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Actualités - CHRONOLOGIE

L'émir Abdallah au Liban : une confirmation des liens privilégiés entre Beyrouth et Ryad Le prince héritier d'Arabie Séoudite met en garde contre la tentation de contourner les exigences d'une paix juste et globale (photo)

Le prince héritier d’Arabie Séoudite, Abdallah ben Abdel Aziz, est arrivé hier au Liban pour une visite de 48 heures, la première d’un officiel séoudien de ce rang depuis 1975. Parvenu avec du retard à la frontière internationale libano-syrienne, le prince Abdallah a entamé hier soir ses entretiens officiels avec les responsables, par un tête-à-tête de 30 minutes avec le chef de l’Etat, entre 22 heures et 22h30.
La visite du prince Abdallah revêt une dimension régionale, aussi bien que bilatérale. Régionale, car elle intervient dans un contexte arabe particulièrement délicat, marqué par le blocage du processus de paix, et l’amorce d’une politique d’axes régionaux antagonistes.
Par ailleurs, cette visite revêt une dimension bilatérale particulière, car elle consacre, d’une certaine façon, un «retour à la normale» entre le Liban et l’Arabie Séoudite, après la tourmente des années de guerre, qui avait contraint le royaume wahabite à fermer son ambassade à Beyrouth, à la suite d’un attentat dans les années 80. Ce retour à la normale, qui date en fait de 1990 et de l’accord de Taëf, s’est déjà traduit aussi bien par une aide financière substantielle que par le soutien politique au gouvernement de M. Rafic Hariri. Toutefois, une visite officielle d’une personnalité séoudienne de haut rang lui manquait. Avec la présence au Liban du prince Abdallah, cette lacune est comblée.
Le prince héritier, qui venait de Damas par la route, a été accueilli à la frontière internationale libano-syrienne par le président du Conseil, M. Rafic Hariri, et de nombreux ministres, notamment les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères, MM. Michel Murr et Farès Boueiz, ainsi que par M. Nassib Lahoud.
Une délégation de 162 membres accompagne l’émir Abdallah, parmi lesquels le ministre séoudien des Affaires étrangères, Séoud el-Fayçal.
Le convoi du responsable séoudien et la délégation qui l’accompagne, formé de 40 Mercédès-600 et d’une soixantaine de Range Rover, s’est dirigé vers le palais présidentiel de Baabda. C’est M. Hariri en personne qui a conduit la voiture dans laquelle se trouvait le prince héritier séoudien. Le convoi a dû s’arrêter à plusieurs reprises, en cours de route, pour se prêter à des cérémonies d’accueil populaire. A Chtaura, ce sont des cavaliers de la tribu des Husna, conduits par leur chef, député de l’Assemblée du peuple syrienne, qui l’ont acclamé. Tout au long du chemin, des drapeaux libanais et séoudiens flottaient, ainsi que des banderoles souhaitant la bienvenue au prince héritier.
La plus grande partie de l’emploi du temps de l’émir Abdallah ben Abdel-Aziz été consacrée, hier, aux effusions des retrouvailles et aux rencontres protocolaires. Après la cérémonie d’accueil officielle à Baabda, le prince héritier a déjeuné à la table du président Hraoui, avant de se rendre à la villa du président du Conseil, à Koraytem, où il passera les deux nuits de son séjour libanais.
Le soir, le prince Abdallah ben Abdel-Aziz devait regagner le palais de Baabda, où un dîner officiel a été offert en son honneur par le chef de l’Etat, en présence de plus de 300 invités de toutes les communautés libanaises. M. Hraoui devait remettre à son hôte le grand cordon de l’Ordre du Cèdre, tandis que son hôte lui remettait la plus haute distinction honorifique séoudienne.

Avant de passer le grand cordon au cou de son hôte, le président Hraoui a tenu à saluer l’importante contribution séoudienne à la construction de l’Université libanaise, de l’hôpital gouvernemental de Beyrouth, de la Cité sportive, de l’autoroute du Sud, de dispensaires. Avant de passer à table, l’émir Abdallah a insisté pour serrer la main de tous les présents.
Aujourd’hui, le programme officiel prévoit un déjeuner à Aïn el-Tineh et un dîner à Koraytem. Dans la matinée, l’émir Abdallah et la délégation qui l’accompagne accompliront leurs devoirs religieux à la grande mosquée Al-Omari.
Le prince Abdallah doit s’entretenir avec le chef de l’Etat et MM. Berry et Hariri des relations bilatérales politiques et économiques, ainsi que de la stagnation du processus de paix.
Dans un message écrit transmis à la presse, à son arrivée, le responsable séoudien a d’ailleurs abordé la question, mettant en garde contre la tentation de contourner les exigences d’une paix juste et globale. «Les difficultés et souffrances provenant d’une telle attitude n’épargneront personne», a-t-il mis en garde, proclamant sa solidarité et son attachement aux «droits légitimes de la population du Liban-Sud» et dénonçant au passage une politique pour laquelle «la fin justifie les moyens», mais qui poursuit «un passé suranné, quand on songe aux changements intervenus au cours d’un siècle où l’homme est en train de conquérir l’espace».


Par ailleurs, l’émir Abdallah a félicité les Libanais pour leur «vigilance politique» qui leur a permis de «se remettre de leur amère épreuve», rendant hommage aux intellectuels et penseurs libanais qui ont dû «rendre compte de toutes les cultures présentes sur leur terre».
Sensible, pour sa part, à l’importance économique et financière de la visite du prince Abdallah, M. Hariri a déclaré à la presse: «Cette visite est historique. Elle doit ouvrir la voie aux investisseurs arabes, en particulier d’Arabie Séoudite et des autres pays du Golfe, afin qu’ils contribuent à la renaissance du Liban».
Depuis 1993, l’Arabie Séoudite a accordé 100 millions de dollars de dons pour le financement du programme de reconstruction de 18 milliards USD, lancé au Liban à la fin de la guerre.
Le Fonds séoudien pour le développement a accordé des prêts à taux préférentiel d’un total de 130 M USD, alors que les investissements séoudiens privés au Liban sont estimés à 1,5 md USD.
En 1996, la balance commerciale a été en faveur du Liban, Ryad ayant importé des marchandises pour 139 M USD, alors que ses exportations se sont élevées à 112 M USD.
Quelque 175.000 Libanais résident en Arabie Séoudite, selon des chiffres officiels.
Avant Beyrouth, le prince Abdallah s’était rendu à Damas où il s’est entretenu avec le président Hafez el-Assad du processus de paix.


Le prince héritier d’Arabie Séoudite, Abdallah ben Abdel Aziz, est arrivé hier au Liban pour une visite de 48 heures, la première d’un officiel séoudien de ce rang depuis 1975. Parvenu avec du retard à la frontière internationale libano-syrienne, le prince Abdallah a entamé hier soir ses entretiens officiels avec les responsables, par un tête-à-tête de 30 minutes avec le...