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Actualités - CHRONOLOGIE

Le conseil des ministres décidé à réprimer les débordements du PKK et de Toufayli Pas de publicité locale pour la presse étrangère imprimée au Liban

C’est un Conseil des ministres particulièrement riche en décisions qui s’est tenu, hier, au palais présidentiel de Baabda. Parmi les sujets les plus importants qui y ont été examinés, figure celui des «débordements» qui se produisent dans le pays, notamment dans les rangs des Kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).Des mesures sécuritaires et judiciaires sont envisagées contre les auteurs de ces «débordements».
Le Conseil des ministres a, par ailleurs, tranché dans un sens défavorable au ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, la question des attachés à l’émigration, qui recevront des passeports diplomatiques, bien que ne faisant pas partie du corps diplomatique. La décision, légalement ambiguë, donne satisfaction au ministre à l’Emigration, M. Talal Arslan, comme aussi au président de l’Assemblée nationale, M. Nabih Berry, dont le ministère des Emigrés est considéré comme une des «chasses gardées». La décision a été soumise au vote, apprend-on. Pour le principe, le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, a tenu à enregistrer officiellement son opposition.
Le règlement de cette question pourrait encourager le président de l’Assemblée nationale, M. Nabih Berry, à répondre favorablement à l’instante invitation que lui a faite M. Hariri de se rendre, ce midi, au déjeuner offert au palais présidentiel en l’honneur de M. Abdel Halim Khaddam. Le vice-président syrien est attendu à Beyrouth au terme d’une tournée arabe axée principalement sur le blocage du processus de paix et l’axe israélo-turc. Il est accompagné du ministre des Affaires étrangères, M. Farouk el-Chareh. En marge de ces entretiens, le déjeuner pourrait être l’occasion d’un raccommodage des rapports entre M. Berry et le chef de l’Etat, qui ne se parlent pas depuis plusieurs mois (VOIR AUSSI PAGE 3).

La presse étrangère

Le Conseil des ministres a pris conscience des risques que faisait courir à la presse francophone et anglophone de Beyrouth un projet de loi autorisant l’impression au Liban de publications étrangères, et l’octroi à ces dernières d’un droit d’accès au marché publicitaire local. Sur intervention de plusieurs ministres, le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, a introduit un amendement au projet affirmant que «les institutions concernées s’engagent à ne pas concurrencer la presse libanaise sur le marché publicitaire local». C’est-à-dire, commente une source ministérielle, «de ne pas publier de publicités locales».
Les publications étrangères concernées sont le Herald Tribune et la Sélection hebdomadaire du «Monde» apprend-on. Il va de soi, assurent des sources responsables, que ces prestigieuses publications sont les bienvenues au Liban, à condition que leur présence n’ait pas des retombées sociales indésirables. Il n’est quand même pas rationnel, assurent les sources citées, que, se contentant seulement d’être imprimées dans notre pays, elles aient une part d’un marché publicitaire, qui fait vivre, par le biais de plusieurs publications, des centaines de familles.

Empêcher le chaos

C’est après les menaces proférées depuis la banlieue-sud par un dirigeant séparatiste kurde turc contre les intérêts américains et israéliens en Turquie que le Conseil des ministres a réagi, pour réclamer que des mesures soient prises pour mettre un terme aux «débordements».
C’est le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, qui a formulé cette demande. «Le Liban est un pays de libertés et de démocratie, mais dépasser les limites mène au chaos et donc à la dictature», a-t-il dit, en Conseil des ministres, dans des propos rapportés à la presse par le ministre de l’Information Bassem el-Sabeh.
Dénonçant les «parasites qui font des déclarations ici où là», M. Hraoui s’est référé à «ce qui a été publié sur un individu kurde qui a tenu une conférence de presse dans la banlieue-sud de Beyrouth au cours de laquelle il a brandi des menaces tous azimuts», dans une évidente allusion aux déclarations, lundi, du chef militaire du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, dirigé par Abdullah Ocalan, dit Apo), Khalil Attachi, qu’il n’a pas nommé.
«Tout cela ne sert pas l’Etat libanais mais constitue une tentative de lui nuire et de porter atteinte aux libertés, à la démocratie et à l’ordre public», a-t-il estimé.
«Le Liban a dénoncé la coordination sécuritaire entre la Turquie et Israël et l’agression turque contre le nord de l’Irak, mais cela ne signifie pas que tout individu à la latitude de se comporter comme il lui plaît sur le territoire libanais», a ajouté M. Hraoui.
Il a invité «les services de sécurité et les autorités judiciaires concernés à poursuivre toute personne qui se permet de menacer les intérêts de l’Etat, ses relations et l’ordre public».
Il a en outre dénoncé les appels à la désobéissance civile lancés par le chef de l’aile dure du Hezbollah, cheikh Sobhi Toufayli, qu’il n’a pas nommé. Cheikh Toufayli, ancien secrétaire général du parti intégriste chiite, tente de lever une «révolte des affamés» dans la Békaa.
«Il n’est permis à personne, sous quelque prétexte que ce soit, d’appeler à lutter contre l’Etat et de menacer du retour au chaos qui prévalait il y a quelques années», a ajouté M. Hraoui.
Le chef de l’Etat a enfin indiqué avoir reçu des «rapports faisant état de livraisons d’armes à des parties connues dans la Békaa et demandé aux ministères, aux services de sécurité et aux autorités judiciaires concernés de prendre les mesures qui s’imposent», a rapporté M. Sabeh. Il a toutefois refusé de fournir la moindre précision à ce sujet.
Dans la Békaa, les combattants du PKK sont toujours présents, bien que leurs bases aient été démantelées depuis deux ans.
Par ailleurs, le Conseil des ministres a débattu de l’opportunité de la création d’un «Organisme général de l’aviation civile». Pour M. Rafic Hariri, cet organisme a pour mission de «permettre le redressement du secteur de l’aviation civile, par le biais d’une gestion adéquate des aéroports civils et des transports aériens, sur des bases techniques et financières saines».
Ces explications n’ont pas semblé suffire aux ministres qui, instruits par l’expérience, ont demandé la formation d’une commission ad-hoc pour examiner ce projet. La commission sera formée de MM. Michel Murr (Intérieur), Mohsen Dalloul (Défense), Omar Meskaoui (Transports), Fouad Siniora (Finances), Chaouki Fakhoury (Agriculture) et Béchara Merhej (ministre d’Etat).

L’ordre du jour

Par ailleurs, le Conseil des ministres a approuvé les points suivants de son ordre du jour:
— Application d’un projet d’accord judiciaire entre le Liban et l’Egypte.
— Nomination de M. Moussa Gédéon, directeur général de l’Office de l’emploi, au poste de directeur général par intérim de la Coopérative des fonctionnaires.
— Transfert d’un crédit de 55 milliards de L.L. du budget du ministère des Transports vers le CDR, en vue de son affectation aux travaux d’élargissement de l’AIB.
— Approbation d’une proposition du ministre de l’Economie relative à l’exploitation libre de parcs de stationnement à niveaux.
— Approbation du projet de loi imposant aux étudiants désireux de s’inscrire dans les facultés de médecine, d’art dentaire, de pharmacie, de génie et de droit, une moyenne de 12 sur 20 au baccalauréat.
— Mise en chantier du projet Linor de développement du littoral du Metn-Nord, et lancement des premiers appels d’offres.
Par ailleurs, le Conseil des ministres a écouté un exposé exhaustif de M. Akram Chehayeb au sujet de l’exploitation anarchique de certaines carrières, en dépit de la décision officielle de les fermer. Comme ce fut le cas naguère pour le Service de protection du consommateur, le ministère de l’Environnement va être directement épaulé par le parquet, afin que les auteurs d’infractions en la matière soient poursuivis pénalement.
M. Chehayeb a également rendu compte au Conseil des ministres de l’exploitation anarchique des carrières de pierre et de sable, dans les régions occupées par Israël. Des mesures seront prises pour interdire l’acheminement de ces matériaux vers le reste du pays.
Le Conseil des ministres a également formé une commission composée de MM. Hariri, Murr et Bahige Tabbarah (Justice), qui sera chargée de l’élaboration d’une nouvelle loi électorale, en fonction des propositions émises à ce sujet dernièrement par le président du Conseil.
Enfin, un Conseil des ministres extraordinaire sera consacré lundi prochain aux nouvelles orientations de la politique agricole, qui doivent être mises en œuvre après le 1er octobre prochain. Ces orientations prévoient notamment l’interdiction partielle ou totale de l’importation de produits agricoles cultivés au Liban.S
C’est un Conseil des ministres particulièrement riche en décisions qui s’est tenu, hier, au palais présidentiel de Baabda. Parmi les sujets les plus importants qui y ont été examinés, figure celui des «débordements» qui se produisent dans le pays, notamment dans les rangs des Kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).Des mesures sécuritaires et judiciaires sont...