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Actualités - CHRONOLOGIE

Cinéma en Erythrée

PARIS, 12 Juin (AFP). – «Port Djema», un film qui vient de sortir en France, pose la question de l’engagement humanitaire à travers trois hommes, un idéaliste romantique, un réaliste cynique et un observateur sceptique.
Le scénario a été écrit par Eric Heumann (40 ans) et le Dr Jacques Lebas, qui a dirigé Médecins du Monde et participé à de nombreuses missions à l’étranger. Ours d’argent au Festival de Berlin, «Port Djema» est le premier long métrage tourné en Érythrée depuis l’indépendance de ce pays. Mais c’est un pays imaginaire qui s’inspire en fait de Djibouti, carrefour stratégique pour la France à l’entrée de la Mer Rouge.
«Voyageant beaucoup avec mes films, je me suis rendu compte que ce qui représentait le mieux la France et ses idéaux à l’étranger, c’était les ‘french doctors’, raconte Eric Heumann. Et puis, il y a eu la Bosnie qui m’a profondément choqué, avec l’humanitaire comme cache-sexe d’une politique de soutien à un statu quo. J’ai voulu comprendre cet échec à travers le destin d’un homme...».

Tourisme
existentiel

Le Dr. Pierre Feldman (Jean-Yves Dubois) débarque à Port Djema, dans la Corne de l’Afrique, pour répondre au vœu de son ami Antoine, un médecin tué dans des circonstances mystérieuses. Antoine lui avait envoyé la photo d’un enfant, Driss, que Pierre recherche. Des quartiers misérables de la capitale aux paysages âpres d’un désert pierreux, le chirurgien parisien découvre un pays déchiré par une guerre civile entre deux ethnies où une menace diffuse plane en permanence.
Un diplomate français, Jérôme Delbos (Christophe Odent), qui semble en savoir beaucoup plus qu’il n’en dit, se moque du «tourisme existentiel» de Pierre. Il lui conseille vivement de ne pas s’attarder et de ne pas aller dans les zones interdites tenues par les rebelles Assads où Antoine avait un dispensaire. Ambigu et cynique, jouant avec opportunisme, les deux cartes à la fois, du pouvoir en place et de la guerilla, il affirme la «neutralité» de la France.
Antoine c’était l’idéaliste romantique, militant engagé de la cause humanitaire. Le chirurgien croise Alice (Nathalie Boutefeu), une photographe, amie d’Antoine. Au terme de ce voyage initiatique, Pierre repartira profondément changé vers ses malades. Reviendra-t-il?
«On m’a critiqué pour cette fin, remarque Eric Heumann. Mais quand on est engagé auprès de ses malades, on ne peut pas simplement démissionner. Je laisse aux spectateurs la possibilité de conclure. L’intérêt, c’est de poser une question, pas d’apporter la réponse. Cela revient à dire ‘et vous que feriez-vous?’.

Pas de
pathos

«Pierre est un grand médecin que l’aventure humanitaire n’a jamais tenté. Il est confronté à une réalité qu’il n’avait pas prévue et il est profondément ébranlé». Mais il n’y a pas de «pathos». Le réalisateur n’aime pas «le déballage» des émotions. «J’aime un cinéma de type contemplatif, poétique», dit-il en évoquant son amour pour Angelopoulos bien sûr, dont l’influence est évidente, Wim Wenders, Antonioni, Tarkovski.
Filmé dans un style dépouillé comme les paysages minéraux de cette Corne de l’Afrique, arpentée par Rimbaud, écumée par Henri de Monfreid, «Port Djema» a des silences et des mystères de «thriller» qui rappelle Antonioni et «Profession reporter». Le regard subjectif et un peu somnambule de Pierre, la musique, la chaleur accablante, créent un climat d’attente et de tension latente...
PARIS, 12 Juin (AFP). – «Port Djema», un film qui vient de sortir en France, pose la question de l’engagement humanitaire à travers trois hommes, un idéaliste romantique, un réaliste cynique et un observateur sceptique.Le scénario a été écrit par Eric Heumann (40 ans) et le Dr Jacques Lebas, qui a dirigé Médecins du Monde et participé à de nombreuses missions à...