Le bloc Joumblatt et Dib Nehmé s'élèvent contre l'initiative de Hariri

L’initiative du premier ministre Rafic Hariri visant à modifier le nom de la Cité Sportive Camille Chamoun a été vivement stigmatisée, hier, par le Front de Lutte nationale (le bloc parlementaire du leader du PSP Walid Joumblatt) et M. Georges Dib Nehmé, député du Chouf.
Dans un communiqué qu’il a rendu public au nom du Front de Lutte nationale, M. Wadih Akl, député du Chouf, a ironisé en commentant le projet de modification du nom de la Cité Sportive. «Il est indéniable que le génie que révèle la glorieuse marche vers le choix de nouveaux noms pour les places, rues et édifices publics mérite toute notre admiration, a notamment souligné M. Akl. La profonde et révolutionnaire transformation que nous constatons durant le règne de la privatisation, de la persécution des démunis et des déplacés doit à jamais être gravée dans l’Histoire et dans l’esprit des générations futures».
Et M. Akl de poursuivre: «Ce que nous avons entamé en débaptisant la Cité Camille Chamoun doit être poursuivi dans les rues de la capitale et de nos villes. La Place Riad Solh serait ainsi appelée Place Fouad Siniora et la Place Abdel Hamid Karamé deviendrait la Place el-Fadl Chalak. Le monde devrait savoir, enfin, ce qu’est la civilisation. M. Lionel Jospin devrait effacer des rues françaises toute trace des Gaullistes. Et M. Anthony Blair devrait rayer les noms des conservateurs des places et des édifices publics britanniques».
Et M. Akl de conclure: «Le Front de Lutte nationale a très rarement partagé les options politiques du président Chamoun. Il a, au contraire, lutté et combattu ses idées au moment où ceux qui tentent à présent d’effacer son nom de la Cité Sportive rampaient vers lui. Nous invitons les auteurs de ce projet à tenter de se débarrasser de leurs complexes napoléoniens et de ne pas gommer des empreintes historiques indélébiles».

Nehmé: Une atteinte
au principe de l’entente

De son côté, M. Georges Dib Nehmé a déclaré: «En mon nom personnel, au nom des habitants de Deir el-Kamar, et au nom des chamounistes de toutes les confessions, je tiens à souligner notre refus d’abolir le nom du président Camille Chamoun de la Cité Sportive. Il s’agit pour nous, non seulement d’un problème sentimental, mais d’une question de principe. Cette affaire porte atteinte au principe même de l’entente nationale. Le président Chamoun, quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir de ses options politiques, reste l’un des géants de l’Histoire contemporaine du Liban. Il fut l’un des principaux piliers de l’Indépendance. Il représente un symbole important pour la majorité des chrétiens. Il est par conséquent inconcevable que son nom soit remplacé par un autre».
Et M. Dib Nehmé de poursuivre: «Qu’adviendra-t-il du pays si chaque dirigeant qui arrive au pouvoir entreprend de gommer des rues et des édifices publics les noms de personnalités qui lui sont hostiles? Il est quasiment impossible d’effacer l’Histoire et d’effacer la mémoire des masses et des communautés. Est-il concevable que la pérennité du nom de nos grands leaders soit tributaire d’un emplacement géographique? Auquel cas, les slogans relatifs à l’entente nationale ne seraient que de belles paroles».