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Actualités - CHRONOLOGIE

Le gouvernement vivement attaqué sur sa politique socio-économique (photo)

Pour qui a des oreilles pour entendre, le débat de politique générale entamé hier ne manque pas de leçons (NOTRE COMPTE-RENDU, PAGE 5). Largement dominé par le grave sujet de l’endettement et le déficit du Trésor, qui se nourrissent l’un l’autre, comme par les multiples facettes d’une profonde crise économique et sociale à laquelle aucun secteur n’échappe, ce débat devrait faire réfléchir les responsables.
Dix-neuf députés ont pris la parole, hier, au cours de deux séances interrompues par une pause-déjeuner, pour analyser «ce qui ne va pas», économiquement, dans la IIe République. Une douzaine de députés sont toujours inscrits pour passer à la tribune, avant la réponse du gouvernement, ce soir. Celui-ci a toutefois le droit de répondre ponctuellement aux interventions des députés, même en cours de débat.
Véritable «mémoire» du Parlement, M. Sélim Hoss a pris son temps, en début de séance, pour analyser le phénomène de l’endettement et du déficit. Pour lui, une dette globale dont le montant dépasse le produit intérieur brut est inquiétante en soi. S’inscrivant en faux contre les propos rassurants du chef du gouvernement, M. Hoss affirme que dans un système libéral comme celui qui est en vigueur au Liban, et en raison de la liberté de changes totale, la distinction entre dette externe et dette interne est vague, car à tout moment, cette dette interne peut se transformer en une «dette externe» tout aussi contraignante pour le Trésor que la dette externe publique. Entre autres exemples de cette ambivalence de la dette interne, beaucoup de souscripteurs aux Bons du Trésor sont des étrangers ou des non-résidents, a noté M. Hoss.
Après avoir brossé un bref historique de l’action gouvernementale, et surtout de la gestion de M. Rafic Hariri, l’ancien chef du gouvernement a conclu, lapidairement: «Ce n’est pas comme cela qu’on bâtit un Etat». Eloquent, de la part d’un homme à qui l’on ne peut reprocher de se prononcer à la hâte.Abondant dans le sens de M. Hoss, le député Zaher el-Khatib a souligné pour sa part que la dette interne peut être plus dangereuse que la dette externe, car ses échéances sont courtes et l’intérêt servi est beaucoup plus élevé.
Prenant ses distances à l’égard des chiffres, M. Nassib Lahoud consacrera son intervention à dénoncer une méthode de gestion technocratique sourde à tout ce qui ne cadre pas avec sa logique. Les responsables, soutient-il, ne sont plus en contact avec la réalité, mais «vivent sur une autre planète». M. Lahoud se garde pourtant de verser dans le défaitisme et, tirant «une des leçons de la guerre», presse les Libanais de résister au défaitisme et de s’attacher d’autant plus aux institutions qu’ils les voient quotidiennement bafouées par ceux qui en sont, en principe, les gardiens.
Cette façon qu’ont les gouvernants de se placer au-dessus des lois, de respecter une décision de justice quand bon leur semble, minant la confiance qu’ont les Libanais et l’étranger dans les institutions, sera également dénoncée par M. Issam Farès.
Dans toute démocratie qui se respecte, un gouvernement dont la gestion aurait abouti à de tels résultats serait placé devant une alternative: partir ou chercher une nouvelle confiance. Mais en la circonstance, la question de confiance, pourtant réclamée par un Zaher el-Khatib, est hautement improbable.
En fait, en dépit de la vérité des chiffres, le débat de politique générale a été plutôt froid. Les observateurs attribuent cette froideur au sommet libano-syrien de Damas, samedi, comme aux contacts intensifs, la veille, entre les responsables. Ce consensus s’est reflété, notamment, dans l’élection comme nouveaux membres du Conseil constitutionnel de personnalités sur lesquelles les «trois présidents» se sont entendus. Il s’agit de MM. Amine Nassar (maronite), Hussein Hamdane (chiite) et Moustapha Aouja (sunnite). Le futur président du Conseil constitutionnel figure parmi eux.
F.N.
Pour qui a des oreilles pour entendre, le débat de politique générale entamé hier ne manque pas de leçons (NOTRE COMPTE-RENDU, PAGE 5). Largement dominé par le grave sujet de l’endettement et le déficit du Trésor, qui se nourrissent l’un l’autre, comme par les multiples facettes d’une profonde crise économique et sociale à laquelle aucun secteur n’échappe, ce...