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Actualités - ANALYSE

Campagne préparatoire des loyalistes pour un Liban circonscription unique

La fibre rassembleuse: pour M. Rafic Hariri, la formule d’une seule circonscription dégagerait le pays de sa condition confessionnaliste, renforcerait la coexistence ainsi que le modérantisme face aux fanatismes de tout poil. Et exalterait la mission nationale de l’homo politicus ordinaire qui aurait à rendre compte à l’ensemble des citoyens-électeurs, à agir pour eux tous et non plus pour une frange réduite à sa région ou à sa communauté propres...
Selon un haririen informé «le président du Conseil croit tellement à cette idée de législatives communes qu’il entend la plaider devant un large éventail de pôles religieux ou politiques, pour emporter l’adhésion de toutes les composantes de la nation. Cet effort de communication lui permettra en outre de recueillir diverses remarques dont il tiendra certainement compte pour affiner sa proposition. M. Hariri, ajoute ce fidèle, sait en effet qu’il faut un consensus général pour que cette refondation qui va conditionner en profondeur la vie politique du pays puisse marcher. Il n’envisage donc pas de se contenter de l’approbation de la Chambre, légalement suffisante, car la loi électorale est trop essentielle pour qu’on s’en tienne à la lettre de la Constitution dont il faut respecter l’esprit».
A ce propos on peut remarquer, entre parenthèses, qu’aux dernières élections le Cabinet n’a tenu compte ni du consensus national qu’il prétend rechercher, ni de la Constitution...
Toujours est-il qu’avec une pertinence tardive, la source loyaliste citée souligne qu’il faut «un code électoral équilibré autant qu’équitable, pour une participation massive, sans boycott, des Libanais à un scrutin qui dégagerait de la sorte une Assemblée véritablement représentative de tous les éléments du corps politique national...».
Du côté des hraouistes, on rappelle que «le chef de l’Etat avait lui-même défendu le projet d’un Liban circonscription unique avant les élections de 96. Maintenant que l’idée est reprise par Koreytem, il attend que les détails d’ordre concret se dégagent pour voir si les mécanismes qui vont être concrètement proposés pourront ou non assurer une saine représentation populaire, ainsi que la cimentation — par brassage — de cette unité nationale à laquelle M. Hraoui tient plus que tout». Autrement dit, Baabda tient à signaler à toutes fins utiles, que l’application pratique peut, si elle est mauvaise, trahir la meilleure des théories...
Toujours sur le plan théorique, l’idée d’un scrutin à l’échelon national pour en finir avec le confessionnalisme était, on le sait, un des chevaux de bataille de M. Nabih Berry quand, durant la guerre, il n’était que leader d’«Amal». Aujourd’hui le président de l’Assemblée nationale laisse entendre qu’en cette qualité même il doit attendre avant de se prononcer que le gouvernement soumette un projet de loi complet au Parlement. Ses proches ajoutent mezza voce que les temps, et le paysage politique local, ne sont pas encore assez mûrs pour une telle expérience...
Hors du cadre officiel on note qu’à l’Est la plupart des pôles d’influence sont contre la «nationalisation» des élections pour la bonne raison qu’avant élimination de la mentalité confessionnaliste elle signifierait la domination écrasante de la majorité démographique numérique, autrement dit des mahométans. Certes il y aurait en principe toujours autant de députés chrétiens mais ils seraient pratiquement tous inféodés à des leaderships musulmans, ce qui est du reste déjà le cas dans quatre mohafazats sur cinq. On estime donc à l’Est que le Liban circonscription unique, ce ne peut être possible qu’après l’abolition du confessionnalisme politique, donc pas avant de nombreuses années dans le meilleur des comptes. De plus, comme le président Hussein Husseini et M. Issam Farès le font d’ailleurs remarquer, la formule serait une infraction des accords de Taëf qui recommandent le mohafazat comme base de découpage électoral. Un argument qui en réalité vaut ce qu’il vaut car il y a belle lurette que Taëf, comme la 425, n’existe que sur le papier...
E. K.
La fibre rassembleuse: pour M. Rafic Hariri, la formule d’une seule circonscription dégagerait le pays de sa condition confessionnaliste, renforcerait la coexistence ainsi que le modérantisme face aux fanatismes de tout poil. Et exalterait la mission nationale de l’homo politicus ordinaire qui aurait à rendre compte à l’ensemble des citoyens-électeurs, à agir pour eux tous...