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Actualités - CHRONOLOGIE

Les industriels libanais croient à une normalisation prochaine avec Bagdad Jacques Sarraf prévoit des exportations vers l'Irak pour 150 millions de dollars en 1997

Les milieux industriels libanais semblaient convaincus ces derniers jours d’un prochain rétablissement des relations diplomatiques entre le Liban et l’Irak, rompues en 1994, permettant une reprise officielle des échanges économiques avec Bagdad.
Le président de l’Association des industriels Jacques Sarraf a ainsi annoncé une prochaine «bonne nouvelle» à ce sujet alors qu’une délégation commerciale libanaise se trouvait hier à Bagdad pour parler de coopération économique. M. Sarraf prévoit que les exportations libanaises vers l’Irak atteindront cette année 150 millions de dollars.
Toutefois, au ministère des Affaires étrangères, on semblait vouloir tempérer un peu l’optimisme des hommes d’affaires. De source proche du palais Bustros, on indique en effet qu’il est encore «trop tôt» pour une normalisation avec l’Irak.
La visite de la délégation intervient alors que l’Irak a signé samedi avec des firmes syriennes ses premiers contrats pour l’achat de vivres.
Selon l’agence officielle irakienne INA, la délégation, dirigée par M. Nabil Ladki, président du bureau régional de l’Union des industries agro-alimentaires arabes, a discuté hier, au ministère irakien de l’Agriculture, de «la possibilité pour les firmes libanaises de contribuer à fournir à l’Irak ses besoins dans le secteur agricole».
Selon le journal officiel irakien al-Qadissiya, la délégation prépare l’organisation d’une foire de produits industriels libanais à Bagdad début septembre.
Cette visite «sera suivie d’autres séjours de délégations industrielles et commerciales libanaises, surtout que l’ouverture de la route terrestre entre l’Irak et la Syrie contribuera à faciliter les importations», a ajouté le journal.
Dans une déclaration à al-Qadissiya, M. Ladki a indiqué que le but de la visite était «de renouer les liens commerciaux et de les ramener à leur niveau antérieur, lorsqu’elles étaient florissantes».

Les déclarations
du Sarraf

Dans une interview à l’AFP, M. Sarraf a déclaré au cours du week-end que le Liban allait rétablir prochainement ses relations diplomatiques avec l’Irak et qu’il coordonnait son action avec la Syrie afin de pouvoir reprendre ses échanges commerciaux avec Bagdad.
«Nous avançons dans cette direction et bientôt nous entendrons une bonne nouvelle», a ajouté M. Sarraf, qui avait dirigé en avril dernier la première délégation économique à se rendre en Irak depuis l’invasion du Koweit en août 1990.
Selon lui «la reprise officielle des exportations libanaises vers l’Irak nécessite le rétablissement des liens diplomatiques». «La décision irakienne d’importer d’un pays est avant tout politique», a-t-il estimé.
Les milieux diplomatiques à Beyrouth s’interrogent toutefois sur la latitude du Liban de rétablir ses liens diplomatiques avec l’Irak si les relations entre Damas et Bagdad demeuraient rompues.
La libération en janvier des trois diplomates irakiens, impliqués dans l’assassinat en 1994 à Beyrouth d’un opposant irakien, a «rendu possible notre visite à Bagdad car il était inconcevable que les Irakiens s’ouvrent sur nous avant une telle mesure», a dit M. Sarraf.

L’espoir d’une
reprise des relations
diplomatiques

Cette libération avait suscité l’espoir d’une reprise rapide des relations diplomatiques, mais le ministre libanais des Affaires étrangères Farès Boueiz avait déjà estimé, peu après, qu’il était encore trop tôt pour l’envisager.
Selon M. Sarraf, les démarches en vue de renouer les liens commerciaux avec Bagdad ont été menées en coordination avec M. Boueiz.
Le président de l’Association des industriels a également affirmé que la Syrie avait donné son feu vert tacite à la démarche libanaise, avant d’autoriser, en mai, soit un mois plus tard, la visite d’une délégation d’hommes d’affaires syriens à Bagdad.
Fin mai, deux postes-frontière entre la Syrie et l’Irak ont été rouverts, mais ils sont destinés aux hommes d’affaires et pas encore aux marchandises.
La frontière entre les deux pays est fermée depuis 1980 quand Bagdad a rompu ses relations avec Damas pour protester contre l’aide que ce dernier apportait à l’Iran, avec lequel l’Irak était en guerre.
La Syrie a fermé en avril 1982 l’oléoduc Kirkouk-Banias, privant ainsi l’Irak de son unique débouché méditerranéen.
Pour M. Sarraf, l’ouverture des deux postes-frontières «profitera aux industries et aux ports libanais et syriens».
Il a affirmé que les industriels libanais ont exporté depuis début 1997 des produits de première nécessité (nourriture, habits) vers le nord de l’Irak, via la Syrie et la Turquie.
«Nous avons établi un centre commercial à Zakho, dans le Kurdistan irakien, pour distribuer nos produits dans le nord de l’Irak. Auparavant, nous faisions entrer des médicaments et de la farine via la Jordanie et d’autres denrées via la ligne maritime Dubaï-Bassorah (sud de l’Irak)», a-t-il indiqué.
Selon lui, Beyrouth pourrait importer du mazout, indispensable au Liban notamment pour la production de l’énergie électrique.
M. Sarraf a enfin indiqué qu’il espérait que les exportations du Liban vers l’Irak atteindraient 150 millions de dollars en 1997. Avant le blocus imposé par l’ONU à l’Irak en août 1990, elles représentaient 20% du total de ses exportations.
En vertu de l’accord «pétrole contre nourriture» conclu avec l’ONU, l’Irak peut exporter du brut pour deux milliards de dollars par semestre pour financer l’achat de nourriture et de médicaments.
Les milieux industriels libanais semblaient convaincus ces derniers jours d’un prochain rétablissement des relations diplomatiques entre le Liban et l’Irak, rompues en 1994, permettant une reprise officielle des échanges économiques avec Bagdad.Le président de l’Association des industriels Jacques Sarraf a ainsi annoncé une prochaine «bonne nouvelle» à ce sujet alors...