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Actualités - CHRONOLOGIE

Jacquerie sanglante en Haute-Egypte contre la nouvelle loi agraire

Trois paysans ont été tués et trois autres grièvement blessés hier en Haute-Egypte dans la jacquerie la plus grave contre la nouvelle loi agraire qui risque, en octobre, de priver un grand nombre d’agriculteurs de leur maigre gagne-pain.
Cette émeute, qui a touché huit villages au nord de la région de Miniya (250 km au sud du Caire), est la plus importante action de protestation contre une loi de 1992 qui prévoit la libéralisation totale du fermage au terme d’un délai de grâce de cinq ans, qui s’achève début octobre.
La révolution nassérienne qui a suivi le coup d’Etat de 1952 avait imposé aux propriétaires de louer leurs terres à bas prix, sans pouvoir augmenter les loyers ni changer de fermier. Désormais, à partir de cet automne, les propriétaires pourront récupérer leurs terres s’ils le souhaitent.
Un agriculteur de 70 ans et un enfant de 14 ans ont été tués par balles à Taoufikiya lors d’échanges de tirs entre les paysans et les services de sécurité venus mettre un terme aux émeutes, a indiqué un communiqué du ministère de l’Intérieur.
«Une femme de 20 ans est par ailleurs décédée à la suite de la chute de vitres dans l’antenne locale du ministère de l’Agriculture d’Al-Kawadi lorsque 150 paysans ont jeté des pierres sur l’établissement ainsi que sur plusieurs véhicules», a précisé le ministère.
En outre, deux hommes et une femme ont été grièvement blessés lors des incidents qui ont duré près de deux heures, a-t-on précisé de source policière sur place. Les forces de sécurité ont procédé à des dizaines d’arrestations, ajoute-t-on de même source.

Maisons incendiées

«Des agriculteurs (...) ont tiré avec des armes de fabrication artisanale, ce qui a obligé les forces de sécurité à riposter», a souligné le ministère.
Plusieurs centaines de paysans ont mis le feu à au moins cinq maisons et une dizaine de véhicules de propriétaires terriens dans huit villages avant de couper le trafic sur la route Le Caire-Assouan (sud de l’Egypte) et d’incendier un autobus et un camion après avoir évacué leurs occupants, a indiqué la police de Miniya.
Ils ont également bloqué le trafic ferroviaire entre Le Caire et Assouan en dressant des barrages de pierres sur les rails, a-t-on ajouté de même source.
Ces graves incidents coïncident avec le début des démarches que doivent effectuer les propriétaires, au terme de la nouvelle loi, auprès de l’antenne locale du ministère de l’Agriculture pour l’informer du statut de leur terre. Selon le ministère de l’Agriculture, dans la région où se sont déroulés les incidents, «28% des terres cultivées sont en location».
Mais pour les autorités, le doute n’est pas permis. «Ce sont des instigateurs de l’opposition qui ont poussé les paysans à la révolte», a affirmé le président du Conseil de la province de Miniya, M. Abdel Rahman Aboul Makarem.
Le 25 juin, des paysans avaient mis le feu à la coopérative agricole dans la région de Bani Suef (Haute-Egypte) après avoir été empêchés par la police de tenir une réunion pour discuter de la loi. Une vingtaine d’entre eux avaient été arrêtés.
De même, cinq militants de l’opposition de gauche et trois paysans avaient été arrêtés il y a deux semaines, dans une rafle menée dans le Delta du Nil contre les opposants à cette loi.
Le ministre égyptien de l’Intérieur, le général Hassan al-Alfi, avait accusé jeudi le mouvement islamiste interdit des Frères musulmans d’être à l’origine des derniers incidents.
Selon les partis d’opposition et les experts, environ six millions de personnes pourraient être affectées par la mise en application de cette loi. (AFP)
Trois paysans ont été tués et trois autres grièvement blessés hier en Haute-Egypte dans la jacquerie la plus grave contre la nouvelle loi agraire qui risque, en octobre, de priver un grand nombre d’agriculteurs de leur maigre gagne-pain.Cette émeute, qui a touché huit villages au nord de la région de Miniya (250 km au sud du Caire), est la plus importante action de...