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Actualités - ANALYSE

Sud : l'été risque d'être très chaud

A Beyrouth, l’inquiétude grandit de jour en jour: le blocage régional, qu’entretient l’étrange apathie des Américains, risque de mettre encore une fois le Liban-Sud à feu et à sang. On sait en effet que c’est là, dans ce maillon faible de la chaîne, que les différents protagonistes développent le plus volontiers leurs surenchères et évacuent leurs contradictions à coup d’escalades militaires.
Cependant, une source locale estime possible que «le gouvernement de Netanyahu reprenne langue avec les Palestiniens sur les limites du retrait de Cisjordanie. Et s’il devait y avoir accord à ce sujet, on ne serait plus très loin d’une reprise des pourparlers syro-israéliens sur initiative U.S. Mais si le conflit persiste entre Palestiniens et Israéliens, si ces derniers devaient reprendre la construction de nouvelles colonies notamment à Abou Ghoneim, la rue palestinienne s’agiterait de nouveau. L’intifada des pierres reprendrait et la répression menée par le gouvernement Likoud serait très dure, poussant probablement à un nouvel exode nombre de Palestiniens. Selon le principe des vases communicants, on verrait alors la résistance intégriste multiplier les opérations au Liban-Sud, causant des pertes considérables aux militaires israéliens et à leurs auxiliaires lahdistes, les représailles qui s’en suivraient risquant à leur tour de faucher beaucoup de victimes...»
Cette personnalité se dit convaincue que «le gouvernement radical israélien doit actuellement se poser le problème sous l’angle de l’alternative suivante: soit renoncer à ses positions extrémistes, se rallier grosso modo aux principes de Madrid et réengager le dialogue avec les Arabes, en commençant par les Palestiniens; soit pousser à son bout la logique de la fuite en avant en procédant à une action militaire d’envergure qui brouillerait les cartes, créerait un fait accompli nouveau et lui permettrait d’imposer ses conditions hégémoniques».
«Dans tous les cas de figure, poursuit cette source, nous ne sommes pas sortis de l’auberge pour notre part. Que pourrions-nous faire si, par des manœuvres dilatoires, Netanyahu parvenait à maintenir un statu quo de calme en Cisjordanie, alors que la tension persisterait au Sud? Pourrions-nous persuader le Hezbollah de mettre une sourdine à ses attaques pour que la situation reste sous contrôle? Devrions-nous nous incliner devant Netanyahu qui exige de nous, comme de la Syrie d’ailleurs, une neutralisation de la résistance comme condition préalable à la reprise des pourparlers?... Comment pourrions-nous jamais admettre un tel diktat israélien qui foule aux pieds le droit sacré de tout peuple de résister à l’occupant?».
«La question ne se pose pas ou plutôt, rappelle cette personnalité, nous y avons, ainsi que la Syrie, déjà répondu. Il n’empêche qu’un nouvel ultimatum israélien pourrait cette fois être suivi d’effet. Autrement dit, les Israéliens qui nous ont prévenus que si les Syriens et nous ne mettions pas le Hezbollah au pas, ils le feraient eux-mêmes «une fois pour toutes», ce qui implique une intervention militaire en profondeur pour frapper les bases et les cadres dirigeants du parti intégriste. Les Israéliens ne réussiraient sans doute pas directement dans leur entreprise. Mais il est probable que leur action amènerait le Conseil de Sécurité à intervenir, d’une part pour leur ordonner de revenir à leurs positions de départ et d’autre part pour installer une nouvelle force-tampon qui empêcherait au Sud les attaques de part et d’autre. Là aussi la réussite ne serait évidemment pas garantie car on voit avec la FINUL ce que ce genre d’initiative peut donner sur le terrain. Mais Netanyahu aurait créé sur le terrain une situation rendant encore plus problématique l’application de la 425...».
«L’autre scénario envisageable, ajoute cette source, est redouté depuis plusieurs mois: un brusque retrait israélien non préparé qui ne nous laisserait aucun battement pour remplir le vide sécuritaire avant que les forces de facto locales ne commencent à se battre entre elles en terrorisant la population... Autre piège évident de ce scénario: pousser les intégristes, qui arriveraient de suite à la ligne frontière, à la dépasser pour des raids en Galilée, tout en «nettoyant» à l’intérieur, et au yatagan, les gens de Lahd. Il y aurait là, on s’en doute, un double prétexte pour Israël de rentrer de nouveau, en force, et avec la bénédiction cette fois de la communauté internationale... Bref, conclut cette personnalité, les perspectives sont assez sombres et on devra savoir à quoi s’en tenir dans les semaines qui viennent».

E.K.
A Beyrouth, l’inquiétude grandit de jour en jour: le blocage régional, qu’entretient l’étrange apathie des Américains, risque de mettre encore une fois le Liban-Sud à feu et à sang. On sait en effet que c’est là, dans ce maillon faible de la chaîne, que les différents protagonistes développent le plus volontiers leurs surenchères et évacuent leurs contradictions à...