Les habitants de Jezzine relancent Hraoui, Berry et Hariri

Week-end chargé pour les habitants de Jezzine qui ont poursuivi samedi et dimanche leurs démarches auprès des responsables concernés afin d’obtenir la suppression des nombreuses vexations dont ils sont victimes, sous prétexte qu’ils vivent dans une région contrôlée par l’Armée du Liban-Sud. Leurs riches... en promesses: ils ont ainsi obtenu la promesse que les permis d’accès à cette région du Liban-Sud soient délivrés au barrage de l’armée et non plus à Fiyadieh et que le harcèlement dont ils sont victimes au niveau du barrage de l’armée à Bater cesse. Ils ont aussi obtenu la promesse de contacts avec le Hezbollah pour le convaincre de suspendre ses opérations militaires dans la région de Jezzine.
Sur le plan pratique, comment cela va-t-il se traduire? «Nous verrons dans deux ou trois jours», a déclaré le député Sleiman Kanaan (Jezzine) à «L’Orient-Le Jour. M. Kanaan a rappelé que depuis six mois, les permis d’accès à Jezzine sont délivrés à Fiyadieh, «ce qui pose un véritable problème pour ceux qui sont installés dans la partie libérée du caza (limitrophe du caza de Saïda) et qui veulent se rendre dans les secteurs sous occupation». «Et depuis six mois, nous avons entrepris des démarches auprès des responsables concernés pour obtenir que ces permis soient de nouveau délivrés aux barrages de l’armée, sur les voies de passage, mais nous n’avons réussi qu’à leur arracher des promesses», a-t-il ajouté.
M. Kanaan et M. Samir Azar, également député de Jezzine, étaient à la tête de la délégation qui a effectué samedi une tournée auprès des chefs de l’Etat, du Parlement et du gouvernement pour leur exposer la complexité de la situation à Jezzine et solliciter leur aide. Rappelons que les habitants de cette région ne sont pas seulement harcelés au niveau des barrages de l’armée sur les points de passage mais sont parfois interpellés dans certains secteurs de la capitale, sous prétexte qu’ils viennent d’une région contrôlée par l’ALS.
La délégation est issue du Rassemblement des municipalités, des moukhtars, des associations et des clubs de Jezzine. Elle groupait également parmi ses membres l’évêque maronite de Saïda, Mgr Mtanios Khoury, et le supérieur général de l’Ordre des moines antonins, l’abbé Yuhanna Slim.
La délégation s’est d’abord rendue au palais de Baabda où elle a présenté au président Elias Hraoui un mémorandum résumant les souffrances des habitants de la région. Le texte fait état des problèmes de sécurité «qui se sont exacerbés récemment et causé de nombreuses victimes dans les rangs des civils innocents, semant ainsi la peur parmi la population, ce qui contribuera à vider davantage la région». Il met aussi l’accent sur le blocus économique «imposé depuis 11 ans à Jezzine» et stigmatise les récentes restrictions imposées à l’entrée des Libanais à Jezzine «lesquelles ont causé l’effondrement économique de la région».

«Pas de problèmes avec
le Hezbollah»

Au terme des entretiens, les porte-parole de la délégation se sont félicités des réactions favorables des trois responsables à leurs doléances. Le député Sleiman Kanaan a en outre mis l’accent sur la nécessité de tenir les civils à Jezzine à l’abri des opérations militaires, soulignant qu’il n’existe aucun problème entre les habitants de la région et le Hezbollah dont les combattants sont «nos frères».
Le député ainsi que l’évêque de Saïda ont tous deux mis l’accent sur la nécessité d’une mise en application de la résolution 425 de l’ONU, «qui reste la meilleure solution à tous nos problèmes», selon M. Kanaan. Le député et le dignitaire maronite ont également affirmé ignorer qui pose des engins explosifs à Jezzine. Les attentats sont «l’œuvre de pêcheurs en eau trouble qui veulent provoquer des remous dans la région», selon Mgr Khoury.
Un des membres de la délégation, M. Sleiman Rizk, a en outre révélé que M. Nabih Berry a pris contact en leur présence avec le commandant en chef de l’armée, le général Emile Lahoud, et a soulevé avec lui le problème que pose le passage entre Jezzine et les régions contrôlées par l’Etat.
Hier aussi, une délégation de Jezzine conduite par l’abbé Slim s’est rendue auprès du patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, qui a exprimé l’espoir que les mesures appropriées soient prises «pour rassurer les habitants de Jezzine». «Nous n’exagérons pas lorsque nous affirmons que si la région est désertée par ses fils, c’est tout le Liban qui sera en danger», a déclaré le patriarche après avoir indiqué qu’il a relancé de nombreux responsables au sujet du problème de Jezzine (VOIR AUSSI PAR AILLEURS). Il convient de rappeler dans ce cadre que des parlementaires ont dit redouter que les multiples incidents de sécurité dans la région de Jezzine ne s’inscrivent dans le cadre d’un plan visant à modifier le tissu démographique dans la région.