Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Troïka : le phénix renaît de ses cendres

On peut lui donner un autre nom, si on veut jouer sur les mots, mais c’est bien la troïka que l’on a vu réapparaître récemment à Baabda où les présidents Elias Hraoui, Nabih Berry et Rafic Hariri se sont réunis pour prendre des décisions ensemble et régler entre eux des différends de partage... M. Berry avait pourtant juré ses grands dieux qu’il n’y aurait plus jamais de rencontre à trois, pour que justement on n’aille pas dire que la troïka est revenue d’entre les morts. Le chef du Législatif, qui avait boudé le palais présidentiel pendant sept mois, après avoir «fait part du décès» de la troïka, laisse croire par son présent revirement que c’est de la sorte que les arbitres, MM. Abdel-Halim Khaddam et Farouk el Chareh, entendent que les choses se passent.
Mais certaines personnalités pro-syriennes affirment qu’il y a tout à la fois malentendu et maldonne. «Damas, disent ces opposants de l’intérieur, conseille la coopération entre les institutions, et pas du tout la collusion entre les personnes qui justement vient priver de leur rôle le Conseil des ministres et le Parlement..».
Toujours est-il, que, malgré le congé du week-end, le chef de l’Etat a cru utile d’inviter le président de la Chambre et le chef du gouvernement à se retrouver autour de lui, pour préparer le débat de politique générale d’aujourd’hui Place de l’Etoile. Une initiative prise après un saut effectué en Syrie par M. Hraoui pour conférer avec le président Hafez el-Assad.
Des sources informées pensent pouvoir confirmer qu’au cours de la réunion à trois au palais de Baabda «tous les dossiers brûlants ont été ouverts et la séance a été marquée par l’obstination de M. Rafic Hariri qui, campant sur ses positions à propos de tous les sujets débattus, a refusé la moindre concession. Il s’est dépensé à cet effet en longues explications, mais n’a apparemment pas pu convaincre ses interlocuteurs»...».
Pour ce qui est du sommet libano-syrien, les mêmes sources indiquent que le président Hraoui y a abordé les problèmes intérieurs épineux de l’heure, évoquant avec insistances les retombées néfastes de certaines querelles à un moment où le pays se débat dans de considérables difficultés socio-économiques illustrées par des réactions comme «la révolte des affamés». Ces sources ajoutent que le chef de l’Etat s’est plaint des comportements du président du Conseil qui à son avis ne réalise pas qu’il existe des impératifs «de mosaïque» à respecter ainsi que des us et coutumes trop bien ancrés pour qu’on puisse les ignorer sans préjudice. Il aurait ajouté que les initiatives d’inspiration confessionnaliste — ou que les contempteurs du régime peuvent facilement présenter comme telles — de M. Hariri portent finalement ombrage au pouvoir tout entier et dressent encore plus contre lui l’opinion chrétienne à un moment où un effort doit au contraire être déployé pour la récupérer. Et de préciser qu’il s’agirait en premier lieu de l’affaire de la Cité sportive qui aurait continué à être appelée comme telle simplement, comme le souligne un politicien local, si M. Hariri n’avait pas cru bon de lui ôter l’appellation somme toute complémentaire de Camille-Chamoun. Les mêmes sources soulignent cependant que, dans son exposé, le président Hraoui n’a pas manqué de relever que, de manière générale, le pouvoir se trouve régulièrement handicapé par les positions qu’adoptent alternativement les deux autres présidents...
Et d’indiquer ensuite que des contacts ont été pris avec MM. Berry et Hariri alors que M. Hraoui se trouvait encore à Damas, pour une rencontre tripartite d’explications. A l’issue de laquelle la troïka est revenue. «Ce qui permet peut-être, conclut un ancien responsable, de régler les conflits sur le commandement en chef de la gendarmerie ou la présidence du Conseil supérieur de la Magistrature mais ce qui, beaucoup plus sûrement, ouvre la voie de nouveau à un détournement en règle (si l’on peut dire) des institutions...».

Ph. A-A.
On peut lui donner un autre nom, si on veut jouer sur les mots, mais c’est bien la troïka que l’on a vu réapparaître récemment à Baabda où les présidents Elias Hraoui, Nabih Berry et Rafic Hariri se sont réunis pour prendre des décisions ensemble et régler entre eux des différends de partage... M. Berry avait pourtant juré ses grands dieux qu’il n’y aurait plus...