Après le retour de Hong Kong à la Chine Taïwan, prochain objectif de Pekin

Vingt-quatre heures après le retour de Hong Kong à la Chine, Pékin a clairement désigné Taïwan comme son prochain objectif en vue de la «réunification totale du pays». Lors d’un grand rassemblement à Pékin pour fêter le retour de l’ex-colonie, le président chinois Jiang Zemin a demandé au gouvernement taïwanais de «prendre des mesures concrètes» en vue de la réunification de la Chine.
Les responsables taïwanais ont immédiatement rejeté la proposition précisant que Taïwan est un état souverain.
Dans le même temps, Hong Kong connaissait hier dans la matinée sa première manifestation «pour la liberté». Des milliers de personnes ont défilé dans le centre-ville réclamant «la démocratie» sous l’œil vigilant de centaines de policiers (VOIR AUSSI PAGE 10).
«Nous espérons que les autorités de Taïwan vont revenir sincèrement à la position d’une seule Chine et qu’elles prendront des mesures concrètes en vue du développement des relations dans le détroit (de Taïwan) et de la réunification totale du pays», avait déclaré en début de matinée M. Jiang, le président chinois, devant 80.000 personnes réunies au Stade des ouvriers.
Après le retour de Hong Kong, la «réunification totale» de la Chine «est en vue», a affirmé M. Jiang, tout juste arrivé de l’ex-colonie, où il a assisté aux cérémonies de la rétrocession.
«Macao doit être bientôt rétrocédée», et «la perspective d’une réunification totale et d’un renouveau de la nation chinoise est maintenant en vue», a déclaré le chef de l’Etat.
Le retour de Hong Kong «servira d’exemple pour (...) trouver une solution définitive à la question de Taïwan», a ajouté M. Jiang, qui est aussi chef du Parti communiste et de l’armée.La Chine doit reprendre possession du territoire sous administration portugaise de Macao en 1999.
Taïwan est indépendante du continent depuis la défaite des nationalistes chinois de Tchiang Kai-shek face aux communistes de Mao Tsétoung en 1949.
Pékin considère l’île comme une province rebelle et refuse d’accréditer l’existence de deux Chines. Les autorités de Taipeh s’efforcent de leur côté d’obtenir une reconnaissance internationale que Pékin juge comme un premier pas vers l’indépendance.
Dans l’après-midi, le premier ministre Li Peng avait lui aussi affirmé au cours d’une réception au Palais du peuple, siège du Parlement, que «le principe d’«un pays, deux systèmes» devra aussi fonctionner pour Taïwan».
Ce concept, inventé par l’ancien patriarche Deng Xiaoping, garantit à Hong Kong de conserver son autonomie de gestion et son système capitaliste pendant 50 ans.
Taïwan a cependant rejeté immédiatement cette proposition. «La République de Chine (Taïwan) est un état souverain (...) et le modèle d’«un pays, deux systèmes» n’aura jamais le soutien du peuple et donc ne deviendra jamais une politique officielle», a déclaré un porte-parole du gouvernement à Taipeh.
M. Jiang a d’autre part salué la mémoire de Deng, décédé en février à l’âge de 92 ans.
«Nous assumerons son héritage, en travaillant pour assurer le succès à Hong Kong, ainsi que notre programme de modernisation et la réunification nationale», a affirmé le président chinois, suscitant des applaudissements nourris.
Il a de même rendu hommage aux autres pères fondateurs du régime, dont Mao Tsétoung et l’ancien premier ministre Zhou Enlai.
«Le retour de Hong Kong marque pour la nation la fin de cent ans d’humiliation pour avoir laissé Hong Kong sous occupation étrangère, et inaugure une nouvelle ère de développement commun entre Hong Kong et la patrie», a affirmé Jiang Zemin.
Tous les membres du comité permanent du Bureau politique du PC étaient présents dans la tribune d’honneur.
Des banderoles fêtaient le retour de Hong Kong et le 76e anniversaire du PC, qui tombe le 1er juillet.
A la fin de la cérémonie, à laquelle ont participé 18.000 artistes, une salve de 1.997 coups de canon a été tirée depuis le stade, tandis que des feux d’artifice embrasaient le ciel de la capitale. (AFP-Reuter)