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Actualités - REPORTAGE

La troupe musicale Weshm au Madina Un amalgame de tulipes hollandaises et de tournesols maghrébins (photo)

Le théâtre Al-Madina prête ses planches à la troupe «Weshm», pour deux soirées musicales, ce soir et demain samedi, 20h30. Composé de six membres, ce groupe est aussi hétéroclite dans sa composition que dans la musique qu’il interprète. Ils sont deux Néerlandais et quatre Marocains. Ils chantent les textes des poètes arabes sur une musique qui puise à divers horizons, «à la recherche de l’âme humaine».
Les six hommes s’installent sur scène pour une répétition. Il y a là Floris Dercksen avec son violoncelle, Abid el-Bahri tantôt à la mandoline tantôt au oud, la voix de Nejib Cherradi, Kamal Hors au oud, Marcel Koepers à la clarinette et Mohammed Ben Chakhchakh aux percussions.
«Qui suis-je?» entonne d’une voix régulière et grave Cherradi. Les percussions — deux tambours africains et un latino-américain — entament un long tam-tam qui semble avoir cheminé depuis les lointaines contrées sahariennes. La musique adopte ensuite un rythme saccadé, répétitif.
Deuxième morceau, «Nous sommes deux âmes», chanson aux rythmes incantatoires. Comme une âme qui se débarrasse de l’enveloppe qui l’emprisonne, la voix s’élève en mouwal, s’affine jusqu’à l’extinction…
Ensuite, le violoncelle étire ses notes pour un poème de Hallage (poète soufi du 10e siècle). La mandoline y mêle parcimonieusement ses sonorités aigres. Dans une cacophonie de sons, la voix du chanteur surgit avec puissance…

Tatouage

Le groupe «Weshm» a vu le jour en 1987, en Hollande, «Chacun de nous travaillait de son côté, dans le domaine de la musique» raconte le chanteur, Najib Cherradi. Ils se croisent et forment d’abord un groupe à trois.
Souvent en tournée en Europe, c’est la première fois qu’ils se produisent dans un pays arabe. «Beyrouth est la capitale dans laquelle il faut se produire quand on joue pour la première fois en Orient» dit le chanteur. «Le Liban est le plus ouvert, le plus accessible aux différentes sensibilités». Il pense que le public sera indulgent «car il est perméable à toute nouveauté».
Le nom de la troupe «vient du weshm, c’est-à-dire le tatouage marocain sur le visage. Nous voulons tatouer l’oreille arabe d’une autre forme musicale» dit-il. «Le tatouage est également utilisé pour embellir…» Une musique qui emprunte à l’orient, à l’Espagne, à l’Amérique du Sud… «Je voudrais pousser les gens à se poser des questions. A ce qu’ils abordent la musique d’une autre manière, sur le plan esthétique».
Quant aux textes choisis, ils sont signés Hallage ou Al-Nifari (deux poètes soufis du Xe siècle), Adonis… «J’ai choisi Hallage non pas parce qu’il est soufi, mais parce qu’il refusait l’ordre établi, il doutait de tout, il était toujours à la recherche d’un renouveau». Et Nejib Cherradi de poursuivre, «en travaillant sur les textes de grands poètes, on tente d’aller au-delà de la lettre, du sens du mot. On est à la recherche de la musicalité du mot ou du vers. On finit parfois par trahir le texte originale par fidélité à lui».
Outre le brassage des genres musicaux, il y a un mélange des époques. «Il n’y a pas dans notre travail de césure entre le passé et le modernisme. Nous puisons à toutes les sources afin de mener le public dans un autre monde».
Un tel métissage musical ne risque-t-il pas d’effacer l’identité de chaque création? «Notre musique n’est pas soumise à une règle» répond le chanteur. «Nous sommes dans une aventure. Je travaille toutes ces musiques pour en sortir l’âme de l’homme et non pour définir une musique dans un espace géographique. Quant à l’identité, nous sommes des orphelins, des exilés de la musique».
Pour les amateurs de musique universelle étonnante et détonnante…

A.G.
Le théâtre Al-Madina prête ses planches à la troupe «Weshm», pour deux soirées musicales, ce soir et demain samedi, 20h30. Composé de six membres, ce groupe est aussi hétéroclite dans sa composition que dans la musique qu’il interprète. Ils sont deux Néerlandais et quatre Marocains. Ils chantent les textes des poètes arabes sur une musique qui puise à divers horizons,...