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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

A deux jours de sa démission au profit de Ciller Erbakan défie les militaires

A deux jours de sa démission attendue demain, au profit de Tansu Ciller, le premier ministre islamiste turc Necmettin Erbakan a appelé hier à Istanbul l’armée turque à rester en dehors de la politique, en «s’occupant de ses propres affaires».
«L’armée dépend du gouvernement», a-t-il dit lors d’une conférence de presse pour les médias étrangers. «S’il y a une menace (contre le régime), le gouvernement chargera l’armée» de le défendre et elle «aura l’obligation d’accomplir» cette tâche, a déclaré M. Erbakan.
«C’est le gouvernement qui est responsable de la sécurité de la Turquie. Nous souhaitons que toutes les institutions s’occupent de leurs fonctions», a-t-il poursuivi.
Le gouvernement de coalition de M. Erbakan, dont le Parti de la Prospérité (Refah, islamiste), est accusé par les militaires de remettre en cause la laïcité de l’Etat, se trouve depuis plusieurs mois soumis à une pression accrue de l’armée, qui souhaite le départ des islamistes du pouvoir.
L’armée turque, qui place les mouvements fondamentalistes islamiques à la tête des
menaces visant la Turquie, affirme avoir le droit constitutionnel de défendre le régime contre ceux-ci.
«L’armée ne peut préciser elle-même les menaces et réagir elle-même contre celles-ci. Si c’était le cas, on dirait que là (en Turquie), la démocratie n’existe pas», a déclaré M. Erbakan.
Sa partenaire dans la coalition, le ministre des Affaires étrangères Tansu Ciller, avait tenu samedi des propos similaires, affirmant qu’elle ne céderait pas la Turquie à «une puissance au-dessus de la volonté du peuple», dans une claire allusion à l’armée, et avait ajouté qu’elle lutterait «jusqu’au bout» en ce sens.
Par ailleurs, la démission du premier ministre islamiste va constituer un tournant dans la crise politique turque, son remplacement prévu par le ministre des Affaires étrangères Tansu Ciller, visant à réduire la tension avec l’armée.
Mais un soutien parlementaire limité posera des difficultés à la coalition au pouvoir (islamiste/droite), même conduite par Mme Ciller, qui sera forcée au compromis avec l’extrême droite, selon des analystes interrogés lundi.
Au Parlement, la coalition Refah-DYP a perdu la majorité absolue il y a deux semaines.
Pour obtenir le vote de confiance, Mme Ciller aura besoin du vote du parti de la Grande Union, représenté par huit députés au Parlement, qui en compte 550. Ce parti d’extrême droite ne s’est pas encore prononcé sur son soutien à un nouveau gouvernement mais a déjà refusé d’y prendre part.
«M. Erbakan présentera sa démission au président Suleyman Demirel mercredi à 10h00 (07h00 GMT), a annoncé dimanche Mehmet Golhan, vice-président du Parti de la Juste Voie (DYP, droite) dirigé par Mme Ciller.
«Il est évident que ce gouvernement ne peut plus proposer des solutions aux problèmes de la Turquie», a ajouté le responsable du DYP, admettant que le gouvernement de coalition Refah-DYP «a provoqué un accroissement de la tension dans la société».
Le gouvernement de coalition de M. Erbakan, dont le Parti de la Prospérité (Refah, islamiste) est accusé par les militaires de miner la laïcité de l’Etat, se trouve depuis plusieurs mois sous une pression accrue de l’armée, qui souhaite le départ des islamistes du pouvoir.
Le Refah et le DYP espèrent écarter la pression de l’armée, qui se considère comme la gardienne farouche de la laïcité, en anticipant des législatives, qui devaient avoir lieu normalement en décembre 2000. Aucune date n’est encore fixée par les partenaires pour ces élections.
La décision d’avancer leur date est du ressort du Parlement, où la coalition Refah-DYP a perdu la majorité absolue il y a deux semaines en raison des défections de députés de Mme Ciller, mécontents de la poursuite du partenariat avec les islamistes.
Pour anticiper les législatives, Mme Ciller a demandé à M. Erbakan de lui céder le poste de premier ministre. Le Refah a fini par accepter cette condition de Mme Ciller.
Mais le transfert du poste de premier ministre n’est pas automatique. C’est une opération qui doit avoir l’approbation de M. Demirel et le gouvernement ainsi formé doit obtenir la confiance du Parlement.
L’armée a accusé publiquement la semaine dernière le Refah de «soutenir le fondamentalisme islamique» et d’«inciter le peuple à s’opposer à l’Etat laïc».
Le président turc aurait aussi la possibilité de nommer le chef de l’opposition Mesut Yilmaz au poste de premier ministre. Son parti de la Mère patrie a davantage de sièges au Parlement que celui de Mme Ciller, qui semble aussi peu populaire dans l’armée que M. Erbakan.
L’armée turque a fomenté trois coups d’Etat au cours des 37 dernières années, à chaque fois au nom de la laïcité et de la protection de l’Etat.
A deux jours de sa démission attendue demain, au profit de Tansu Ciller, le premier ministre islamiste turc Necmettin Erbakan a appelé hier à Istanbul l’armée turque à rester en dehors de la politique, en «s’occupant de ses propres affaires».«L’armée dépend du gouvernement», a-t-il dit lors d’une conférence de presse pour les médias étrangers. «S’il y a une menace (contre...