Quatrième journée de violence à Hébron : 28 blessés dont deux graves Le processus de paix risque d'aller à reculons, préviennent les USA (photo)

Réagissant aux affrontements qui se poursuivaient hier pour la quatrième journée consécutive dans les territoires, le département d’Etat américain a demandé «aux dirigeants palestiniens et israéliens de faire preuve d’un maximum de retenue» pour rompre «le cycle de la violence» à Hébron (Cisjordanie).
«Les Palestiniens et les Israéliens doivent trouver un moyen de rompre le cycle de la violence et de régler leurs problèmes à la table de négociation», a déclaré le porte-parole du département, Nicholas Burns.
Il a «refusé de rejeter la responsabilité sur l’une ou l’autre partie» mais a reconnu qu’il y avait un risque qu’avec ce regain de violence en Cisjordanie, le processus de paix «aille à reculons dans certains domaines».
Paris, de son côté, a exprimé sa préoccupation. «Les derniers incidents sont inquiétants. Ils illustrent la montée de la tension et du pessimisme», a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay. «Le processus de paix ne traverse pas seulement une crise politique, la crise se trouve dans les esprits», a-t-il ajouté, soulignant qu’il est «urgent de relancer l’application entière des accords israélo-palestiniens pour que la tension retombe».
Cette tension en effet ne fait qu’augmenter au fil des jours puisque les affrontements se sont poursuivis pour la quatrième journée consécutive, hier à Hébron, où l’armée israélienne a blessé 28 manifestants palestiniens, dont deux gravement.
A l’est de l’enclave autonome de Jéricho, des colons juifs ont tenté d’agrandir la colonie d’Elisha en posant des barbelés autour d’un terrain, ont rapporté des témoins palestiniens.
Ils ont ajouté que les forces de sécurité israéliennes et palestiniennes étaient intervenues pour les empêcher d’annexer ce terrain et qu’une réunion avait été prévue dans la journée pour tenter de régler le problème.
L’armée israélienne a fait savoir qu’elle vérifiait l’information.
Un incident similaire a provoqué des incidents lundi dans la bande de Gaza. Des colons juifs ont ouvert le feu et blessé un jeune Palestinien lors d’une manifestation contre l’annexion d’un terrain, près de la colonie de Morag.
A Hébron, plusieurs dizaines de jeunes ont à nouveau jeté des pierres et des cocktails Molotov en direction du quartier juif, au cœur de la ville. Des soldats ont immédiatement été déployés pour leur faire face.
La troupe s’est tout d’abord abstenue de faire feu mais les soldats ont tiré quand un manifestant a brûlé un grand drapeau israélien et s’est mis à danser sous leurs yeux. Le jeune homme a été blessé à une jambe, ont précisé des témoins.
Des responsables de l’hôpital al Ahli, à Hébron, ont déclaré qu’un garçonnet de 12 ans a été atteint d’une balle dans la tête. Un passant âgé de 72 ans, blessé par balle au front, était aussi dans un état grave.
Ils ont ajouté que 26 autres Palestiniens avaient été blessés dans la journée d’hier.
En quatre jours de violences, plus d’une centaine de Palestiniens ont été blessés à Hébron.
De son côté, l’armée israélienne a démenti avoir abandonné les gaz lacrymogènes pour tenir compte des habitants juifs d’Hébron, incommodés par les fumées, comme l’avaient déclaré des Palestiniens dimanche.
«Le recours aux gaz lacrymogènes à Hébron est uniquement défini par des impératifs opérationnels et la décision est prise par l’officier commandant sur le terrain», a dit à Reuter un porte-parole de l’armée.
Le premier ministre Benjamin Netanyahu a accusé lundi l’Autorité palestinienne d’orchestrer les violences dans la bande de Gaza et de ne rien faire pour calmer les esprits à Hébron.
Mardi, c’est avec les Nations Unies qu’une querelle a éclaté.
L’ONU a fait savoir qu’elle annulait une mission d’étude sur l’extension des colonies juives à Jérusalem-Est car Israël impose à ses délégués des «restrictions» jugées inacceptables.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a démenti ces accusations, en se bornant à dire: «Nous pensions qu’il était inutile que la mission vienne ici. (Mais) ce n’est pas comme si nous avions claqué la porte ou quelque chose comme cela. C’est leur décision, après tout».