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Actualités - CHRONOLOGIE

Turquie : les chances de Ciller augmentent

Il y a, d’un côté, l’opposition qui se déclare prête à former un gouvernement d’où seraient exclus les islamistes. Mais ses chances s’amenuisent au fil des heures. Il y a, d’un autre côté, la coalition actuellement au pouvoir, dont le chef Necmettin Erbakan a cédé la place à son alliée Tansu Ciller, laquelle voit ses chances augmenter. Telle était, hier, la situation politique en Turquie où l’armée, gardienne de la laïcité, et les islamistes ont choisi depuis des mois de croiser le fer sans que l’on sache qui, en définitive, pourrait l’emporter.
Mme Ciller a le soutien total de son partenaire islamiste, le Parti de la prospérité (Refah) du premier ministre démissionnaire, et du Parti de la grande union (BBP, extrême-droite à tendance islamiste). Ils avaient présenté mercredi une lettre au président Suleyman Demirel dans laquelle ils déclarent avoir la majorité au Parlement, réclamant ainsi que le chef d’Etat désigne Mme Ciller pour former un gouvernement.
Le Parti de la juste voie (DYP, droite) de Mme Ciller, le Refah et le BBP ont théoriquement le soutien de 280 députés au Parlement, où la majorité absolue est de 276 sièges.
En direction des militaires, le Refah a fait hier un tout petit pas en obtenant la démission d’un de ses membres, le troisième en vingt-quatre heures, dont les propos militants et antilaïcs avaient fait scandale.
La démission du député d’origine kurde Ibrahim Halil Celik suit d’un jour celles de deux autres figures controversées du Refah, Sevki Yilmaz et Hasan Huseyin Ceylan. Le Refah a poussé ces députés à démissionner dans le but d’atténuer la pression sur le parti causée par une procédure d’interdiction intentée le 21 mai par le parquet de la Cour de cassation, estiment les analystes.
L’acte d’accusation estimait que le parti était «devenu un foyer d’activités incompatibles avec l’article de la Constitution sur la laïcité de l’Etat», se basant notamment sur les interventions de ces députés.
M. Celik avait affirmé que le «sang coulerait» et que la «Turquie deviendrait une deuxième Algérie», si les sections secondaires des écoles d’enseignement religieux (Imam-hatip) étaient fermées comme les militaires l’exigent.
La démission de MM. Celik, Yilmaz et Ceylan n’en est pas vraiment une car personne ne doute qu’ils continueront à soutenir totalement le Refah au Parlement.
Au sein du parti de Tansu Ciller, à l’autre bord de l’échiquier, il existe des députés dissidents, dont le nombre n’est pas connu exactement, et qui se déclarent mécontents de la poursuite de l’alliance avec le Refah, mais depuis la démission, mercredi, de M. Erbakan, ils n’ont pas manifesté publiquement leur volonté de soutenir l’opposition, ce qui permettrait à celle-ci de former un gouvernement en excluant les islamistes.
Or, les partis d’opposition semblaient jeudi peu sûrs d’eux et en désaccord sur des détails. Ils n’ont pas proposé une formule viable pour barrer la route à Mme Ciller, à l’issue d’une journée de consultations menées par le président Demirel, destinées à explorer les chances de l’opposition de créer un gouvernement.
En effet, la tâche du principal chef de l’opposition, Mesut Yilmaz, président du Parti de la mère-patrie (Anap, droite, 129 sièges), est difficile. Pour mettre sur pied un cabinet viable, il aurait besoin du soutien total de trois autres partis d’opposition, auquel doit s’ajouter l’appui d’une dizaine de non-inscrits et d’au moins une dizaine de députés dissidents de Mme Ciller.
A l’inverse, cette dernière se montrait jeudi sûre d’elle-même sur l’attitude de ces derniers: «Je crois qu’aucun des députés du DYP ne s’opposera à un gouvernement formé par leur chef», a déclaré Mme Ciller, dans une conférence de presse à Ankara.
«Toute formule de gouvernement qui exclurait le Refah troublerait sérieusement la paix sociale. La formation d’une nouvelle coalition excluant le Refah accroîtrait la tension dans la société», a-t-elle averti, prenant ainsi la défense de son partenaire islamiste, accusé par l’armée de remettre en cause la laïcité de l’Etat et que l’opposition veut exclure d’un futur gouvernement.
«J’ai déclaré à M. Demirel que nous sommes prêts à assumer la responsabilité» (de former un gouvernement), a dit M. Yilmaz, à l’issue d’un entretien avec le chef de l’Etat. «Si je suis désigné par le président pour former un nouveau gouvernement, je ne procéderai à aucun contact avec le Refah et je me dirigerai vers le DYP» de Tansu Ciller, sa rivale acharnée pour prendre la tête de la droite classique.
Il y a, d’un côté, l’opposition qui se déclare prête à former un gouvernement d’où seraient exclus les islamistes. Mais ses chances s’amenuisent au fil des heures. Il y a, d’un autre côté, la coalition actuellement au pouvoir, dont le chef Necmettin Erbakan a cédé la place à son alliée Tansu Ciller, laquelle voit ses chances augmenter. Telle était, hier, la...