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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Force multinationale au Liban-sud conduite par la France La proposition Mordehaï, une manoeuvre israélienne de plus, estime Beyrouth

La récente proposition du ministre israélien de la Défense Yitzhak Mordehaï, relative à l’installation, au Liban-Sud, d’une Force multinationale conduite par la France, pour remplacer les forces d’occupation israéliennes, a été accueillie à Beyrouth comme une manœuvre supplémentaire destinée à obtenir la dissociation des volets libanais et syrien des pourparlers de paix, et une nouvelle tentative pour échapper aux contraintes de la résolution 425, qui prévoit un retrait «unilatéral et inconditionnel» d’Israël de la partie du territoire libanais qu’il occupe.
Du Maroc, où il se trouve en visite officielle (VOIR PAGE 2), le président du Conseil, M. Rafic Hariri, a mis les points sur les «i», démentant l’existence d’une nouvelle initiative de paix française dans la région. «Nous n’avons reçu, du gouvernement français, aucune proposition de cet ordre», a-t-il déclaré.
Au sujet de la proposition du ministre israélien de la Défense, M. Hariri a déclaré: «Nous avons pleine confiance que la France n’entreprendra rien dans ce domaine sans se concerter avec le gouvernement libanais. C’est une chose convenue avec le président de la République française, et je pense que le nouveau gouvernement français respecte cette orientation. Quant aux propos tenus de temps à autre en Israël à ce sujet, il s’agit de toute autre chose». «Si Israël désire se retirer du Liban, il n’a qu’à appliquer la résolution 425», a conclu à ce sujet le chef du gouvernement.

Le Liban a affirmé à différentes occasions qu’il s’engage à faire régner la sécurité à sa frontière méridionale, à l’aide de ses propres forces armées, dans le cas d’un retrait israélien inconditionnel de son sol national, rappelle-t-on.

Informations
de presse
«vagues»

«Nous n’avons reçu aucune proposition concrète», a déclaré de son côté le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz, en qualifiant de «vagues» les informations de presse sur le projet.

Le chef de la diplomatie libanaise a estimé que les informations relatives à la proposition visaient à «améliorer l’image d’Israël auprès de l’opinion publique internationale et à saborder les relations du Liban avec la Syrie».

M. Boueiz a ajouté que le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu «sait très bien qu’il a deux options pour résoudre le problème de l’occupation du Liban-Sud: soit l’application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité de l’ONU qui appelle à un retrait inconditionnel des forces israéliennes du Liban-Sud, soit le processus de paix avec les Arabes qui est basé sur le principe de l’échange de la terre contre la paix».

Plaire l’opinion
publique occidentale

«Toute autre chose ne serait qu’une manœuvre destinée à plaire à l’opinion publique occidentale», a-t-il ajouté.

A Beyrouth, l’ambassadeur de France au Liban, M. Daniel Jouanneau, a également effectué une mise au point, après avoir été reçu par le ministre des Affaires étrangères. Il a notamment exclu toute initiative unilatérale de Paris, quant à des arrangements de sécurité au Liban-Sud, sans exclure une participation privilégiée de la France à de tels arrangements, au cas où les parties concernées, c’est-à-dire le Liban d’abord, le demandaient.

«Le président Chirac, a précisé M. Jouanneau, a très clairement indiqué au Parlement libanais que la France serait prête, le moment venu, si on le lui demandait, à participer aux garanties de règlement de paix». Et d’ajouter: «Les modalités de cette participation devront être déterminées, le moment venu, en tenant le plus grand compte, des souhaits des parties concernées».
L’ambassadeur de France a très clairement affirmé, par ailleurs, que le changement de majorité, en France, n’avait pas entraîné une modification de la politique étrangère de la France au Moyen-Orient, et spécialement au Liban. Il a déclaré en outre que la France est profondément convaincue que «la paix au Moyen-Orient ne peut être que globale, et respecter les intérêts de toutes les parties concernées».

Critiques
en Israël

En Israël même, le ministre israélien de la Défense a été critiqué hier au Parlement pour avoir proposé que la France conduise une force multinationale susceptible de remplacer les forces d’occupation israéliennes au Liban-Sud.

M. Mordehaï a défendu sa proposition devant les critiques venues aussi bien de la droite que la gauche, lors d’une réunion de la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense.

«Je ne pense pas que le gouvernement français ait envie d’envoyer des soldats défendre la population israélienne, afin qu’ils puissent se faire tuer à la place des soldats israéliens», a souligné M. Rehavam Zéevi, le chef du parti d’extrême-droite Moledet, cité par un porte-parole. «Cela n’arrivera pas», a-t-il dit.

M. Yossi Sarid, le chef du parti de gauche Meretz, a estimé de son côté que la proposition ne pouvait pas aboutir sans l’accord bien improbable de la Syrie, qui a 35.000 soldats au Liban.

«Les Français ne sont pas cinglés au point de venir au Liban sans l’accord de la Syrie, et les Syriens n’accepteront que si nous leur donnons quelque chose en échange», a déclaré M. Sarid à la radio israélienne.

Mais M. Mordehaï a rétorqué que les bonnes relations de la France avec le Liban et la Syrie pourraient aider à convaincre ces deux pays de l’intérêt de sa proposition.

«J’ai encouragé le ministre français de la Défense à déployer tous les efforts possibles en vue d’un arrangement entre nous et le gouvernement et l’armée du Liban, aux termes duquel (les Libanais) combattraient le terrorisme, entreraient au Liban-Sud et permettraient ainsi à l’armée israélienne de quitter la région», a-t-il dit aux journalistes après la réunion.
La récente proposition du ministre israélien de la Défense Yitzhak Mordehaï, relative à l’installation, au Liban-Sud, d’une Force multinationale conduite par la France, pour remplacer les forces d’occupation israéliennes, a été accueillie à Beyrouth comme une manœuvre supplémentaire destinée à obtenir la dissociation des volets libanais et syrien des pourparlers de...