Incertitude sur la rencontre israelo-palestinienne de demain

Des incertitudes subsistaient hier sur la tenue d’une nouvelle rencontre israélo-palestinienne, annoncée pour jeudi, afin de relancer les négociations suspendues depuis près de trois mois.
La rencontre entre négociateurs palestiniens et israéliens avait été annoncée lundi par la radio d’Etat israélienne et confirmée par le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat.
Mais le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat a affirmé hier qu’il «n’y avait pas encore de plans» pour une telle réunion, qui interviendrait à la suite d’une première rencontre infructueuse dimanche au Caire.
Selon M. Erakat, une décision sur la tenue de la rencontre doit être prise à l’issue d’une navette que le principal conseiller du président égyptien Hosni Moubarak, M. Oussama el-Baz, doit effectuer jeudi entre M. Arafat et le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
La présidence du Conseil à Jérusalem a de son côté indiqué que «les détails de la réunion n’ont pas encore été finalisés».
La réunion du Caire avait eu lieu à la suite d’une médiation égyptienne, pour tenter de trouver une base permettant aux deux parties de reprendre les négociations.
Selon la presse israélienne, les négociateurs israéliens ont laissé entendre qu’Israël pourrait, sans le dire, ralentir ou suspendre la colonisation juive des territoires palestiniens. Ils ont cependant exclu tout gel formel de la colonisation.
M. Erakat, qui s’exprimait à l’issue d’un entretien à Jéricho avec l’émissaire de l’Union européenne pour le Proche-Orient Miguel Angel Moratinos, a de nouveau accusé M. Netanyahu de saboter les efforts déployés pour sortir le processus de paix de l’impasse.
«Les efforts se poursuivent pour désamorcer la crise mais Netanyahu réagit à ces efforts en inaugurant une école dans une colonie de Cisjordanie. Une telle attitude montre qu’Israël insiste à poursuivre sa politique de colonisation, qui est une des principales raisons de la crise actuelle», a-t-il dit.
M. Netanyahu a réaffirmé lundi sa volonté de promouvoir la colonisation juive en posant la première pierre d’un nouveau bâtiment destiné à agrandir une école supérieure dans la colonie d’Ariel, l’une des plus grandes de Cisjordanie.

Message de Arafat à Saddam

Sur un autre plan, le président palestinien Yasser Arafat a remis dimanche à l’ambassadeur d’Irak à Amman un message destiné au président Saddam Hussein, a indiqué hier un responsable palestinien.
Le message porte sur «les développements du processus de paix et les violations par Israël des accords conclus avec les Palestiniens, notamment par sa politique de colonisation», a déclaré l’«ambassadeur de Palestine» à Amman, Omar al-Khatib.
Selon lui, M. Arafat «rencontre régulièrement lors de ses passages à Amman, l’ambassadeur d’Irak en Jordanie, Nouri Louaïss, pour des échanges de vues».
La rencontre de dimanche a eu lieu en marge d’une visite du président palestinien à Amman, qu’il a achevée lundi et au cours de laquelle il a rencontré le roi Hussein.
«Nous n’avons jamais rompu les relations avec l’Irak», a rappelé le diplomate palestinien, selon lequel «si Arafat ne s’est pas rendu ces dernières années en Irak, c’est en raison des difficultés du voyage» pour se rendre en Irak, soumis à un embargo aérien depuis 1990.
En Israël, le quotidien israélien Haaretz a fait état hier de la rencontre Arafat-Louaïss qu’il a qualifiée de «secrète» et que des sources politiques israéliennes ont présentée comme «très importante».
Le professeur Amatzia Bar-Am, expert de l’Irak, de l’université israélienne de Haïfa, a estimé que l’entrevue «est significative, car elle est sans précédent au moins depuis que M. Arafat a quitté Tunis en 1994, et peut-être même depuis les accords d’Oslo en 1993».
Il a ajouté que la rencontre n’avait pas pu se dérouler sans l’accord préalable des autorités jordaniennes, et noté que M. Arafat s’était toujours efforcé de se servir des divers acteurs de la scène arabe pour soutenir sa position dans les négociations avec Israël.