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Actualités - CHRONOLOGIE

Ghazi Kanaan reçu inopinément par Berry au parlement L'état se mobilise pour faire face à la révolte des affamés Murr : la désobéissance civile est interdite

Qu’est venu faire au Parlement, le brigadier Ghazi Kanaan? La visite inhabituelle, rendue hier par le chef des S.R. syriens au Liban à M. Nabih Berry, a fait l’objet de nombreux commentaires. Pour les observateurs, c’est le signe que quelque chose ne vas pas. Et ce quelque chose, c’est pour les uns la «révolte des affamés», dont cheikh Sobhi Toufayli s’est fait le champion, et pour les autres les rapports entre le président de la République, M. Elias Hraoui et le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, en désaccord sur un certain nombre de choses, du poste de commandant de la gendarmerie (occupé, traditionnellement, par un maronite), que M. Hariri veut éliminer, à l’appellation de la Cité sportive Camille Chamoun, que M. Hariri veut rebaptiser Cité sportive de Beyrouth.
Des deux dossiers, social et politique, c’est sans doute le premier qui préoccupe davantage les responsables, en raison de l’imminence du 4 juillet, date d’un rassemblement monstre auquel a appelé cheikh Sobhi Toufayli devant le sérail de Baalbeck. Ce rassemblement doit donner le coup d’envoi à un mouvement de désobéissance civile qui, pour ses organisateurs, est appelé à faire tache d’huile et à s’étendre à d’autres régions du pays, et surtout à Beyrouth. Comme à d’autres communautés. Car pour l’instant, ce mouvement est essentiellement suivi dans les milieux chiites.

Va-t-on permettre à ce rassemblement de se tenir? La question se pose. De source bien informée, on n’excluait pas, hier, un recours à l’armée, pour interdire la manifestation du 4 juillet. Le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, a été clair hier. S’exprimant à l’issue d’une rencontre avec M. Nabih Berry, M. Murr a déclaré: «Nous ne permettrons pas la désobéissance civile». Par la suite, on apprenait que le ministre de l’Intérieur s’est rendu à Damas. Sa rencontre avec M. Berry avait fait suite à l’entretien que ce dernier venait d’avoir avec le brigadier Kanaan.Le gouvernement, pour sa part, ou plus exactement M. Hariri, a paré, par des mesures économiques et des projets de développement, au plus pressé. 150 milliards de L.L. vont être investis dans le développement et une politique protectionniste va en courager l’agriculture locale. Ces décisions viennent toutefois un peu tard. Dans les cercles parlementaires,on estime à au moisn trois ans le temps qu’il faudra pour exécuter certains des projets de développement décidés (irrigation, puits artésiens, routes, etc). Or les populations défendues par la «révolte des affamés» sont privées de leur principale ressource depuis 1990 date du début de la campagne d’éradication du cannabis et du pavot dans cette région du pays. Malheureusement, aucune culture de substitution n’est venue les remplacer, et le programme des Nations Unies pour le développement, ainsi que la communauté internationale, qui avait promis assistance dans ce domaine, portent une lourde responsabilité dans cet état de fait.
Aujourd’hui, les palliatifs et les promesses ne suffisent plus. Ce que le mouvement de cheikh Toufayli réclame, c’est la fin du népotisme, le retour à l’impôt progressif sur le revenu, la baisse du tarif du courant électrique, l’exonération des classes à revenu limité des taxes sur la propriété bâtie et des taxes municipales, l’enseignement obligatoire, l’hospitalisation gratuite, la subvention de l’agriculture, la lutte contre le chômage, le relèvement du salaire minimum, une réforme cadastrale permettant la redistribution des terres et ... l’assimilation de ceux qui servent dans les rangs de la résistance aux membres de l’armée. Comme on le voit, une véritable révolution, par rapport à la politique suivie par le gouvernement de M. Hariri.
A ce dernier, il est même reproché d’avoir décidé de prendre quelques jours de repos, après sa visite officielle au Maroc, qui s’achève jeudi alors que les «déshérités» s’apprêtent à manifester à Baalbeck.
C’est d’avoir contribué à ce contraste entre un Liban qui s’enrichit, et un Liban qui s’appauvrit de jour en jour, que l’on reproche en fait à M. Hariri. C’est de faire payer aux petites gens et aux classes défavorisées, le prix de la reconstruction du Liban, au mépris de l’égalité. C’est d’avoir conduit le pays à s’endetter plus que de raison, en un pari perdu sur le processus de paix. C’est de «bricoler» ses programmes de développement en fonction de circonstances, sans peser les conséquences de ses décisions sur la population. C’est, en un mot le fait de n’avoir pas réalisé qu’on ne gouverne pas un pays comme on gère une entreprise. Et ceux qui le disent ne sont pas d’une seule communauté.
Dans n’importe quel pays «normal», M. Hariri aurait été obligé, en pareille circonstance, de rendre compte de sa gestion. Or, le fonctionnement des institutions est bloqué. Et c’est bien la raison pour laquelle la population est amenée parfois à s’exprimer en-dehors des institutions, par des «actions directes» analogues à celle qui s’est produite à Amroussiyé, ou à celle qui peut se produire le 4 juillet à Baalbeck, ou ailleurs. Le rétablissement des libertés, le bon fonctionnement des institutions, restent, à ce titre, et quoi qu’on en dise, la meilleure garantie contre les débordements. C’est dans cette perspective que le rendez-vous de lundi et mardi prochains, au Parlement, sont importants. Saura-t-on saisir l’occasion pour procéder à un véritable débat de politique générale, à une révision des comptes radicale? Ecoutera-t-on, pour une fois, les conseils de ceux qui réclament une correction de trajectoire?

F. N.
Qu’est venu faire au Parlement, le brigadier Ghazi Kanaan? La visite inhabituelle, rendue hier par le chef des S.R. syriens au Liban à M. Nabih Berry, a fait l’objet de nombreux commentaires. Pour les observateurs, c’est le signe que quelque chose ne vas pas. Et ce quelque chose, c’est pour les uns la «révolte des affamés», dont cheikh Sobhi Toufayli s’est fait le...