Après son entretien secret avec Abou Mazen Sharon pourrait rencontrer Arafat

Le «faucon» de la droite israélienne Ariel Sharon aura de nouveaux entretiens avec des dirigeants palestiniens et pourrait rencontrer Yasser Arafat, après sa réunion avec le numéro deux de l’OLP Mahmoud Abbas, a indiqué un député arabe israélien.
«Je crois que le jour viendra où Sharon rencontrera Yasser Arafat», a déclaré M. Abdel Wahab Daraouché à la radio de l’armée israélienne.
La télévision israélienne a annoncé vendredi que M. Sharon, qui a délogé l’OLP de Beyrouth lors de l’invasion israélienne du Liban en 1982, a rencontré secrètement il y a dix jours M. Abbas (Abou Mazen), architecte palestinien des accords d’Oslo sur l’autonomie en 1993.
Cette rencontre, la première de M. Sharon avec un responsable de l’OLP, a été organisée par des officiels américains, israéliens et palestiniens, mais en premier lieu par M. Daraouché qui entretient des relations amicales avec les deux hommes, selon la télévision.
«Chacun d’eux a longuement exposé ses positions et parlé honnêtement et directement», a ajouté le député en commentant cette rencontre qui a duré plusieurs heures dans le ranch de M. Sharon dans le désert du Néguev (sud d’Israël).
MM. Sharon, ministre des Infrastructures nationales, et Abbas «n’ont pas réglé tous les problèmes du processus de paix, mais le seul fait qu’ils se sont rencontrés est très important», selon lui.
«Ils ont convenu de poursuivre les entretiens, d’agir pour faire avancer le processus de paix et de parvenir à un accord entre les deux peuples», palestinien et israélien, a ajouté le parlementaire membre de la Liste arabe unifiée (4 députés sur 120 à la Knesset).
Le chef des négociateurs palestiniens, Saëb Erakat, a confirmé la tenue de cette rencontre, précisant qu’elle avait eu lieu «pour informer Sharon des positions palestiniennes». Selon lui, cet entretien est «quelque chose de normal».

L’accord de
Netanyahu

La télévision israélienne a précisé samedi que le premier ministre Benjamin Netanyahu avait donné son accord pour la tenue de la rencontre Sharon-Abbas.
M. Netanyahu a proposé à M. Sharon de prendre le ministère des Finances mais celui-ci a exigé de faire partie d’un «mini-cabinet» chargé du processus de paix et des questions de sécurité, dont sont membres le chef de la diplomatie David Lévy et le ministre de la Défense Yitzhak Mordehaï.
M. Sharon devrait être nommé à ces deux postes lundi, selon des sources officielles.
M. Lévy, qui avait exprimé dans un premier temps ses réticences à la promotion de M. Sharon au sein du mini-cabinet, l’a acceptée après avoir obtenu de rester officiellement en charge des négociations avec les Palestiniens.
Totutefois la télévision, citant des sources proches de M. Lévy, a indiqué que celui-ci n’avait pas été informé de la rencontre Sharon-Abbas et qu’il était furieux du feu vert donné par M. Netanyahu.
La rencontre israélo-palestinienne pourrait provoquer une nouvelle crise entre MM. Lévy et Netanyahu, a-t-on ajouté.
M. Sharon, fervent partisan de la colonisation juive dans les territoires palestiniens, est le seul ministre israélien à qualifier régulièrement M. Arafat de «terroriste en chef».
Les négociations israélo-palestiniennes sont suspendues depuis la mise en chantier, le 18 mars, d’une nouvelle colonie juive dans le secteur arabe annexé de Jérusalem.
Dans une interview publiée mercredi par le quotidien Maariv, M. Sharon s’est déclaré «seul capable de parvenir à un accord avec les Palestiniens», affirmant qu’il est «pragmatique, contrairement à la réputation qui m’a été faite».
Son collègue de la Sécurité intérieure, M. Avigdor Kahalani, l’a appelé vendredi à serrer la main de M. Arafat pour «illustrer l’évolution des mentalités».
Abou Mazen avait présenté le 10 mars sa démission de la direction de la délégation palestinienne aux négociations avec Israël pour marquer son désappointement à la suite du manque de progrès des négociations de paix, mais cette démission n’a pas été acceptée officiellement par M. Arafat. (AFP)