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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

L'Ordre des avocats demande la libération immédiate du leader syndical "L'opinion est presque convaincue que la justice est sous l'influence de l'autorité politique, souligne ce corps professionnel

L’affaire Abou Rizk a continué hier de soulever de vives réactions dans divers milieux politiques, professionnels et syndicaux. La réaction la plus digne d’attention est peut-être celle de l’Ordre des avocats, qui a demandé, dans un communiqué, la «libération immédiate» du responsable syndical, dans le but de «limiter le préjudice moral que son arrestation a entraîné pour la réputation du Liban, sur le plan local, arabe et international».
Le communiqué de l’Ordre des avocats commence par affirmer que ce corps professionnel «n’avait pas l’intention de faire de commentaire au sujet de l’arrestation de M. Abou Rizk, par respect pour le corps de la magistrature et de son indépendance». Il a jugé toutefois de son devoir de le faire au vu de la «grave tournure prise par cette arrestation, qui est attribuée à l’autorité politique».
Pour l’Ordre des avocats, les faits sont tels que l’opinion est «presque convaincue» que la Justice est «sous l’influence de l’autorité politique» et que son indépendance est «tronquée».
De ce fait, les avocats ont demandé «avant tout» que l’indépendance de la magistrature soit parfaitement respectée et l’arrêt de toutes les «ingérences» de l’autorité politique.
Parallèlement, il a demandé au corps de la magistrature de faire preuve de «courage» pour faire respecter son indépendance.
Dans les sphères du pouvoir, entre-temps, c’est le mutisme le plus complet. Après avoir été reçu par le chef du gouvernement, le député Jamil Chammas a affirmé que, selon M. Hariri, «le gouvernement ne se mêle aucunement de l’affaire Abou Rizk».

Le bloc parlementaire de la fidélité à la résistance (Hezbollah) a estimé que l’arrestation de M. Abou Rizk est «une nouvelle violation des lois et une mauvaise utilisation du pouvoir à l’égard de tous ceux qui se dressent face aux autorités ou s’opposent à eux». Le bloc du Hezbollah a souligné qu’à son avis, l’arrestation du président sortant de la CGTL est «une affaire politique». Il a demandé sa libération «immédiate» et a mis en garde contre les conséquences d’une prolongation de sa détention, estimant que cet «arbitraire» est de nature à engendrer «une certaine confusion et une tension dont les autorités publiques seules assumeront la responsabilité».
Le député Camille Ziadé a «regretté que l’arrestation du responsable syndical soit une affaire plus politique que légale». Selon lui, cette affaire est «un maillon de la chaîne d’actions répressives touchant aux libertés personnelles, syndicales et politiques et une nouvelle atteinte aux droits de l’homme».
Mettant en garde contre les risques que court au Liban la démocratie, M. Ziadé a «conjuré les pouvoirs publics de ne plus s’ingérer dans les affaires de la Justice, et de préserver la dignité et la réputation de la magistrature, par égard pour le renom international du Liban».

Sit-in des employés de Télé-Liban

Pour sa part, le conseil du syndicat des employés de Télé-Liban a convoqué tous ses membres à une assemblée générale extraordinaire qui se tiendra demain mercredi à 10h au siège de Télé-Liban à Hazmieh.
Cette assemblée fera suite à un sit-in d’appui à M. Abou Rizk qui doit être organisé ce matin à 11h devant le siège de l’Organisation internationale du Travail et à une rencontre de solidarité avec le leader syndical prévue cet après-midi à l’hôtel Alexandre.
La convocation des employés de Télé-Liban à l’assemblée générale extraordinaire de demain a été annoncée en parallèle à la publication par le conseil du syndicat d’un communiqué dans lequel il a estimé que la vague de déclarations et de prises de position suscitée par l’arrestation d’Abou Rizk «est venue témoigner de sa lutte syndicale nationale et libre».
Rendant hommage au leader syndical, le conseil du syndicat des employés de Télé-Liban a estimé que «les accusations portées contre Abou Rizk tiennent davantage de la vengeance personnelle» et a dénoncé «la poursuite des atteintes aux syndicalistes nobles» en soulignant «la nécessité de prendre garde au complot ourdi contre les syndicalistes».
Sur un autre plan, la fédération nationale et la fédération des employés de banque ont pris fait et cause pour M. Abou Rizk. A l’étranger, la fédération des syndicats ouvriers koweitiens a adressé hier à M. Yasser Nehmé un télégramme dans lequel elle a vivement dénoncé l’arrestation de M. Elias Abou Rizk.
«Nous condamnons l’arrestation du grand syndicaliste et nous lui réitérons notre appui total», ont notamment écrit les syndicalistes koweitiens.
De Damas, le secrétaire général de la Fédération internationale des syndicats ouvriers arabes, M. Sabri Badr, a lui aussi proclamé son «appui à M. Abou Rizk» et a annoncé qu’il viendra «prochainement à Beyrouth pour le rencontrer où qu’il se trouve».
Dans les milieux syndicaux syriens, on assure ne pas avoir reconnu la légitimité de M. Ghanim Zoghbi, pas plus d’ailleurs que celle de M. Abou Rizk, en attendant la décision de justice relative à la légalité de la procédure de nomination, par le ministère du Travail, de cinq fédérations syndicales au sein de la CGTL. Ces nominations, qui ont fait pencher la balance en faveur de M. Zoghbi, sont contestées par Abou Rizk.
Pour sa part, M. Karim Pakradouni a déclaré hier, après s’être entretenu avec le procureur Adnane Addoum, qu’il a «moins peur pour l’homme que pour l’institution». «Son arrestation a fait de M. Abou Rizk à la fois une victime et un héros. Mais l’appareil de justice risque de se transformer en un instrument aux mains du pouvoir (...). Il n’y a rien de plus grave que de bafouer la justice au nom de la loi», a-t-il dit.
L’affaire Abou Rizk a continué hier de soulever de vives réactions dans divers milieux politiques, professionnels et syndicaux. La réaction la plus digne d’attention est peut-être celle de l’Ordre des avocats, qui a demandé, dans un communiqué, la «libération immédiate» du responsable syndical, dans le but de «limiter le préjudice moral que son arrestation a...