Les algériens ont voté sous haute surveillance (photos)

ALGER, 5 Juin (AFP, Reuter). — Les Algériens ont voté jeudi pour élire leur première assemblée pluraliste, aux pouvoirs réduits, sous haute surveillance de la police et de l’armée. Le président Liamine Zéroual s’est dit persuadé que ses concitoyens allaient saisir «cette chance historique», après plus de cinq ans de violences, mais le taux de participation, en fin de journée, était inférieur de neuf points (56,02%) par rapport à la présidentielle de novembre 1995.
Du fait du nouveau système de représentation proportionnelle, les résultats du scrutin ne seraient pas connus avant au plus tôt la journée de vendredi. Les opérations de vote étaient supervisées par plus de 250 observateurs de l’ONU, de la Ligue arabe et de l’Organisation de l’unité africaine. Au total, plus de 7.700 candidats représentant 39 partis politiques briguent les 380 sièges de l’Assemblée nationale, élue pour cinq ans.
Les élections se résumaient à un duel entre le Rassemblement national démocratique (RND, parti présidentiel créé en avril) et le Mouvement de la société pour la paix (MSP, ex-Hamas, islamiste). Le RND, dirigé par le président du Conseil national de transition Abdelkader Bensalah, plaide pour le retour à la stabilité politique et à la paix civile. Le MSP milite pour des changements progressifs d’inspiration islamiste au sein de la société algérienne grâce au dialogue et à la participation à la vie politique. Son président, cheikh Mahfoud Nabnah , ancien professeur d’arabe devenu imam, est devenu un «allié objectif» du gouvernement face aux islamistes radicaux.
Le Front des forces socialistes (FFS) est partisan du dialogue, y compris avec le FIS, et souhaite un partage des richesses plus égalitaire. Emanation du FFS, le Rassemblement pour la culture et la démocratie réclame la formation d’un Etat laïque. Le Front national de libération (FLN) présentait également des candidats.
A Alger, des policiers, en uniforme ou en civil, ou des militaires surveillaient les écoles transformées en bureaux de vote, où les électeurs étaient minutieusement fouillés. Sous un soleil de plomb, des patrouilles de gendarmes et de soldats circulaient en jeeps et en 4x4.
Mais l’ambiance est restée calme dans la capitale (plus de 3 millions d’habitants), où les rues étaient peu animées, rappelant l’aspect d’un jour férié.
Seul incident connu, deux personnes ont été légèrement blessées, près de Djelfa (300 kilomètres au sud) par un engin explosif lancé contre une voiture particulière.
A Larbaa, près d’Alger, au cœur «du triangle de la mort», où les groupes islamistes font régner la terreur, le vote s’est déroulé sans incident. L’armée était omniprésente: barrages fixes et volants, patrouilles de 4x4 blindés. Beaucoup d’électeurs interrogés ont affirmé s’être prononcés pour le parti présidentiel, le Rassemblement national démocratique (RND).
La future Assemblée devrait être dominée par le courant «islamo-conservateur» représenté principalement par le RND et le MSP.
La nouvelle Constitution a renforcé les pouvoirs du chef de l’Etat et créé une seconde Chambre — dont un tiers des membres sera désigné par M. Zéroual — qui pourra aisément «censurer» l’Assemblée.