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Actualités - ANALYSE

Le phénomène Toufayli préoccupe sérieusement le pouvoir

Cheikh Soubhi Toufayli persiste et signe. Voulant célébrer à sa manière l’Independance Day du 4th of July, il mène activement campagne — malgré les mises en garde des autorités locales au plus haut niveau — dans la Békaa comme dans la banlieue-sud pour «la révolution des affamés», qu’il veut donc lancer le 4 juillet à Baalbeck.
Une «révolution» qui devrait se traduire par un rassemblement de masse devant le sérail de cette ville et par le déclenchement d’un mouvement généralisé d’insubordination civile. Très violemment, le dignitaire religieux, qui fut un temps secrétaire général du Hezbollah avant de prendre quelque distance par rapport à ce parti, parle de «récupération des droits spoliés» et affirme qu’«aucune partie au monde ne pourra protéger le pouvoir» en place. Il répète que désormais les gens ne devront plus payer leurs taxes, leurs quittances d’eau, d’électricité ou de téléphone.
En face, dans la foulée de la condamnation prononcée la semaine dernière par le chef de l’Etat en personne, qui n’a cependant pas prononcé son nom, l’agitation que tente de provoquer cheikh Soubhi Toufayli a été passée en revue lors du Conseil de sécurité intérieure tenue sous la présidence du ministre Michel Murr, en présence d’un représentant des forces syriennes au Liban ainsi que d’un délégué du parquet. Les participants, indique une source informée, ont reconnu que les appels à la désobéissance civile de cheikh Toufayli rencontrent de plus en plus d’échos favorables dans des couches populaires déterminées. A partir de quoi, les responsables s’adjurent mutuellement de bien prendre au sérieux le phénomène Toufayli, de ne pas le sous-estimer, de ne pas «laisser passer» comme s’il s’agissait d’une simple tempête dans un verre d’eau, bref de réagir comme devant un véritable péril pouvant faire boule de neige. Selon les membres du Conseil de sécurité, il y a en effet un fort risque que d’autres parties n’entrent en ligne aux côtés du cheikh, comme cela était arrivé l’an dernier avec la CGTL soutenue par des formations politiques diverses, pour exploiter «le filon démagogique» des difficultés socio-économiques qu’éprouve la population.

«Crime caractérisé»

Certains participants, indiquent les mêmes sources, se sont étonnés que des poursuites n’aient pas été de suite engagées contre cheikh Soubhi Toufayli dont les appels subversifs constituent clairement en termes judiciaires un «crime caractérisé» d’atteinte à la sûreté de l’Etat comme à l’ordre public.
Ces témoins révèlent que le ministre de l’Intérieur, après avoir entendu un exposé détaillé sur la question, a indiqué qu’il restait du temps pour traiter le problème, ajoutant que l’Etat ne montrerait aucune complaisance à l’égard de quiconque tenterait de déstabiliser le pays et de troubler la paix civile. Il a répété que les services du ministère mettraient tout en œuvre pour contrer ceux qui tenteraient d’exploiter la situation socio-économique. Il a conclu en affirmant que l’Etat ne resterait pas les bras croisés face aux menaces qui lui sont adressées.
Un langage ferme, comme on voit, mais aucun passage à l’acte. Pour l’évidente raison que tout ce qui gravite dans la mouvance d’un intégrisme lié à l’Iran trouve sa jurisprudence réelle ailleurs qu’à Beyrouth, comme nul ne l’ignore...
En marge de ce postulat, une source sécuritaire estime que «le mouvement de Toufayli a une portée intracommunautaire précise. Il vise à former autour de ce dignitaire religieux un noyau dur qui se démarque de la direction actuelle du Hezbollah et crée un nouveau rapport de forces au sein de la communauté chiite. C’est ainsi que le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a dû se rendre dans la Békaa pour y réfuter les thèses de cheikh Toufayli et tenter d’éteindre l’incendie populaire que ce dernier veut embraser...».
Ces considérations mises de côté, on note que cheikh Toufayli doit selon ses proches se rendre sous peu à Damas. Et c’est ensuite qu’on saura s’il pourra ou non poursuivre son mouvement, et dans quelles limites...
Ph.-A.-A.
Cheikh Soubhi Toufayli persiste et signe. Voulant célébrer à sa manière l’Independance Day du 4th of July, il mène activement campagne — malgré les mises en garde des autorités locales au plus haut niveau — dans la Békaa comme dans la banlieue-sud pour «la révolution des affamés», qu’il veut donc lancer le 4 juillet à Baalbeck.Une «révolution» qui devrait se...