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Actualités - CHRONOLOGIE

Israël sollicite une initiative française au Liban (photo)

Le calvaire subi par les habitants de Jezzine, du fait des attentats anti-israéliens qui n’établissent pas de distinction entre les objectifs militaires et la population civile, focalise l’attention des responsables depuis quelques jours. Pour que le pouvoir accorde ainsi (symboliquement) un intérêt — très relatif — à ce problème, il aura fallu que de nouvelles victimes innocentes soient fauchées par les engins explosifs placés sur les routes, loin des lignes de démarcation. Il n’a pas été possible de déterminer si ce dossier a été évoqué hier au cours du bref entretien de vingt minutes que le président Elias Hraoui a eu en début d’après-midi avec le chef du gouvernement Rafic Hariri.
Au cours des dernières vingt-quatre heures, les habitants et les notables de Jezzine ont accentué la pression pour amener les responsables à prendre des mesures concrètes afin d’atténuer les épreuves qu’ils ne cessent d’endurer. Dans la pratique, la population cherche à atteindre deux buts essentiels et ponctuels: la fin du harcèlement auquel ils sont souvent soumis au barrage de l’armée, sur la voie de passage de Jezzine avec le Chouf; et l’arrêt des attentats perpétrés sur les axes routiers situés en profondeur dans la région, loin des lignes de front. Ces doléances ont été transmises aux responsables concernés par les trois députés de Jezzine, le ministre Nadim Salem ainsi que MM. Samir Azar et Sleiman Kanaan.
Dans la journée d’hier, les habitants de la région ont observé une grève générale pour protester contre les attentats qui visent les civils. Un rassemblement, accompagné d’un sit-in, a été organisé devant le sérail de Jezzine, et les notables de la région ont adressé au président Elias Hraoui, au chef du Législatif Nabih Berry et au premier ministre Rafic Hariri des messages dans lesquels ils exposent les doléances de la population. Dans le même temps, une messe a été célébrée dans la localité pour le rétablissement de la stabilité et du calme à Jezzine.
Parallèlement à cette pression populaire, le chef de l’Armée du Liban-Sud, le général Antoine Lahd, a brandi la menace d’une riposte sévère si les attentats visant les civils devaient se poursuivre. Le général Lahd a, une nouvelle fois, fait assumer à l’Etat libanais l’entière responsabilité de la recrudescence des opérations anti-israéliennes menées loin des lignes de démarcation.

La requête
de Mordehaï

Coïncidence ou pas: la relance du dossier de Jezzine intervient alors que le ministre israélien de la Défense, M. Yitzhak Mordehaï, demandait hier, à Paris, au nouveau gouvernement français d’user de l’influence de la France au Liban afin de faciliter la conclusion d’un accord de paix entre Beyrouth et Tel-Aviv. La radio israélienne a indiqué à ce propos que M. Mordehaï s’est prononcé en faveur d’une initiative française au Liban en vue d’un accord de paix avec Israël.
«Nous souhaitons que la France mette à profit ses relations avec le Liban pour réduire la violence et le terrorisme ainsi que pour aboutir à un accord entre nos deux pays», a déclaré M. Mordehaï, qui s’exprimait à l’issue d’une rencontre avec son homologue français Alain Richard.
M. Mordehaï a estimé que la France s’était montrée «intéressée» par cette proposition.
Interrogé par la presse sur les propos du ministre israélien, les services du ministère français de la Défense ont confirmé qu’au cours de l’entretien, M. Mordehaï a fait état de son souhait de voir la France développer une action en faveur de la paix au Liban. «M. Richard a pris note des propos de son homologue israélien et indiqué qu’il en rendrait compte au gouvernement et au président de la République», ont précisé les mêmes sources.
Dans un communiqué de presse, le ministère français de la Défense a précisé que M. Richard a rappelé à son interlocuteur israélien «les principes traditionnels de la politique française à l’égard du processus de paix au Proche-Orient, y compris sur la question du Liban».
Une source française autorisée a souligné de son côté, que la France «reste fondée sur un règlement global intéressant les volets syro-israélien et libano-israélien, qui s’appuie sur les résolutions des Nations Unies, notamment la résolution 425».
L’agence locale d’information «al-Markazya» rapporte de son côté, citant les milieux du ministère français de la Défense que M. Mordehaï a déclaré à son interlocuteur français que «tout accord conclu (avec le Liban) doit sauvegarder la sécurité des officiers et des soldats de l’Armée du Liban-Sud dirigée par le général Antoine Lahd, ainsi que leurs familles».
A Beyrouth, les sources du palais Bustros se sont refusées à tout commentaire sur la proposition de M. Mordehaï, soulignant que le gouvernement libanais attendait d’être informé par Paris de toute éventuelle proposition israélienne.
En automne dernier, l’Etat hébreu avait sollicité la médiation de la France pour convaincre Beyrouth d’accepter l’option «Liban d’abord» proposée par le premier ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu. Le Liban et la Syrie avaient immédiatement rejeté cette proposition et avaient refusé d’en discuter estimant qu’il s’agissait d’«un piège israélien dont le seul but est de séparer les volets libanais et syrien des négociations de paix».
Le calvaire subi par les habitants de Jezzine, du fait des attentats anti-israéliens qui n’établissent pas de distinction entre les objectifs militaires et la population civile, focalise l’attention des responsables depuis quelques jours. Pour que le pouvoir accorde ainsi (symboliquement) un intérêt — très relatif — à ce problème, il aura fallu que de nouvelles victimes...