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Actualités - OPINION

Nos poèmes de l'amour

Combien étions-nous cette semaine dans ce jardin de Zouk qui me faisait l’effet d’un paradis? Dans cette cérémonie des trois poètes associés: Elias Abou Chabké, Fouad Abi Zeyd et surtout Nadia Tuéni.
A vrai dire, je n’ai pas eu l’occasion ni le temps de faire des comptes. Ce qui m’a troublé et mis la face contre terre, aux pieds du Seigneur, seul auteur de ces rimes et de ces poèmes, c’est bien la valeur, la hauteur, la profondeur de l’amour inspiré par Dieu Lui-même.
Non, ce n’est aucun de ces poètes qui a pu atteindre la pointe surhumaine de la poésie. J’ai écouté ce qu’étaient, sous un ciel étoilé, et pratiquement infini, ce que ces hommes et ces femmes se disaient comme sans y toucher.
Pour ma part je ne peux m’empêcher de me répéter ce que disait un poète français, Edmond Haraucourt, durant un autre siècle:
«L’intraduisible espace est hanté de poèmes,
«Mystérieux exil, Eden, jardin sacré
«Où le péché de l’art n’a jamais pénétré,
«Mais que tu pourras voir quelque jour, si tu m’aimes».

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Je crois que tous les thèmes traités, la vie, la mort, l’amour, la patrie, l’exil, les espoirs et les aspirations de l’individu et de l’univers, et le secret des mondes, tout ce que la poésie s’efforce d’exprimer, en tentant d’aller parfois «au-delà des morts», pour «cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge», oui tout cela a une même source profonde. Elle est la recherche aventureuse de Dieu.
«Jusqu’où irons-nous en amour
«Vous qui êtes à l’image de Dieu...»
dit Georges Schéhadé.
Ce qui est vrai de toute poésie, est encore plus vrai de la poésie libanaise, issue d’un pays où le Seigneur a promené ses pas, le long d’une côte appelée déjà «la côte des dieux», dans une annonce de l’avènement du Fils de Dieu.
L’Apôtre nous dit: «De nous-mêmes nous ne savons même pas prier, et c’est l’esprit qui pleure en nous avec des gémissements ineffables».

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En arabe comme en français, je proclamerai ceci:
«Je t’aime au-delà de ce que les cœurs peuvent contenir
«et au-delà même de ce que rêve un poète ou de ce
«qu’imagine le plus amoureux des hommes
«Toi qui, du ciel, répand un nuage parfumé...»
Voilà ce que disait Elias Abou Chabké.
A cela, il faut ajouter un poème de Fouad Abi Zeyd:
«Je me suis oublié; au long de cet après-midi créé pour la danse des rois, il m’a semblé qu’à cette profondeur infinie de l’amour, j’ai vécu, pour une minute, tous les désirs de ma vie... être rêveur aux filles de jadis ne suffit plus...»
Nous arrivons à Nadia Tuéni où nous retrouvons ceci dans les poèmes de l’amour:
«Mon pays qui s’éveille,
«projette son visage sur le blanc de la terre.
«Mon pays vulnérable est un oiseau de lune.
«Mon pays empalé sur le fer des consciences.
«Mon pays en couleurs est un grand cerf-volant.
«Mon pays où les vents sont un nœud de vipères.
«Mon pays qui d’un trait refait le paysage».
Plus loin, à propos de Byblos, Nadia dit:
«Tranquille comme un juste
«ancienne comme la vérité,
«Byblos ô mon amour à la couleur ambrée,
«des choses que le vent ranime de mémoire en mémoire,
«tel un feu domestique lorsque le soir descend».
Quant à Deir el-Kamar:
«Ton regard est une prière.
«Tu règnes sur la nuit à la saison solaire.
«Ame sœur de l’été,
«puisqu’à chaque instant tu t’inventes,
«le temps n’a plus sa raison d’être».
Je vous aime tous mes confrères de ce soir, de tous les soirs.
Combien étions-nous cette semaine dans ce jardin de Zouk qui me faisait l’effet d’un paradis? Dans cette cérémonie des trois poètes associés: Elias Abou Chabké, Fouad Abi Zeyd et surtout Nadia Tuéni. A vrai dire, je n’ai pas eu l’occasion ni le temps de faire des comptes. Ce qui m’a troublé et mis la face contre terre, aux pieds du Seigneur, seul auteur de ces rimes...