Chédid se retire, Ghanem lui succède La guerre de la Békaa n'aura pas lieu (photo)

L’ex-député maronite de la Békaa-Ouest Henri Chédid, dont le mandat avait été invalidé le mois dernier par le Conseil constitutionnel, a annoncé hier le retrait de sa candidature pour l’élection législative partielle prévue le 29 juin dans la Békaa, à quelques heures de l’expiration du délai pour les retraits de candidature, hier à minuit.
Ce retrait-surprise, qui intervient quelques jours après que l’ex-parlementaire eut démenti des informations de presse dans ce sens, laisse le champ libre à l’unique autre candidat pour ce siège, l’ancien député Robert Ghanem, qui avait été battu par M. Chédid au scrutin de 1996. M. Ghanem sera donc proclamé élu d’office.
Dans une lettre adressée à L’Orient-Le Jour, M. Chédid explique longuement les raisons qui l’ont poussé à se retirer de la course, accusant ses adversaires politiques de vouloir «accaparer» la volonté populaire et de s’adonner à la «fraude» à grande échelle.
S’en prenant implicitement aux responsables du pays, il les a accusés de chercher «à compléter ce qui avait été entamé par la fraude au Conseil constitutionnel», en ayant recours aux services de l’Etat et «en ouvrant encore plus grandes les vannes financières afin de noyer la volonté populaire».
Il a affirmé qu’en dépit de ses appels «pour que la bataille électorale se déroule dans un climat de compétition acceptable, la décision a été prise de faire chuter Henri Chédid quoi qu’il en coûte, parce qu’il représente la volonté des gens».
M. Chédid a souligné que le retrait de sa candidature ne signifiait pas l’abandon de sa carrière politique. «Le but est de ne pas se laisser entraîner dans des batailles vaines pour se réserver au jour prochain où le peuple pourra exprimer sa volonté dans un climat de plus grande liberté et de démocratie», a-t-il dit.
Dès l’annonce de la nouvelle du retrait de M. Chédid, les partisans de M. Ghanem ont accouru chez lui, à Saghbine, dans la Békaa-Ouest, pour le féliciter de son élection pratiquement assurée.
Dans une allocution, M. Ghanem les a remerciés pour leur soutien et a félicité «les nobles et libres fils de la Békaa qui ont prouvé qu’ils ne pouvaient être achetés par l’argent et ont refusé de se livrer à ceux qui ont cherché à accaparer leur volonté».

Murr «soulagé»

A Beyrouth, le ministre de l’Intérieur Michel Murr, qui attendait encore une confirmation officielle du retrait de la candidature de M. Chédid, a déclaré que ce développement «soulage» le ministère dans la mesure où il n’a plus à se soucier d’envoyer des fonctionnaires et des forces de l’ordre dans la Békaa-Ouest pour y assurer le bon déroulement du scrutin.
M. Murr s’exprimait à l’issue d’une réunion à midi axée sur les mesures de sécurité qui doivent être prises le 29 juin dans les régions concernées par les élections partielles.
Il a précisé que l’armée assurerait la sécurité à l’extérieur des bureaux de vote tandis que les gendarmes se verraient confier le maintien de l’ordre à l’intérieur de ces bureaux.
Outre la Békaa, des élections partielles sont prévues au Liban-Nord (un siège sunnite et un autre maronite du Akkar) et à Jbeil (un siège maronite). Les mandats des ex-titulaires de ces sièges avaient tous été invalidés par le Conseil constitutionnel.