«Réhabiliter un bâtiment ne veut pas dire prendre le projet ancien et le copier exactement. Il y a une vision futuriste, des notions d’urbanisme moderne qui doivent générer une réflexion architecturale contemporaine. Nous réalisons aujourd’hui des opérations de restauration et de reconversion qui sont aussi des projets tout neufs», expliquent les deux architectes.
Comme tous les bâtiments de la rue Foch, les lots 128, 151 et 153 sont construits en pierre de taille et en enduit. Datant des années 1925-1930, les façades de ces bâtisses seront réhabilitées à l’original. Les gabarits seront respectés. La structure consolidée. Mais l’espace intérieur sera démoli afin de procéder à un réaménagement total, suivant les fonctions qui lui sont destinées.
• S’étendant sur 5.000m2, le lot 128 déploie six étages construits à différentes périodes. Les trois premiers étages datent des années 25. Les trois derniers, d’un style «bâtard» ont été rajoutés dans les années 50. L’immeuble, formé de deux bâtisses reliées entre elles par un passage en «mandaloun», comporte une double façade symétrique en pierre naturelle (cardes de fenêtres, arcades) et en torchis. Les architectes ont remodelé la façade des deux derniers étages dans le style des étages inférieurs. Les deux cages d’escalier qui desservaient l’immeuble ont été cassées pour rajouter un ascenseur et récupérer un sous-sol entre les piliers. Par ailleurs, «la volumétrie étant laide et ne répondant plus aux normes actuelles», des proportions plus harmonieuses ont été dessinées pour le découpage de l’espace intérieur. La façade arrière, en béton, représente des bas - reliefs en ciment moulé imitation pierre (moulure exécutée en fausse pierre).
• Lot 153: là aussi l’histoire a accumulé ses strates. Situé face à la Municipalité, l’immeuble a été édifié en trois temps. Des encorbellements soutiennent le rez-de-chaussée. Les trois premiers étages représentent une façade ponctuée de piliers et couronnée d’une corniche. Ces détails ont été repris lors du rajout d’un quatrième niveau, alors que le cinquième a été construit en béton armé. Le travail principal consiste à remonter le dernier étage dans le style de la bâtisse et à consolider la structure sur 2.500 m2 superficie totale de la construction.
• Le 151 (900 m2), reste pour sa part une des rares bâtisses de trois étages de la rue Foch...
Signalons que les cahiers de charge sont très rigoureux.
«L’entreprise qui exécute le travail est obligée de tenir compte de normes extrêmement sévères. Elle doit obligatoirement disposer de tous les équipements de sécurité. La réfection de la pierre est faite par des artisans professionnels. Les portes, fenêtres ou cadres sont selon leur état soit réparés, soit reproduits exactement par des ébénistes spécialisés» soulignent MM Kallab et Assaf.
• A la rue des Banques, c’est un chantier nocturne qui est entrepris pour la remise à neuf de toute la façade de l’Arab Bank. Construit en 1965, sur 24.000 m2, l’édifice sera équipé de toutes les technologies dites «intelligentes», des normes de sécurité et d’un parking souterrain. Les escaliers d’intérieur sont réaménagés en issues de secours ... «C’est, en bref, un bâtiment qui va être géré par ordinateur» dit l’architecte Barbar Kallab. Par ailleurs, l’Arab Bank est un des rares immeubles qui gardera son enseigne sur le toit. Un signal urbain que Solidere a voulu sauvegarder pour rappeler l’ancien Centre-Ville de Beyrouth.
• Minet el Hosn. L’ancienne Bourse de Beyrouth (sept étages) qui trône aujourd’hui au milieu d’un désert, sera transformée en un hôtel de 100 chambres. Elle fait face au Khan Antoun-Bey dont la reconstruction est prévue dans le projet de Solidere. La façade ancienne qui ne présente aucun intérêt architectural sera entièrement recréée dans de la pierre taillée, conformément à l’approche architecturale entreprise dans l’espace Solidere. «Respecter l’environnement, les matériaux, les nouvelles fonctions de la bâtisse, chercher une volumétrie et des proportions harmonieuses sans tomber dans le pastiche» voilà les mots d’ordre des architectes Kallab et Assaf.
Pour que le neuf et l’ancien cohabitent.
May MAKAREM
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