappelé à l’ordre par M. Berry. «Laissez le député terminer puis vous expliquerez votre point de vue», lui déclare le président de la Chambre. Avec résignation M. Hariri regagne son fauteuil. M. Akl attaque alors l’épineux dossier des déplacés. Il dénonce la lenteur du processus de retour, les «discriminations» dont sont victimes les déplacés au profit de ceux qui occupent illégalement des appartements et les évacuations qui «ne se sont font pas d’une manière collective pour ne pas provoquer des remous dans le pays». Il y a dans le ton de M. Akl beaucoup de sincérité et... un sentiment d’impuissance.
Membre du bloc parlementaire de M. Walid Joumblatt, M. Akl évoque ensuite la crise socio-économique. «Les gens ont faim pas seulement dans la Békaa, mais partout: au Liban-Nord, dans le Chouf (...). Seul Damour ne souffre pas de ce fléau pour la simple raison que dans cette localité il n’y a personne parce que les déplacés ne sont pas encore retournés», dit-il.
M. Hariri prend ensuite la parole pour «éclaircir» certaines questions abordées par M. Akl. Pour ce qui a trait à l’autoroute arabe, au périphérique et à l’entrée nord de la capitale, le chef du gouvernement précise que les ministres ont eu le temps nécessaire pour examiner ce projet. «Un amendement mineur a été introduit le 9 juin et le texte a été voté deux jours plus tard», dit-il.
Concernant les déplacés, M. Hariri expose brièvement les réalisations accomplies dans ce domaine et indique que l’Exécutif poursuit ses efforts pour clore ce triste épisode de la guerre du Liban le plus tôt possible.
M. Salah Haraké, député de Baabda, axe son allocution sur la politique agricole et financière du gouvernement. Citant des passages des déclarations ministérielles du gouvernement actuel et des précédents Cabinets, le député, proche du mouvement Amal, souligne que la question agricole avait toujours été placée en tête des préoccupations de l’Exécutif. «Pourtant, rien n’a été fait dans ce domaine», constate-t-il. M. Haraké n’est visiblement pas convaincu des récentes mesures prises par le gouvernement en matière agricole. «D’ailleurs, le ministre de l’Agriculture (Chaouki Fakhoury) a rapidement fait de réduire les décisions du gouvernement en simple calendrier agricole», affirme-t-il. Le député se veut constructif. Il accompagne ses critiques de propositions concrètes. «En Tunisie, explique-t-il, l’Etat a décidé de construire 250 petits barrages sur les cours des fleuves et dans les vallées pour capter 80 millions de mètres cubes d’eau. C’est la part du Liban dans l’Oronte. Et si le gouvernement appliquait ce projet, il réglerait le problème des villages agricoles de la Békaa».
M. Haraké est opposé aux subventions de la betterave et du tabac. Selon lui, si les sommes alloués à ces cultures sont utilisées autrement, elles peuvent subvenir aux besoins de 100 mille familles démunies «soit 20% du peuple libanais».
Le député de Baabda critique aussi la politique d’endettement du gouvernement, estimant que les économies faites sur ce plan permettraient de dégager des sommes beaucoup plus importantes que les 150 milliards de livres que l’Exécutif a récemment décidé de débloquer pour les régions de la Békaa et du Akkar.
M. Ali Hassan Khalil, membre du mouvement Amal, réclame la mise en œuvre des projets urgents de développements dans les régions déshéritées. Il s’insurge contre le fait que les salaires des fonctionnaires de l’office de l’eau de Nabatiyé n’ont toujours pas été versés depuis des mois. Cette question focalise l’attention du président Berry qui demande au ministre d’Etat chargé des Finances, les raisons de ce retard. «C’est au près du ministre des Ressources hydrauliques et électriques qu’il faut obtenir ces informations. Moi je ne suis pas concerné», répond-il sur un ton irrité.
Mme Nouhad Soueïd met l’accent sur l’importance que constituent pour le pays les visites au Liban du pape Jean-Paul II et du prince héritier d’Arabie Séoudite, Abdallah Ben Abdel Aziz, ainsi que l’adoption par l’ONU d’une résolution demandant à Israël de payer des indemnités pour le massacre de Cana. «Cependant, dit-elle, pour compléter cette victoire, le gouvernement doit s’occuper de la situation interne sur les plans économique et social. Il doit aussi améliorer les secteurs de la santé et de l’agriculture et mettre en application le plan vert».
Le député de Jbeil s’étend ensuite longuement sur les projets de développement qui doivent être mis en chantier dans sa région: percement et élargissement de routes, création d’emplois...
Le sujet ne semble pas intéresser le député du Hezbollah Hussein Hajj Hassan qui lit discrètement un journal, chose que le président Berry n’autorise pas.

Arrestations
et exactions

Son camarade au parti, Ammar Moussaoui, prend place à la tribune. Sur un ton académique, il se lance dans une longue explication sur la relation entre l’Etat et le citoyen. «Les gens sont réticents à payer les impôts lorsqu’ils voient que l’argent est gaspillé ou volé, dit-il. Nous sommes compréhensifs à l’égard des revendications des citoyens, sans toutefois justifier les appels à la désobéissance civile». M. Moussaoui fait allusion au mouvement de cheikh Sobhi Toufayli qu’il n’appelle à aucun moment «révolte des affamés».
M. Moussaoui dénonce ensuite les exactions commises selon lui lors de la vague d’arrestations à laquelle ont procédé les services de sécurité dans la nuit de vendredi à samedi dernier. «Des élèves de 14 ans ont été interpellés, des militaires sont entrés dans des maisons sans attendre que les femmes se couvrent les cheveux d’un voile, du mobilier a été brisé pendant les perquisitions», déclare-t-il.
Le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, précise qu’«une partie des faits racontés par le député sont vrais et une autre partie est exagérée». «Les arrestations opérées dans la Békaa, a-t-il dit, ont touché des personnes faisant l’objet de mandats d’amener ou d’arrêt». «Cent à cent cinquante de ces personnes recherchées par la justice participaient à la réunion de Baalbeck, explique-t-il. Il s’agissait d’une réunion et non pas d’une révolte. Les services de sécurité ne les ont pas arrêtés pendant le rassemblement pour ne pas provoquer un grave problème. Pour ce qui concerne les exactions dont a fait état M. Moussaoui, qu’il me soumette une note écrite et nous ouvrirons une enquête».
MM. Ahmed Karamé, Fayez Ghosn et Misbah Ahdab critiquent l’incapacité du gouvernement à régler la crise socio-économique et à améliorer les conditions de vie de la population. Les arguments qu’ils développent sont sensiblement similaires. Ils portent essentiellement sur le fait que l’Etat «ignore» le Liban-Nord dans ses plans de développements.
M. Ghosn plaide pour la baisse des tarifs douaniers et la révision de la politique du gouvernement. Selon lui, les dernières décisions du gouvernement dans ce domaine ne servent pas les intérêts du Trésor, réduit le marché du travail pour des centaines de commerçants et de salariés et augmentent les difficultés des personnes aux revenus limités.
Lorsque M. Mohammed Raad prend place à la tribune, M. Berry cède la place au vice-président du Parlement, M. Elie Ferzli. Le député du Hezbollah réclame l’élaboration d’une nouvelle loi électorale susceptible d’assurer une meilleure représentativité populaire. «Il est temps que l’on commence à examiner un nouveau projet», dit-il.
M. Raad rend hommage à la visite au Liban du pape Jean-Paul II et salue le contenu de l’exhortation apostolique «qui a défini le cadre d’une renaissance du Liban. L’important c’est que les autorités saisissent cette occasion et fassent tomber les murs entre les citoyens et édifient l’Etat des institutions», a-t-il dit.
Retour au Liban-Nord avec M. Saleh el-Kheir. Lorsqu’il prend la parole, les députés présents dans la salle ne sont plus qu’une poignée. Le représentant de Denniyé parle de développement, d’environnement, de mafia. Il demande au gouvernement une attention particulière pour sa région.
Hussein Yatim, député de Beyrouth, axe son allocution sur la question de l’éducation. Il met l’accent sur la nécessité de réformer ce secteur et insiste sur l’importance de l’enseignement de l’éducation civique. Le ministre Jean Obeid prend la parole pour indiquer que la refonte du secteur pédagogique est en train d’être mise en œuvre et affirme que le livre d’histoire unifié sera bientôt prêt.
M. Fayçal Daoud se déclare convaincu que le gouvernement ne tirera pas les leçons de ses expériences passées et ne changera pas son comportement. La plus grande partie de son intervention est consacrée à la situation au Proche-Orient qu’il qualifie de «grave». «Toutes les tentatives visant à séparer les dossiers libanais et syrien des négociations de paix seront vouées à l’échec», assure-t-il.
M. Farid Makari souligne pour sa part le climat «positif» qui a accompagné les élections partielles au Liban-Nord et y voit des «progrès par rapport au scrutin de l’été dernier». «Il faut cependant reconnaître, ajoute-t-il, que le découpage électoral basé sur le mohafazat n’est pas très concluant». Selon lui, il faut que le nouveau découpage électoral ait pour objectif d’assurer la meilleure représentativité possible afin que puisse émerger un Parlement reflétant réellement la volonté populaire. «Les habitants du Liban-Nord à part ceux du Akkar, n’avaient pas l’air d’être concernés par l’élection partielle, dit-il.
M. Jihad Samad dénonce de son côté les agressions israéliennes et met l’accent sur l’importance du renforcement de la coopération entre le Liban et la Syrie.
Evoquant la situation économique, le député du Liban-Nord insiste sur la nécessité d’augmenter l’assistance aux régions déshéritées. «Les régions de Baalbeck-Hermel, Akkar et Denniyé ne doivent plus être ignorées», indique-t-il.
M. Camille Ziadé tire la sonnette d’alarme. «Nous vivons dans une situation très grave, dit-il. Nous assistons à une disparition des valeurs et à une généralisation de la corruption qui risque de provoquer un effondrement total. Il y a aussi des crises politiques qui paralysent l’action des institutions et portent atteinte à l’entente nationale».
Selon le député du Kesrouan, le régime démocratique se fonde sur la confiance entre le peuple et le pouvoir. «Comment peut-on renforcer la confiance lorsque le document d’entente nationale est violé et quand nous voyons toutes ces ingérences dans l’action de la justice», s’interroge-t-il. «La confiance se consolide-t-elle avec ces attaques incessantes contre le Conseil constitutionnel», poursuit M. Ziadé.
Le député s’élève fermement contre toute loi électorale faisant du Liban une circonscription unique, estimant que cela porterait gravement atteinte à l’unité nationale.
M. Jacques Tchoukhadarian a évoqué aussi la nécessité de sauvegarder le Conseil constitutionnel et de garantir son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique.
Le député de Beyrouth réclame la fermeture définitive du dépotoir de Bourj-Hammoud, le plus rapidement possible.
M. Khaled Daher qui a récupéré son siège lors de la partielle du Liban-Nord remercie les électeurs de sa circonscription pour lui avoir accordé leur confiance. Il critique sans le nommer cheikh Sobhi Toufayli: «Nous n’avons pas besoin au Liban de révolte des affamés mais d’un règlement du déséquilibre. La détérioration de la situation est due à l’échec des solutions proposées ce qui veut dire que la crise va s’amplifier».

L’intervention
de Wakim

Après une interruption de quelques heures, la séance parlementaire reprend en fin d’après-midi. «Si le gouvernement se maintient c’est grâce à une équation extérieure, que nous ne devons plus admettre. Le gouvernement sait aussi bien que nous qu’Israël, avec l’aval des Etats-Unis, prépare une offensive contre le Liban afin d’embraser de nouveau la scène locale ce qui préparera le terrain à un arrangement qui ferait suite à l’accord de Madrid». C’est en ces termes que M. Najah Wakim, député de Beyrouth, termine son intervention devant ses homologues.
Toujours fidèle à lui-même Wakim adopte dès le départ un ton agressif qualifiant l’absence de déclaration écrite de la part du gouvernement, surtout en matière de politique étrangère, d’«acte irrespectueux envers la Chambre».
Faisant référence aux manœuvres israéliennes et turques dans la région, M. Wakim qualifie la période actuelle de «phase intermédiaire entre le 14 mars», (date de l’opération du Litani en 1978) et le 4 juin (date de l’invasion israélienne de 1982), qui permettrait aux Etats-Unis d’imposer sa paix dans la région.
L’absence de bilan gouvernemental en matière de politique étrangère, c’est à peine si le député de Beyrouth ne l’impute pas au rôle que «le gouvernement est censé exécuter en faveur de ce nouveau scénario qui se prépare» et c’est pour cela qu’il martèle «homme de l’équation» pour désigner le gouvernement.
M. Wakim explique par ailleurs l’absence de bilan en matière de politique intérieure par le fait que «le gouvernement n’ose pas présenter un bilan qui est non seulement mauvais mais aussi dangereux» et aussi «parce que le gouvernement est redevable de sa survie non pas à la Chambre censée surveillée son action mais à cette force occulte qui planifie l’avenir de la région».
Passant en revue tous les chiffres économiques avancés par le gouvernement, Wakim parle de «mensonges» et accuse le gouvernement de «vouloir mettre la main sur tous les secteurs rentables du pays en les privatisant».
Wakim n’hésite pas à accuser le président du Conseil et ses proches et cite plusieurs exemples d’affaires arrangées à l’amiable et dont les revenus profitent soit à des personnes fictives soit même à des sociétés écran qui servent de couverture à M. Hariri.
Rappelant tous les scandales qui ont éclaté un peu partout dans différentes administrations, notamment au ministère des Finances, il a cette expression lapidaire: «Ils ont réussi à enterrer deux petits cadavres et une grosse affaire».
M. Wakim accuse le gouvernement de corrompre la justice et demande la formation d’une commission parlementaire pour enquêter sur l’état de la justice dans le pays.
Ce que M. Wakim n’arrive pas à admettre c’est le silence du gouvernement qui refuse de répondre aux questions qu’on lui pose car il est sûr de son impunité.
S’adressant à ses collègues de la Chambre, M. Wakim les met en garde contre la politique de cautionnement aveugle qu’ils adoptent en faveur du gouvernement et leur dit:
«Le jour où le peuple décidera que ses représentants ont perdu la légitimité qu’il leur a déléguée pour manquement à leur devoir, il la leur retirera et à ce moment-là c’est avec le peuple que le gouvernement aura à traiter, ce qui ne sera pas chose aisée».
Sayyed Ibrahim Amine Sayyed, porte-parole du bloc du Hezbollah, dénonce, quant à lui, avec vigueur, les agissements des services de sécurité lors des perquisitions effectuées dans la nuit de vendredi à samedi dans le sillage de la révolte des affamés dans trois villages de la Békaa. «Les militaires ont porté atteinte à la dignité des habitants, a-t-il dit. Il s’agissait d’une décision politique qui consistait à dire que le pouvoir est l’ennemi de ce peuple».
Selon le député, des sexagénaires ont été arrêtés alors qu’ils ne portaient que des sous-vêtements, affirmant avoir été personnellement le témoin d’une de ces scènes. Il qualifie ces actes de «complot de pouvoir politique contre l’Etat de droit».
Sayyed Ibrahim réclame la formation d’une commission d’enquête et demande que les victimes des perquisitions soient indemnisées. «Le ministre de l’Intérieur doit trouver les justifications pour expliquer ce qui s’est passé», ajoute-t-il.
Le député de la Békaa condamne la manière avec laquelle le gouvernement a géré le dossier syndical, accusant par ailleurs le ministre des Travaux publics d’avoir des actions dans Dar el-Handassa «qui exécute la plupart des projets de développement».

Zahlé et
Cité sportive

M. Georges Kassarji, député de Zahlé, évoque quant à lui le problème du téléphone et des factures de téléphone qui sont souvent établies d’une manière arbitraire. M. Kassarji donne plusieurs exemples sur ce plan et déplore le fait que la cité industrielle de Zahlé soit toujours privée de lignes téléphoniques en dépit des multiples promesses des responsables. «La Cité industrielle de Zahlé se mettra en grève à la fin du mois si d’ici là elle n’est pas dotée de lignes téléphoniques», souligne M. Kassarji.
Le député de Zahlé aborde, par ailleurs, le problème de la loi électorale, soulignant à ce sujet qu’il est fermement opposé au projet de circonscription unique. «L’expérience du scrutin partiel de Jbeil, affirme M. Kassarji, a prouvé que le choix du caza comme circonscription électorale est le plus approprié». Enfin, le député de Zahlé invite les responsables concernés à confirmer définitivement le maintien du nom de Camille Chamoun à la Cité sportive. «Le nom de la Cité sportive Camille Chamoun doit être maintenu avant l’ouverture des Jeux panarabes car autrement, les responsables risquent de négliger cette question par la suite», souligne M. Kassarji qui déclare en outre au sujet de l’affaire du label de la Cité sportive Camille Chamoun: «Celui qui tente d’abolir l’Histoire sera lui-même aboli par l’Histoire».
En conclusion, le député de Zahlé déplore le fait que le gouvernement n’ait pas tenu compte de la résolution des commissions parlementaires conjointes demandant au gouvernement de réviser les mesures relatives à l’augmentation des taxes sur les voitures et au soutien de la production agricole locale.
M. Tamman Salam, lui, pense que les deux jours de débats parlementaires n’auront aucune influence qu’elle soit positive ou négative sur la situation générale. «Une seule chose est certaine, dit-il, les tentatives des trois présidents visant à réactiver la troïka vont bon train. Nous avons pu le constater lors de l’élection de trois nouveaux membres du Conseil constitutionnel».
«Je ne perdrais pas mon temps ou celui des autres, ajoute le député de Beyrouth: Je veux simplement dire qu’il y a beaucoup de chaos, d’erreurs et d’improvisation et peu de solutions efficaces, sérieuses et à long terme. La crise socio-économique due à l’endettement élevé et au déficit record n’est pas rassurante. Plus d’improvisation va provoquer davantage de problèmes».
M. Salam prédit une rentrée difficile: «A la fin de l’été, les problèmes vont augmenter et la crédibilité du gouvernement et de son chef sera en mise en cause».
M. Moustapha Saad affirme qu’il ne veut pas allonger son allocution pour que les gens ne croient pas qu’il veut profiter de son apparition sur le petit écran. L’intervention du député de Saïda ne dure pas plus que deux minutes. «J’ai entendu ce qu’ont dit mes collègues opposants et loyalistes. Je tiens à affirmer que je dénie toujours ma confiance à ce gouvernement», dit-il.
Au milieu de l’étonnement général, M. Saad remercie les députés et regagne son siège.

Harb: deux poids,
deux mesures

M. Boutros Harb s’étend longuement sur les sujets d’actualité: la visite du pape, la révolte des affamés, le nom de la Cité sportive, l’indépendance de la justice, l’affaire de notre confrère du Nahar, Pierre Atallah...
Le député de Batroun dénonce l’arrestation du chef de la centrale syndicale non reconnue par le pouvoir, M. Elias Abou Rizk, alors que le litige qui l’oppose à l’autre branche de la CGTL n’a toujours pas été tranché par la justice. Il souligne par ailleurs que l’adjoint de M. Abou Rizk, M. Yasser Nehmé, a été arrêté puis rapidement relâché «parce qu’il fut à une certaine époque l’ami du premier ministre».
M. Harb dénonce d’autre part la «politique des deux poids, deux mesures du gouvernement». «Je me souviens que l’armée avait beaucoup hésité avant de nous permettre de participer le 14 mars dernier à un rassemblement sur les marches du musée pour réclamer la mise en œuvre de la 424, dit-il. Et voilà que nous sommes surpris de voir que le gouvernement n’a rien fait pour empêcher la révolte des affamés et l’appel à la désobéissance civile bien que je sois favorable sur le fond avec les slogans soulevés par ce mouvement».
Tout en saluant la décision du gouvernement de débloquer 150 milliards de livres pour le développement de la Békaa et du Akkar, M. Harb ne manque pas de préciser que cette somme a été accordée sous la menace et les pressions. «C’est une preuve de l’improvisation du gouvernement dans le règlement des problèmes», dit-il.
Selon M. Harb, l’affaire Toufayli montre que le gouvernement refuse de reconnaître le caractère représentatif des députés et cède par ailleurs aux menaces. «Cela va encourager les citoyens à avoir recours aux menaces et à la révolution», ajoute-t-il. L’octroi des 150 milliards constitue aussi, selon lui, une violation du principe «constitutionnel» du développement équilibré parce que seuls la Békaa et le Akkar auront bénéficié de cette somme.
Toujours sur le plan de la politique des deux poids deux mesures, M. Harb se demande si le gouvernement serait resté passif, si l’initiateur du mouvement de la révolte des affamés n’avait pas été cheikh Toufayli, ou s’il était d’une autre région, d’une communauté différente et appartenait à un autre courant politique.
M. Harb s’est d’autre part demandé pourquoi le journaliste Pierre Atallah a été accusé d’un acte que beaucoup d’autres journalistes ont commis sans pour autant avoir été inquiétés (M. Atallah avait recueilli une interview d’Abou Arz — Etienne Sacre). «Le gouvernement n’est-il pas au courant de l’agression dont a été victime Pierre Atallah au lendemain de la publication de l’acte d’accusation le concernant», s’interroge-t-il.
«Est-il concevable que nous effacions de notre mémoire un des hommes de l’indépendance», se demande M. Harb en allusion à la décision de M. Hariri de retirer le nom du président Camille Chamoun de la Cité sportive de Beyrouth. «Ce n’est pas de cette façon que nous préservons l’unité du pays. Qui a dit que le Liban n’avait pas d’histoire et de racines», ajoute-t-il.
«Je ne partage pas toutes les opinions du président Chamoun, dit-il encore. Mais je suis une des personnes les plus disposées à livrer une bataille pour conserver le label de la cité. Et j’appelle toutes les personnes se sentant concernées par cette affaire à boycotter les Jeux panarabes si le nom de Camille Chamoun n’est pas rendu à la cité avant le coup d’envoi (samedi prochain)».
Evoquant la situation régionale, M. Harb se déclare fermement opposé à la séparation des volets libanais et syrien dans le processus de paix. Il estime qu’une éventuelle séparation constitue un grave danger aussi bien pour le Liban que pour la Syrie. «Le processus de paix a échoué, dit-il. Le gouvernement doit prendre en considération cette réalité. Et il doit réaffirmer son attachement à la résolution 425 qui reste la seule garantie pour la restitution de nos droits».
De son côté, M. Pierre Daccache évoque certaines aspirations des Libanais qui demeurent toujours insatisfaites. «Les Libanais, déclare-t-il notamment, continuent d’espérer de voir la magistrature devenir autonome, indépendante et non soumise aux interférences des politiciens. Ils espèrent toujours que l’Etat adoptera une loi sur les naturalisations qui soit rationnelle. Ils espèrent encore que la décentralisation administrative deviendra une réalité». Après avoir déploré les problèmes qui se posent au niveau du fonctionnement du réseau téléphonique, M. Daccache dénonce la volonté du gouvernement d’imposer de nouvelles taxes sur les lignes cellulaires.
M. Daccache souligne, par ailleurs, que «la confiance est perdue entre la population et le gouvernement». Il précise que ce manque de confiance est due essentiellement à plusieurs facteurs. «Les gouvernements formés ne sont nullement des gouvernements d’union nationale puisqu’ils ne représentent pas toutes les fractions locales, indique M. Daccache sur ce plan. En outre, les déplacés n’ont toujours pas regagné leurs foyers, et les droits de l’homme ne sont nullement respectés par le gouvernement».s
Des vingt-cinq députés qui se sont succédé hier à la tribune du Parlement, une poignée seulement ont réellement débattu de la politique du gouvernement en prenant comme point de départ la déclaration ministérielle qui définit les orientations de l’Exécutif. La plupart des parlementaires qui ont pris la parole ont voulu semble-t-il mettre à profit la retransmission des...